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Pierre Dhainaut ou le pouvoir d'interroger

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Septembre 2013. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

 

A propos de Rudiments de lumière publié par les éditions Arfuyen, juin 2013, 11,50 €

 

Au milieu de l’été qui nous trouve, chacun, pris par la « vacance » et donc ouvert et très sensible aux événements intérieurs, je vous propose quelques notes sur le dernier recueil du poète Pierre Dhainaut, recueil de vers et de prose tour à tour fin et élégant. Cette poésie, outre la langue très délicate et claire – ce qui est bien dans la tradition française depuis Boileau –, est une forme d’adresse à l’intelligence du lecteur, à la fois par le biais de la sensibilité et par l’intellection que l’on peut prêter à la découverte de ces textes. Il en va ainsi de ces réflexions sur la nature, sur la mort, sur l’enfance et les enfants par exemple, qui n’autorisent aucune paraphrase.

52.dimanche (XXIX)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 14 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

intuition

pourquoi biffer cela plus qu’autre chose ?

personnellement, je crois que c’est une affaire de sensibilité, sentir soudain que ce mot est juste, que cette image est la bonne

en tous cas ce qui est facile à déterminer, c’est la froideur, la distance que l’on a par rapport à ce que l’on a écrit, et qui permet par exemple de comprendre un double sens non voulu, une image grotesque ou une euphonie malheureuse

c’est un rapport sensitif et intellectuel qui dirige, à mon sens, l’ensemble du phénomène de l’intuition

or la sensibilité est une affaire de goût et de culture, et l’on peut aimer le rossignol pour la noblesse de son chant, ou encore le merle pour sa nature fruste et cependant significative

52.dimanche (XXVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

les ciels

la lumière du matin est encore claire, et les ciels qui font l’horizon de la rue, se superposent dans un camaïeu de gris et de blanc

je dis cela à dessein, car cette lumière matutinale est en quelque sorte la stricte expression de l’activité de l’écrivain, dans son travail de coupe et de retrait

je m’explique

ce ciel est un instant de grâce qu’il me faut différer, et qui ne prendra sa forme qu’avec la mise au net que j’opère à l’instant

nonobstant, il est possible de chercher l’épure, tout autant que la métaphysique, des ciels de John Ford par exemple, ou d’Anthony Mann, et cela dans le peu, dans le petit, dans le détail modeste, sans cependant pouvoir se défaire de l’écrasante expression de la figure du ciel et de ses phases

Portrait d'un éditeur : Olivier Rougerie

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 06 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Quatre livres :

G. Hons, Petites proses matinales

S. Nunez Tolin, Noeud noué par personne

M. Dugardin, Quelqu’un a déjà creusé le puits

J.-C. Leroy, Aléa second suivi de Nuit élastique

 

La peau du chroniqueur me va. Non pas tant pour le pouvoir bien limité du critique, mais pour la qualité de l’identification, qui fait le sel de cette pratique, à mon goût. Cependant, je me trouve depuis quelques jours avec quatre livres que publient les éditions Rougerie et dans l’obligation voulue, désirée en un sens, de me mettre dans la peau de l’éditeur – pour le plus grand bien d’écrire.

52.dimanche (XXVII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 31 Août 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le bois ouvré

c’est avec difficulté que je fais cette lettre à cause d’une grande veille dont j’ai parfois l’habitude, mais qui, là, a désorganisé le plan de cette lettre que j’élabore souvent dans la nuit qui précède

une nuit non dormie, disons

de fait, je voulais évoquer le labeur de toute personne qui doit avancer dans le monde du langage pour y trouver des formes non encore écrites

le chantier, plein d’échafaudages, de mises en ordre préalables, de vues de l’esprit, de diverses répétitions et ritournelles – deleuziennes – pour faire apparaître une page sans défaire la profondeur du bois ouvré qu’il faut toujours pour la chose écrite – ici, le petit brouillon depuis lequel je mets au propre cette note

dans cette veillée d’hier, je préparais, si je puis dire, les grandes étapes des travaux universitaires auxquels il est possible que je sois confronté, et là, en propre, il s’agit de bois ouvré