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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Lire les Rivières précédé de La Rivière des Parfums, Bernard Fournier (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 28 Janvier 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Lire les Rivières précédé de La Rivière des Parfums, Bernard Fournier, Éditions Aspect, Coll. Folium, 2017, 14 €

Le poète Bernard Fournier poursuit sa quête de Réponses (Marches III, partie I), à l’écoute symbiotique du monde naturel qui l’environne, dépositaire de voix humbles ou enfouies auxquelles de prime abord on ne prête pas toujours attention. Ici la rivière prend le relais des pierres qui, Vigiles des villages, peuvent comme nous écouter l’univers, lorsqu’« elles veillent, / les yeux mi-clos sur leurs traits lapidaires / à l’écoute du bruissement des soies, des griffures d’insectes : froissements ou feulements de fauves ». S’il ne l’arraisonne pas complètement, l’homme qui marche (cf. Marches, éd. Aspect) gère son embarquement dans sa traversée du monde, afin de ne pas se perdre et pouvoir poursuivre sa destination. Et même si la poésie – cette nourriture des mots – pourrait éventuellement égarer son cap, il se préoccupe d’accomplir un destin davantage qu’un voyage : « Apprenons la patience des orages le long des routes et des rivages » écrit le poète. Savoir la terre, les arbres, les fleurs, ici les rivières, c’est, non seulement (re-)connaître le terroir et nos territoires mais aussi, écouter l’environnement et s’y accorder, notamment en célébrant par le chant poétique la symphonie polyphonique d’un Univers-Un.

Pronostic vital engagé, Jacques Cauda (par Murielle Compère Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 08 Janvier 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Pronostic vital engagé, Jacques Cauda, Éditions Sans Crispation, mars 2024, 130 pages, 16 €

 

La radiographie n’est pas belle, ou si ! Terriblement fascinante. Voyez cette toile d’araignée se déliter sous elle comme on se délite s’oubliant : ainsi l’époque, dans son corps social politique et culturel déliquescent qui nous déchire et se désintègre, le symptomatique aujourd’hui qui nous aveugle et nous voit souvent si veules, impuissants, ainsi… Paul-Mario, drôle de type improbable et génial perfusé pour survivre au VivrÉcrire-Peindre quotidien dans la transgression de toute norme, quelle qu’elle soit, ausculte le corps défait de son Paris, le palpe, le scrute avec minutie, obsessionnellement et par effraction et, forçant les portes d’une libido prête à mouiller et faire mouiller les plus résistantes serrures, poursuit son œuvre criminelle (puisqu’écrire revient à tuer), « l’œil entre les jambes dans le trou ». Le fantasme rutile sur le tournebroche d’un imaginaire débridé, rosit entre les lèvres de l’étoile pleureuse rimbaldienne s’écoulant dans l’Oreille de l’univers et file dans sa ouate sidérale jusqu’aller tomber dans le lit de Pollock où s’y disloquer, l’amour écartelé, sadique, viril, viral !

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein, Éditions Henry, Coll. Les Écrits du Nord, 2023, 80 pages, 12 €

Visionnaires s’incarnaient les paysages de Michaux, sous mescaline ou non, puisque, ainsi (et en l’occurrence à l’acmé du souffle, le Poète qui acte (poïen en grec) la parole), l’œil à l’écoute du créateur VOIT le réel dévoilé/révélé. L’exergue de Après la fin du monde, nuages Requiem de la poète et peintre Colette Klein (https://www.coletteklein.fr/) nous plonge in media res dans l’ambiance du Voyage auquel ce nouveau recueil nous invite. En effet Charles Baudelaire, évoquant des études d’Eugène Boudin (peintre éminent des nuages…), nous parle dans ce passage du Salon de 1859 (VIII Le paysage) du phénomène de Pareidolia, cette illusion optique créée par notre regard porté sur le mouvement aléatoire des nuages, et souligne la « profondeur » et « les splendeurs » déployées par cette ivresse contemplée des hauteurs semblable à « une boisson capiteuse ou (…) l’éloquence de l’opium » qui montent telles ténèbres chaotiques à nos cerveaux. La palette expressive du poète des Fleurs du Mal, aussi précise et ciblée que le ravissement de la lumière commis par Delacroix ou Turner dans la tourmente de la tempête, annonce que nous entrons, ici, dans le cadre de l’Infini d’un univers écrit à l’encre forte.

Césarine de nuit, Antoine Wauters (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 10 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Césarine de nuit, Antoine Wauters, Cheyne Éditeur, Coll. Grands Fonds, 2012, 128 pages

 

Et si Césarine de nuit, en même temps que ce livre constitue un réquisitoire contre le monde normatif qui impose ses codes et ses lois à des individus non conformes et non dociles à son pouvoir d’oppression, était, par le truchement d’un conte cruel initiatique, un hymne formidable à la Liberté individuelle face à tout Système qui la broie ? Le choix de deux enfants, en l’occurrence de jumeaux abandonnés à leur destin, comme protagonistes de ce périple d’une innocence martyrisée est largement symbolique, puisqu’ainsi que l’affirme Jean-Pierre Siméon en quatrième de couverture : « En ces enfants, c’est le désir qu’on assassine ».

« La Collection Grands Fonds accueille, en marge de tout genre littéraire codifié, des pages plus secrètes, témoins d’une vie qui s’inquiète et s’interroge », précise l’éditeur.

Un jour plus loin dans le jour, Thierry Pérémarti (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 02 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Carnets du dessert de lune

Un jour plus loin dans le jour, Thierry Pérémarti, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, janvier 2024, 60 pages, 7 € Edition: Carnets du dessert de lune

 

Une écriture du flux… celui du souffle existentiel tout à son épure, parcourt ce recueil de Thierry Pérémarti publié aux éditions des Carnets du Dessert de Lune. Écriture du flux au sens où l’onde d’un mouvement semble porter et entraîner ici l’écriture du poète en marche vers l’inconnu au contact des aléas (« l’aléa de l’air / qui veut et va »). Comme un appel d’air parcourt le canevas de chaque poème composé au maximum de 32 mots et de 5 strophes, contrainte formelle dont le cadre augmente la profondeur des paysages entrevus par le lecteur et l’Infini du souffle poétique. « Frayer l’espace / et marchant sur le fil », le poète se tient et tient en équilibre ses mots « rameutant sentences, néant / sous tension », maintenant la mesure entre la contrainte qui emprisonne et l’appel au vif pour sortir du jour « irrespiré » (irrespirable : l’écriture a eu lieu lors du confinement de la crise sanitaire), afin de s’en extraire sans trébucher.