Identification

Science-fiction

Le temps de la haine, Rosa Montero (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne, Métailié, La rentrée littéraire

Le temps de la haine (Los Tiempos del Odio), septembre 2019, trad. espagnol, Myriam Chirousse, 354 pages, 22 € . Ecrivain(s): Rosa Montero Edition: Métailié

Rosa Montero nous offre une suite aux aventures de Bruna, la belle Réplicante de combat, rencontrée deux fois dans Des larmes sous la pluie et le poids du coeur. Et donc une lecture réjouissante, qui nous projette dans un futur certes lointain (au-delà des années 2100) mais qui, du point de vue des références à notre monde, s’avère étrangement proche de nous.

La force de ce roman est d’abord de nous ramener vers une Science-Fiction comme nous n’en avons pas lue depuis belle lurette. Une Science-Fiction sans complexe, avec des robots, des voyages interstellaires, des utopies planétaires.

« Au-delà, les ténèbres interstellaires, éclaboussées par les étincelles des étoiles, des planètes éclairées par leurs soleils, les lunes, les nébuleuses, les galaxies lointaines. Ici, hors du filtre sale de l’atmosphère terrestre, l’immense majorité des corps célestes montraient un éclat redoublé et fixe, sans aucun clignotement, de durs boutons de lumière. Le cosmos ressemblait à une boîte à bijoux en velours noir rempli de diamants. Et sur sa gauche, ah, Bruna la voyait maintenant avec clarté, parce que son corps avait lentement tourné dans le vide, là-bas au fond il y avait la Terre, resplendissante, une boule de lumière hypnotisante, colossale en poids et dimension, son bleu intense tacheté par la crème fouettée des nuages. […]

Les furtifs, Alain Damasio (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les furtifs, éditions La Volte, avril 2019, 687 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alain Damasio

 

Damasio collages et décollages

L’impact émotionnel – mais pas seulement – puissant dans les tensions que provoquent ces « furtifs » est puissant par les tensions que les deux héros gémellaires provoquent. Ils assument leur sécession et une marginalité. Il s’agit pour eux de « vivre ivres » dans des interstices que leur laisse leur collage et qu’évoquent les matières vibrantes poétiques, narratives, politiques aux assonances sauvages face à une technologie d’un âge d’or à la triste figure où le seul objectif est de trouver un art de vivre par la réappropriation des technologies avancées et fermées.

Romancier de l’état de la langue et du monde, Alain Damasio est une sorte d’actionniste littéraire. Il titille le lecteur par son art de la performance. Il vampirise la narration et sa materia prima dans un parcours où se révisent bien des invariants par un rituel romanesque, dont il ne conserve que le chapeau là où la ville ne dort jamais, prête à écraser les déviants dans sa puissance de contrôle…

Demain une oasis, Ayerdhal

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Au Diable Vauvert

Demain une oasis, 256 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ayerdhal Edition: Au Diable Vauvert

 

Plongée dans le futur, un futur relativement proche, dans l’est de l’Afrique.

Le réchauffement climatique et l’inertie politique on fait leur œuvre et il n’y a plus « là-bas » qu’un espace abandonné ou tentes de quelques populations auxquelles personne, dans le monde « développé », riche, ne se préoccupe. En cette époque les grands projets sont devenu spatiaux. L’espace est en effet devenu lieu de vie, multipliant les stations orbitales gigantesques qui sont devenues des extensions des nations riches. L’on parle même de transformer les planètes Mars et Vénus pour les rendre habitables par des communautés humaines. Ces grands projets reposent sur une collaboration internationale qui a développé ses propres institutions, sur l’héritage des Nations unies avec des organisations et une administration mondialisée qui ont tiré un trait sur ceux qui ne pouvaient pas suivre, soit une très large partie du continent africain. Cependant, quelques-uns bataillent encore pour faire de l’humanitaire dans ces régions abandonnées de tous, pour sauver quelques vies dans cette partie du monde que le changement climatique a rendu encore plus invivable. Les périodes de famine y sont de plus en plus longues et le nombre de victimes n’affole plus aucun compteur car il y a longtemps que personne ne les compte plus.

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, L’Atalante, La Dentelle du Cygne, avril 2015, trad. anglais Patrick Couton, Lionel Davoust, 432 pages, 21 € . Ecrivain(s): Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

 

Pour apprécier La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier à sa pleine et juste valeur, il conviendrait de réunir deux conditions : 1) être amateur des Annales du Disque-Monde ; 2) être amateur de vulgarisation scientifique (accessoirement, une troisième condition pourrait s’imposer : avoir lu les trois premiers volumes de La Science du Disque-Monde).

Si l’œuvre de Terry Pratchett (1948-2015), le plus grand auteur humoristique anglais depuis P.G. Wodehouse (dixit la formule promotionnelle habituelle), cette fantasy à la délirante inventivité verbale et scénaristique, laisse indifférent, autant passer son chemin ; si l’idée de lire des pages où il est question de théorie des cordes ou de la place de l’être humain dans l’univers révulse, idem. Par contre, si l’on est atteint de curiosité intense incurable, avec un esprit suffisamment retors pour rire en apprenant, alors, même si le nom de Pratchett est inconnu, il faut lire La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, au risque d’y prendre un plaisir sans mélange.

Sept secondes pour devenir un aigle, Thomas Day

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Novembre 2016. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Sept secondes pour devenir un aigle, septembre 2016, postface de Yannick Rumpala, 384 pages, 8,20 € . Ecrivain(s): Thomas Day Edition: Folio (Gallimard)

 

Thomas Day (1971) est un des chefs de file du renouveau de la science-fiction francophone, un de ceux qui lui a redonné vigueur et diversité de tons – on songe en particulier au cycle La Voie du Sabre, remarquable de documentation, d’imagination et, surtout, d’allant stylistique. Avec Sept secondes pour devenir un aigle, le présent recueil de nouvelles publié précédemment aux éditions Le Bélial’, il démontre l’étendue de son talent tout en s’attachant à faire vivre la veine spéculative de la science-fiction, celle qui a des préoccupations Terre-à-Terre, si l’on permet les majuscules, puisqu’elle descend des étoiles lointaines pour se demander ce qu’il va advenir de notre petite planète – pas dans des siècles, non, demain. Du coup, qu’on ne s’étonne pas si ces nouvelles se placent dans la droite ligne de Soleil Vert, Tous à Zanzibar ou encore Bleue comme une Orange : si la littérature post-apocalyptique des années cinquante et soixante imaginait la vie, l’humanité après qu’un imbécile a appuyé sur un gros bouton au fond d’un bunker, la même littérature, depuis les années soixante-dix environ, se demande surtout ce qu’il va advenir de l’humanité si elle continue à foncer droit dans le mur écologique (surpopulation, surconsommation, destruction environnementale) sans même se demander s’il existe une pédale de frein.