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Actes Noirs (Actes Sud)

Collection polars d'Actes Sud


Emergency 911, Ryan David Jahn

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Juin 2013. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Roman

Emergency 911, trad. (USA) par Simon Baril février 2013, 331 p. 22 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Partir avec Ryan David Jahn dans cette poursuite éperdue d’une fille qu’on a arrachée à son père sept ans plus tôt et qu’on croyait morte, est une traversée rugueuse du cœur même de la littérature noire. Jahn nous offre, dans un style toujours aussi nerveux et dense (on se rappelle le « De bons voisins » haletant !) une sorte d’épure absolue du polar, dans une version extrême. Par sa noirceur, son incroyable violence, son scénario élémentaire, Emergency 911 constitue le parfait syntagme du thriller.

Autant en avertir d’emblée les lecteurs sensibles : les scènes de violence de ce roman touche au gore dans sa version « bistouri » ! Dans une débauche de détails horrifiques qui rappellent les ralentis des films de Sam Peckinpah. Le rapprochement d’ailleurs s’impose : simplicité de l’histoire, étirement des scènes violentes, comment ne pas évoquer « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » par exemple ?

« Davis fait un bond de côté, mais ça ne suffira pas pour échapper à la balle du deuxième canon, qui l’atteint en plein visage. Il n’a même pas le temps de crier. En une fraction de seconde, son visage se transforme en un masque de sang et de muscles. Des dents et des fragments d’os se répandent dans l’allée derrière lui, à l’intérieur d’un triangle rouge qui s’élargit, comme si sa tête était un sachet de ketchup qu’on avait écrabouillé. »

Les mâchoires du serpent, Hervé Claude

Ecrit par Gilles Brancati , le Mercredi, 23 Janvier 2013. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman

Les mâchoires du serpent, novembre 2012, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Hervé Claude Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Ashe, un rentier français donne un coup de main au « police officer » qui le missionne pour des investigations qu’il ne pourrait pas faire lui-même compte tenu de sa notoriété. L’anonymat de Ashe est une discrétion utile. Il devient son bras, son homme de confiance. C’est lui qui le pilote, mais Ashe prend aussi des initiatives. On retrouve un premier corps mutilé, émasculé, découpé. Les soupçons se portent tout d’abord sur une « sale bête », en principe disparue depuis longtemps, la seule qui serait capable de déchiqueter ainsi le corps d’un homme. L’animal mythique, celui qu’on croyait disparu et qui réapparaît parce qu’enfoui dans un inconscient collectif, Ashe n’y croit guère. À moins qu’il s’agisse d’anciens rituels aborigènes. On ne sait pas, personne ne sait tellement ce meurtre, puis les suivants sont monstrueux. Pourquoi cette sauvagerie ? Par sadisme, pour brouiller les pistes ?

Autant le dire tout de suite, l’enquête policière est un prétexte à une évocation de l’Australie d’aujourd’hui et de la part d’histoire qu’elle n’a pas résolue, celle d’une conquête et de l’échec de l’assimilation de la population aborigène menée à marche forcée. Jusqu’au dénouement nous rencontrons l’immensité d’un territoire qui autorise bien des excès, des exploitants miniers enrichis sans vergogne, les villes qui concentrent la population et où, comme partout, circulent l’alcool et la drogue. Le tout sur fond d’une homosexualité proposée ici sans tabou.

Le voleur de cadavres, Patricia Melo

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Novembre 2012. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le Voleur de Cadavres. Trad. Du portugais (Brésil) par Sébastien Roy. 218 p. 19,80 € . Ecrivain(s): Patricia Melo Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Livre étrange et fort, bousculant tous les archétypes du roman noir, le voleur de cadavres interroge sur la frontière ténue qui sépare le bien et le mal chez des personnages pourtant bien « gentils », presque touchants d’humanité.

Première surprise, le cadre de l’histoire. Loin des villes grondantes, du bitume mouillé, des néons blafards et des truands. Le narrateur/héros de l’histoire a quitté la ville qu’il ne supportait plus, Sao Paulo, pour se reposer dans une sorte de paradis terrestre, le Pantanal, dans le Mato Grosso à l’ouest de Brésil. Paradis écologique qui constitue l’écosystème le plus dense de la planète, avec un réseau extraordinaire de cours d’eau et de lacs, des forêts somptueuses et une faune d’une richesse exceptionnelle.

Notre homme va à la pêche sur le fleuve Paraguay. Il fait un temps splendide. Tout est paisible. Soudain un petit avion se fait entendre, tombe dans le fleuve nez en avant, et se plante dans l’eau devant notre pêcheur ébahi.

De bons voisins (Acts of Violence), Ryan David Jahn (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Février 2012. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Roman

De bons voisins (acts of violence), Actes Sud Actes noirs. Décembre 2011. Trad. de l’anglais (USA) par Simon Baril. 270 p. 21 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Actes Noirs (Actes Sud)


Tiré d’un fait divers réel, ce roman est conçu comme une pièce de théâtre noire. « De bons voisins » se déroule autour d’une scène centrale : le meurtre, effroyablement violent, de Kat dans la cour de son immeuble. Autour, comme le choeur des tragédies antiques, les « voisins » qui regardent depuis les appartements, immobiles dans leur propre misère, leur peur, leur lâcheté, la perte de toute humanité. Aucun ne bouge.

La plume de Ryan David Jahn, dépouillée, sans effets de style ce qui rend encore plus insoutenable la réalité rapportée, se déplace alors comme une caméra dans un long travelling tournant autour de la cour centrale. Le décor fait irrésistiblement penser au célébrissime « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock. De chapitre en chapitre, le lecteur se déplace d’appartement en appartement, découvrant peu à peu les abîmes existentiels des habitants, torturés par la pauvreté, la dépression, la solitude, la vieillesse.