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Le Refuge des étoiles, Les rêveries d’une réceptionniste à l’hôtel La Louisiane, Charlotte Saliou (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 08 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Le Refuge des étoiles, Les rêveries d’une réceptionniste à l’hôtel La Louisiane, Charlotte Saliou, Editions Blacklephant, 2023, 237 pages, 16,90 €

 

Le Refuge de étoiles invite à s’égarer délicieusement dans le labyrinthe des rêveries d’une réceptionniste de l’hôtel La Louisiane (surnommé Hôtel des infidèles dans la chanson d’Etienne Daho et le Chelsea Hotel version parisienne par Frédéric Beigbeder qui a réalisé la préface de ce livre et pour qui l’hôtel est sa deuxième maison).

Saint-Germain-des-Prés n’est pas un quartier comme les autres, il y règne une atmosphère insulaire, surtout dans l’imagination incandescente de Boris Vian. Mais il s’agit d’une île sans utopie : « Les valeurs y sont parfois inversées. Et le Bien fusionne avec le Mal au point de créer de beaux mensonges et des réussites mythomanes très charmantes, surtout en soirées ». Charlotte Saliou réussit à transformer ce quartier mythique en une aventure surréaliste, avec une géographie réinventée et alchimique.

De femme et d’acier, Cécile Chabaud (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 02 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

De femme et d’acier, Cécile Chabaud, Editions L’Archipel, août 2024, 235 pages, 20 €

 

Après Rachilde, femme de lettres du 19ème siècle surnommée « Mademoiselle Baudelaire », et Georges Despaux, figure énigmatique de la seconde guerre mondiale, Cécile Chabaud se glisse dans la peau de l’unique femme médecin française à avoir affronté la noirceur de la Grande Guerre. Nicole Girard-Mangin, cette femme médecin, au regard et tempérament d’acier, même pas ébranlée par un éclat d’obus, ravive les flammes d’un féminisme engagé pour le bien de l’humanité.

Être la « femme de » est-ce un destin respectable pour une femme ? Nicole Mangin aurait pu se vautrer dans l’oisiveté, l’opulence, virevolter dans les bals, fermer les yeux sur les infidélités de son mari, mais elle sentait qu’elle s’éloignait d’elle-même. Cette vie faussement facile l’aurait menée infailliblement vers un affadissement de son être. Elle se sentait « remisée dans les petits salons ou les jardins d’hiver, avec ceux qui ne savent pas prendre la lumière ».

Saison nocturne, Journal poétique sur l’écriture créative, Manon Aline (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 02 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Poésie, L'Harmattan

Saison nocturne, Journal poétique sur l’écriture créative, Aline Manon, L’Harmattan, mars 2024, 88 pages, 13 € Edition: L'Harmattan

« Breuvage

Il n’y a rien de tel que le goût retrouvé

De la créativité

Petit poison sucré

D’un invincible désir »

Et si vous décidiez dès demain de vous offrir un carnet Moleskine ou ceux en trompe-l’œil avec des titres de romans célèbres pour créer un journal intime poétique et renouer avec votre soi créatif. Ecrire juste pour vous, pour vous surprendre, recréer un espace intime du « goût retrouvé ». C’est ce que propose Manon Aline dans sa Saison nocturne, un voyage court mais précieux sur l’art de recréer sa vie avec la poésie. N’est-ce pas le plus beau voyage que l’on peut offrir à son âme d’enfant ?

Insomnies intimes, De l’ombre à la lumière, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 02 Mai 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

Insomnies intimes, De l’ombre à la lumière, Valérie Fauchet, KDP Amazon, février 2024, 222 pages, 18 €

Les insomnies sont-elles des invitées inattendues, redoutables, comme des mantes religieuses nocturnes prêtes à nous piquer dans le vif de nos blessures ? Ou au contraire, des intimités enfin retrouvées, comme la « Flamme d’une chandelle » (1), pour réveiller le clair-obscur de notre chambre. Après Une voyante passe aux aveux et La vie est une affaire personnelle (trilogie romanesque, Editions Ipanema), Valérie Fauchet nous invite dans ce nouveau livre à apprivoiser nos insomnies de façon créative et poétique, et envisager nos lieux, nos objets autrement, pour mieux nous comprendre et nous surprendre. L’auteure nous livre sans tabou des bouts de sa vie intime romancés, avec poésie et authenticité, en résonnance avec des lieux qui l’ont marquée. Toutes sortes de lieux : des terrasses de café, des chambres d’hôtel, la plage, « des maisons prisons », « des maisons tristesse », « des maisons closes », « des maisons pop », « des maisons sans enfants », « des maisons hantées », « des maisons souvenirs », « des maisons château en Espagne », « des maisons comme des moulins, des maisons vides, des maisons où il ne se passe jamais rien, des maisons sans amour, des maisons en plein carrefour, des maisons qu’on ne voit pas, des maisons qu’on n’aime pas, et des maisons du bonheur ».

Indigne, Cécile Chabaud (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 22 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits

Indigne, Cécile Chabaud, éditions Écriture, 2023, 230 pages, 20 €

Scandé par l’écriture vive et élégante de Cécile Chabaud, Indigne relate le procès complexe de Georges Despaux, figure énigmatique et contrastée de la seconde guerre mondiale. L’auteure avait déjà eu l’audace de ressusciter Rachilde lors de son premier roman publié en 2022. Elle se penche cette fois-ci sur un sujet complexe : la face cachée des hommes en période de guerre. Ce roman nous démontre à quel point les visions manichéennes peuvent nous éloigner de la vérité. Comment avoir des certitudes entre les faux-semblants et les arrangements ? Qu’y a-t-il au plus profond des hommes ? Sont-ils prêts à tout pour sauver leur peau ou au contraire, sauver leur dignité ?

Ce roman nous renvoie à la réflexion de Sartre sur ce qu’est au fond un « salaud ». Dans L'Être et le Néant, l’exemple du garçon de café qui joue au « jeu » d’être un garçon de café et qui finit par y croire lui-même nous dérange. « Le salaud est celui qui, pour justifier son existence, feint d’ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent essentiellement en tant qu’homme ». Le « salaud » est celui qui n’assume pas sa liberté. Souvent, il est plus confortable, plus lâche, d’imaginer que l’on n’est pas libre pour se convaincre que l’on n’a pas le choix. Alors, Georges Despaux était-il libre ?