Partir avec Ryan David Jahn dans cette poursuite éperdue d’une fille qu’on a arrachée à son père sept ans plus tôt et qu’on croyait morte, est une traversée rugueuse du cœur même de la littérature noire. Jahn nous offre, dans un style toujours aussi nerveux et dense (on se rappelle le « De bons voisins » haletant !) une sorte d’épure absolue du polar, dans une version extrême. Par sa noirceur, son incroyable violence, son scénario élémentaire, Emergency 911 constitue le parfait syntagme du thriller.
Autant en avertir d’emblée les lecteurs sensibles : les scènes de violence de ce roman touche au gore dans sa version « bistouri » ! Dans une débauche de détails horrifiques qui rappellent les ralentis des films de Sam Peckinpah. Le rapprochement d’ailleurs s’impose : simplicité de l’histoire, étirement des scènes violentes, comment ne pas évoquer « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » par exemple ?
« Davis fait un bond de côté, mais ça ne suffira pas pour échapper à la balle du deuxième canon, qui l’atteint en plein visage. Il n’a même pas le temps de crier. En une fraction de seconde, son visage se transforme en un masque de sang et de muscles. Des dents et des fragments d’os se répandent dans l’allée derrière lui, à l’intérieur d’un triangle rouge qui s’élargit, comme si sa tête était un sachet de ketchup qu’on avait écrabouillé. »