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Articles taggés avec: Ceriset Parme

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 12 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, L'Harmattan

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 € Edition: L'Harmattan

 

Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».

« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».

Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.

L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.

Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.

Écarlates, Jennifer Lavallé (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 04 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Écarlates, Jennifer Lavallé, Pierre Turcotte éditeur, mars 2024, 67 pages, 13,70 €

 

Ce recueil, qui aborde le thème difficile de l’interruption volontaire de grossesse, s’ouvre avec une immersion dans une « eau sombre éternelle » qui inonde les « couloirs vides de la souffrance ». Cet élément aquatique, qui fait écho au liquide amniotique, est gardien d’un secret : un « enfant éphémère », « oiseau chétif », fut rendu « au bleu des étoiles ». L’auteure écrit pour les « écarlates », ces femmes qui ont vécu une telle épreuve et qui choisissent d’écrire au petit être qui n’est jamais venu, « pour éliminer la peine dans les mots ».

« Je t’aime plus que je ne pourrai jamais aimer, toi qui n’auras jamais ni nom ni chagrin ». Cette décision d’avorter n’est jamais prise à la légère et elle s’accompagne d’une grande souffrance teintée de culpabilité :

« J’ai fait une croix sur toi/ tu avais l’âge de l’aurore ».

L’Arnitoile, En attendant la Parque, Patryck Froissart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 30 Mai 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

L’Arnitoile, En attendant la parque, Patryck Froissart, Sinope éditions, septembre 2023, 92 pages, 8 € . Ecrivain(s): Patryck Froissart

 

L’Arnitoile, comme l’indique son titre (désignant une toile d’araignée en wallon), est un ouvrage totalement atypique. Les mots, reliés par des associations sémantiques ou phonétiques, tissent une poésie dont l’hermétisme rappelle au premier abord celui de Mallarmé, mais dont le message se révèle peu à peu, au fil des pages.

Le lecteur est happé par ces formes étonnantes, ces « toiles » d’encre qui évoquent aussi, indirectement, le piège de la destinée humaine dans lequel les êtres naissent et demeurent prisonniers jusqu’à leur mort. Ils attendent en quelque sorte la Parque, celle qui coupera tôt ou tard le fil des vies. À cet écho mythologique s’ajoute une référence aux apollons d’un Éden furtif condamné à la disparition, comme tout en ce monde, après la « flambée des effusions ».

On frôle le nihilisme avec cette « farce crasse » que serait peut-être l’existence, où tout finit, inévitablement, « fatalement » par « s’affroidir », dans « l’haleine rauque et rance de la désespérance », là où « la lumière n’est qu’à l’amont du tunnel » et où, « plus on avance, plus on « s’enténèbre ».

Ozane, Claude Donnay (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mardi, 23 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Ozane, Claude Donnay, éditions M.E.O, février 2024, 250 pages, 22 €

 

Lorsqu’on ouvre un livre dont on sait qu’il aborde le thème de la Shoah, il y a toujours cette étrange sensation de glace qui envahit le corps, se répand de la page aux doigts du lecteur, et ne le lâche pas. Des images nous viennent à l’esprit ; des mots aussi ; ceux de Primo Levi notamment, qui résonnent dans le vide avec force et gravité : « Considérez si c’est un homme / Que celui qui peine dans la boue / Qui ne connaît pas de repos / Qui se bat pour un quignon de pain / Qui meurt pour un oui pour un non. / Considérez si c’est une femme / Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux / Et jusqu’à la force de se souvenir / Les yeux vides et le sein froid / Comme une grenouille en hiver… ».

Il est très difficile d’écrire sur ce thème après cela, après ces mots gravés sur les murs du temps. Et Claude Donnay a su le faire, dans le roman Ozane, avec sobriété, humilité, dans une écriture à la fois poétique et dure, avec des mots justes, pour rendre hommage à Eliane Gillet et sa famille, et à tous les autres aussi, pour que l’on n’oublie pas…

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 03 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart, Toi Édition, janvier 2024, 68 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

Comme le dit Bruno Mabille dans la préface, la poésie de Martine Rouhart a cela d’extraordinaire que « rien n’y pèse, pas même les choses graves ». Et en effet, c’est ce qui donne toute leur force à ses poèmes peuplés d’oiseaux, à ses mots en apparence légers car souvent « ailés », mais seulement en apparence, car ils sont en réalité toujours empreints d’une certaine gravité, même si elle ne se perçoit pas au premier abord. Elle se propage dans l’esprit du lecteur avec délicatesse et douceur, dans des paysages « floutés » par une « eau intranquille ».

Comme chez Philippe Jaccottet, il est question de « labyrinthes ». Et les « chemins pleins de départs » de Martine Rouhart rappellent par leur beauté sobre les « chemins presque effacés » du poète dans L’encre serait de l’ombre. Là où, chez Martine Rouhart, certains souvenirs sont « aussi lointains que le bleu des montagnes », et certains mots sont « déjà perdus », Philippe Jaccottet affirme que « les chemins parlent, ou peu s’en faut, en se perdant ».