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Articles taggés avec: Duttine Charles

Manifestes du surréalisme, André Breton en La Pléiade (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans La Une CED, La Pléiade Gallimard, Les Chroniques, Les Livres

Manifestes du surréalisme, André Breton, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, septembre 2024, Préface Philippe Forest, 1184 pages, 65 €

Le surréalisme en son centenaire.

On adore célébrer les anniversaires aujourd’hui. « Commémorer » est l’un des grands mots de notre époque. Et, de nos jours, on commémore vraiment beaucoup. Le surréalisme n’y échappe pas. Un mouvement aussi déroutant que le surréalisme peut-il admettre une commémoration avec force cérémonies et programmations officielles ? On en doute quelque peu. Et comment, un siècle après la publication du « Manifeste du surréalisme », nos contemporains qui connaîtraient peu ou mal ce mouvement peuvent-ils l’accueillir ? Qu’est devenu ce texte aujourd’hui ? Comment rendre compte d’ailleurs d’un texte-phare comme le premier manifeste ? Est-ce possible de dire ici en quelques lignes toute la richesse et la vitalité d’une telle référence ? Tant de commentaires, débats, critiques sont nés depuis la publication de ce texte qu’il est difficile de dire toute l’aura de ce texte ou d’en faire comme une sorte d’inventaire, ce à quoi on ne se risquera pas, ou à peine. On n’apportera donc que de minces nuances, quelques remarques et observations.

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Le Mot et le Reste

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart, Editions Le mot et le reste, juin 2024, 264 pages, 23 € Edition: Le Mot et le Reste

 

La voix en ses variations

Quoi de plus familier mais aussi de plus mystérieux que la voix ? Nous sommes habitués au timbre de notre voix, à son grain, à son phrasé ; on l’entend résonner en nous, d’une manière intime, entre diaphragme et oreille. Pourtant on ne reconnaît pas sa voix enregistrée qui nous semble bien étrangère. Et l’on n’a aucune idée de la façon dont les autres la perçoivent. Elle paraît semblable à notre visage, lui aussi si proche et si lointain que seuls les autres dévisagent véritablement. On sait que se voir dans un miroir reste une expérience des plus troublantes et trompeuses.

Alors qu’en est-il de notre voix et de celles des autres ? Il est des voix blanches, d’autres d’outre-tombe, parfois inquiétantes, certaines rocailleuses, graves, inaudibles, quelques-unes agaçantes, stridentes, quelques autres qui avalent les mots ou qui jouent des silences ou encore dont on boit les paroles.

Démolition, Anna Enquist (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 17 Juin 2024. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman

Démolition, Anna Enquist, Actes Sud, janvier 2024, trad. néerlandais (Pays-Bas), Emmanuelle Tardif, 320 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Anna Enquist Edition: Actes Sud

 

Comme des variations musicales

La musique et la littérature entretiennent des liens souvent étroits, des formes de correspondances ou d’étonnants cheminements parallèles. Du côté littéraire, un auteur peut poursuivre une musique des mots ou construire son récit comme une symphonie ; et du côté musical, une partition peut être narrative ou chargée d’éléments littéraires. Les exemples ne manquent pas de ces échos que ces deux arts font résonner. Pour en rester aux grands classiques, Stendhal, Gide, Alejo Carpentier dans le somptueux Concert Baroque, et Wagner, Berlioz, Satie, ont regardé, chacun à leur façon, de l’autre côté de la barrière qui enclot leur domaine de création. On pense immanquablement à toute cette tradition en lisant Démolition d’Anna Enquist, dont la musique parcourt nombre de ses romans. L’éditeur nous présente la romancière comme l’une des plus grandes auteures d’aujourd’hui aux Pays-Bas, mais, avouons-le, la déception est aussi au rendez-vous dans ce récit. Mais, après tout, n’est-ce pas au lecteur d’imaginer ce qu’aurait pu être un roman ?

Allez-y voir, Ecrits sur la peinture, Raymond Queneau (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 21 Mai 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Essais, Gallimard

Allez-y voir, Ecrits sur la peinture, Raymond Queneau, Gallimard, mars 2024, 208 pages, 21 € Edition: Gallimard

 

Les lunettes de Raymond Queneau

Les photographies que nous connaissons de Raymond Queneau nous le représentent toujours chaussé de lunettes, certaines fines et d’autres souvent cerclées de montures épaisses. Qu’il fût myope n’est pas le problème, mais notre poète facétieux a toujours su se démarquer par son regard. Voyait-il le monde comme le sens commun ? Certainement pas. Quel regard portait-il sur l’art et notamment la peinture ? Il faut aller y voir, comme le propose l’ouvrage qui rassemble nombre de ses écrits sur des peintres qu’il a côtoyés.

L’ouvrage au titre engageant, Allez-y voir, recollecte des textes de Queneau écrits en revues, dans des catalogues, préfaces ou autres monographies. Ils sont présentés d’une manière chronologique de la fin des années vingt jusqu’aux années soixante-dix. Ce sont des textes sur divers peintres, ceux qu’il a aimés particulièrement, Juan Miró, Jean Dubuffet, Elie Lascaux, par exemple. On y découvre un Queneau amateur d’art, bien perspicace dans ses avis.

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 04 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions du Cygne

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset, Editions du Cygne, janvier 2024, 98 pages, 13 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne

 

La nuit en sa douce violence

La nuit a souvent inspiré de nombreux artistes, écrivains et poètes. Pour n’en rester qu’aux plus grands, la nuit est ce que l’on aime « avec passion »… « comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible » pour reprendre les mots de Maupassant. Elle possède une « douleur sombre » chez Marceline Desbordes-Valmore. Et pour l’énigmatique et extraordinaire Baudelaire qui lui a consacré de nombreux poèmes, elle est « voluptueuse » et s’accompagne de « rafraîchissantes ténèbres ». Les poètes ne peuvent que l’aimer, peut-être parce qu’elle exacerbe leur profonde sensibilité, invite au recueillement et stimule leur imagination fantasque. Parme Ceriset, dans son dernier recueil, a choisi comme titre Nuit sauvage et ardente, affublant la nuit de deux adjectifs riches de promesses.