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Folie, fureur et ferveur, Œuvres poétiques (1972-1975), Anne Sexton (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 21 Janvier 2025. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Folie, fureur et ferveur, Œuvres poétiques (1972-1975), Anne Sexton, éd. des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2025, trad. anglais USA, Sabine Huynh, 268 pages, 22 €

 

Juste une fillette qui tentait de survivre (Anne Sexton)

L’Emprise du poème

J’ai bu, si je puis dire, d’un seul trait ou presque, le recueil de la poétesse américaine Anne Sexton. Et cette poésie m’a semblé vive et presque irritante, surtout pas liquoreuse, mais entêtante et légèrement folle. Mais là, pas de vraie folie, de celle qui appelle les épithètes du QCM américain. Au contraire, tout est vie dans cet alcool cuit qui n’hésite pas à surprendre par son parfum fort, singulier et unique.

L’on a à faire dans ce travail de la langue, dans le style, à une poésie empirique, sourcée dans la reconnaissance d’un réel fuyant, d’une forme de déroute devant la difficulté de la vie. En crise devant la matière, qui tout aussitôt devient métaphysique par le génie de l’écrivaine. Elle habite au sens propre dans la demeure du poème, dans son emprise.

Récits, Howard Phillips Lovecraft en La Pléiade (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Janvier 2025. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fantastique, La Pléiade Gallimard

Récits, Howard Phillips Lovecraft, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, octobre 2024 (nouvelles traductions), 1408 pages, 69 € Edition: La Pléiade Gallimard

 

Hybridité

La Bibliothèque de la Pléiade publie 29 nouvelles saisissantes, suivies d’un corpus d’escorte exigeant, du maître de la littérature fantastique, de l’épouvante et de la science-fiction, Howard Phillips Lovecraft, né à Providence, Rhode Island en 1890 et mort à Providence, Rhode Island en 1937.

De fait, les protagonistes, victimes de forces sataniques, les anti-héros de ces nouvelles sont la proie d’états paradoxaux, anamnèses provenant d’arrière-mondes infinis, menant à des abysses psychologiques et des gouffres inviolés, des sépulcres et des profondeurs insondables et dangereuses au sein d’écosystèmes inconnus. Les manifestations surnaturelles ont lieu brutalement. Des individus esseulés, bizarres, se font les dépositaires de secrets et les intermédiaires de délires et de visions effrayants. Un don de double-vue habite souvent le narrateur principal, comme Lovecraft l’affirme de lui-même : « et dès ma prime enfance je fus un rêveur et un visionnaire ».

Le Dauphin, Robert Lowell (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Jeudi, 16 Janvier 2025. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le Dauphin, Robert Lowell, éditions Réalgar, novembre 2024, trad. anglais, Thierry Gillyboeuf, 120 pages, 21 €

 

Robert Lowell, une poésie à basse fréquence

Robert Lowell signe son chant du cygne, avec le recueil de poésie Le Dauphin, qui paraît en 1973 aux éditions Farrar, Straus et Giroux, couronné en 1974 par le prix Pulitzer. Le poète américain meurt le 12 septembre 1977 d’une attaque cardiaque dans un taxi jaune à Manhattan, à l’âge de soixante ans, en se rendant au domicile d’Elizabeth Hardwick. Fils d’une illustre famille de Boston, dans le comté de Suffolk, dans le Massachusetts, il naît le 1er mars 1917. Robert Lowell étudie à l’université de Harvard, avant d’achever ses études au Kenyon College, dans l’Ohio. Dans l’histoire de la poésie américaine, il appartient à la famille d’Amy Lowell et de James Russell Lowell. Chancelier de l’Academy of American Poets, à partir de 1962, il baigne dans l’univers de la poésie, d’Elizabeth Bishop à William Carlos Williams. Tout au long de son existence de malheur, Robert Lowell a rendez-vous avec la poésie, telle que l’attestent les vers de Juvenilia :

La Part du feu, Norman MacLean (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Décembre 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, En Vitrine, Rivages, Cette semaine

La Part du feu, Norman Maclean, Payot & Rivages, mai 2024, trad. anglais (États-Unis) Jean Guiloineau, Laure Jouanneau-Lopez, 396 pages, 23 € . Ecrivain(s): Norman MacLean Edition: Rivages

 

C’est le genre de catastrophe qui n’est la faute de personne : les circonstances forment un enchevêtrement tellement compliqué que toute responsabilité directe est diluée. Le 5 août 1949, un groupe de pompiers-parachutistes (smokejumpers) fut lancé au cœur d’un feu de forêt, dans le ravin de Mann Gulch, État du Montana. Si l’on se rappelle de leur intervention (il suffit de taper Mann Gulch dans un moteur de recherches), c’est parce que quelque chose a très mal tourné.

Ces pompiers avaient été « projetés » à proximité du feu sans disposer d’eau ou de pompes et sans autre solution pour arrêter l’incendie que de creuser des tranchées à coups de pelle et de pioche. Parachutée séparément, la radio s’était écrasée au sol (cette impossibilité de communiquer n’est pas sans évoquer ce qui se produira le 11 septembre 2001 : la police de New York et les pompiers de New York utilisant des fréquences radio distinctes et incompatibles, les pompiers opérant à l’intérieur des tours en savaient moins que les journalistes à l’extérieur).

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 15 Novembre 2024. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton, Arfuyen, octobre 2024, trad. anglais, Jean Pavans, édition bilingue, 120 pages, 15 €

 

Une grande intelligence, polyglotte, d’une étonnante précocité (certains poèmes, présents dans le recueil, sont d’une auteure de… 13-16 ans, et sont déjà d’une âme adulte), peu heureuse en amour (un très riche, aristocrate et vieux mari, partageant sa cosmopolite bougeotte, mais dépressif ; un amant – adultérin, pour quelques mois, étalon adroit et splendide, mais libertin et bisexuel –, qui ne s’attardera guère sur leur commune jubilation), romancière célèbre mais admirée aussi de ses pairs (Henry James, Paul Bourget, Gide, Cocteau…), femme du monde nord-américaine capable, pendant la Première Guerre, établie en France, d’incessantes et très conséquentes initiatives humanitaires, financières, journalistiques pour soutenir (et relayer dans le reste du monde) l’effort des nations démocratiques, Edith Wharton (1862-1937, mourant la même année qu’Elie Faure et esprit aussi vif, curieux, fin et noble que le sien) était, dans l’intimité, et plus discrètement, poète. Une poésie dont cette parfaite francophone, et loyale francophile, aurait estimé et salué la première traduction que, grâce à Jean Pavans, voici.