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Roman

Amour, Colère et Folie, Marie Vieux-Chauvet

, le Samedi, 25 Avril 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Zulma

Amour, Colère et Folie, avril 2015 (initialement paru en 1968), 492 pages, 11,20 € . Ecrivain(s): Marie Vieux-Chauvet Edition: Zulma

 

Maison assiégée


Les trois récits qui composent le roman de Marie Vieux-Chauvet ont été composés en Haïti et publiés en 1968, valant à son auteur l’exil au cours de la dictature de Duvalier, Papa Doc – qui n’est jamais nommé, et pourtant dont la terreur qui imprègne les récits est omniprésente. Jusque-là, Marie Vieux-Chauvet, auteur secondaire de nouvelles essentiellement, apparaissait comme représentative de la bourgeoisie mulâtresse de l’île, acquérant avec Amour, Colère et Folie, véritable brûlot contre la dictature et son cortège de violences et d’injustices, le statut d’écrivain majeur. Car ces trois récits, apparemment indépendants les uns des autres, révèlent avec une justesse de ton terrible l’horreur qui baigne le pays.

 

La maison, la femme et la famille

La ballade des misérables, Anibal Malvar

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 24 Avril 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Asphalte éditions

La ballade des misérables (La balada de los miserables, 2012, Aka Ed.), novembre 2014, traduit du castillan par Hélène Serrano, 364 pages, 23 € . Ecrivain(s): Anibal Malvar Edition: Asphalte éditions

 

Anibal Malvar et les éditions Asphalte seront à la Comédie du livre de Montpellier les 29, 30 et 31 mai 2015


C’est dans une plongée à la fois terrible, poétique, effrayante et révoltante qu’Anibal Malvar nous entraîne, avec cette Balade des misérables. L’auteur nous emmène en effet à la rencontre d’un Madrid que l’on risque peu de rencontrer lorsque l’on s’y aventure en tant que touriste, sauf à s’égarer dans des quartiers qui ne figurent sans doute sur aucun guide. Un monde où immeubles en ruines, en fait jamais construits car dynamités avant même d’être achevés, et montagnes d’immondices sont l’habitat ordinaire de tout un peuple abandonné de chômeurs, de junkies, de voleurs, d’enfants sans parents, de parents aux enfants perdus. Un monde sur lequel règnent les plus réprouvés de tous dans la société espagnole (et dans beaucoup d’autres contrées européennes) : les gitans.

Aucun homme ni dieu, William Giraldi

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Avril 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Autrement

Aucun homme ni dieu (Hold the dark). Traduit de l’américain par Mathilde Bach. Mars 2015. 310 p. 19 € . Ecrivain(s): William Giraldi Edition: Autrement

 

« Notre vie est un voyage

dans l’hiver et dans la nuit

nous cherchons notre passage

dans ce ciel où rien ne luit »

 

C’est à un voyage glacial et sombre que William Giraldi nous convie. L’espace – aux confins de l’Alaska – le cœur de ses étranges habitants, les affreux événements, le poil des loups, tout est noir comme la nuit la plus profonde. Pas une lueur. On pense souvent à ces paroles d’une chanson des grognards de Napoléon qui ouvrent le « Voyage au bout de la nuit » de Céline, cités ici en épigraphe.

Humeur noire à Venise, Olivier Barde-Cabuçon

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 22 Avril 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Noirs (Actes Sud)

Humeur noire à Venise, Une enquête du commissaire aux morts étranges, Olivier mars 2015, 336 pages, 22 € . Ecrivain(s): Olivier Barde-Cabuçon Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

« La beauté n’en est que plus belle lorsqu’elle est éphémère. Volnay fit arrêter la voiture pour admirer la vision de cette ville en apesanteur, les flancs caressés par l’eau… La cité flottante se hérissait de clochers et de mâts de bateaux. Voilé d’azur, le soleil levant illuminait de ses rayons les toits des palais et l’eau des canaux renvoyait l’image déformée de ceux-ci à l’infini ».

Venise de jour et de nuit pour Volnay et son moine de père invités à résoudre une énigme – des pendus que l’on retrouve sous les ponts – à éviter un drame – la mort annoncée et programmée du comte de Trissano – L’instant où surgit la vérité a quelque chose de magique qui sort l’homme de sa torpeur. Mais aussi à débarrasser son père de l’humeur noire qui le mine. Venise et ses masques, ses intrigues, ses complots, ses terres et sa mer, ses canaux, ses palais, sa flamboyance en ce XVIII° siècle, le siècle d’Humeur noire à Venise, sous l’œil et la plume de William Shakespeare et de Carlo Goldoni et sous la haute protection de Marco Polo.

Dépendance day, Caroline Vié

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 22 Avril 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Jean-Claude Lattès

Dépendance Day, février 2015, 212 pages, 17 € . Ecrivain(s): Caroline Vié Edition: Jean-Claude Lattès

 

Alzheimer ; les démences ; séniles, ou un peu moins. On les lit parfois – plutôt peut-être en essais ; on les regarde – plutôt en documentaires. Mais, progressivement, ça gagne du terrain, parce que c’est la vie de nos vieux parents, de cette voisine, pourtant pas si mamie que ça ; parce qu’à la fin, c’est nous, nos imaginaires, nos projections, que la chose attaque. Sinistre et mortifère fin de jeu de dominos. Alzheimer. Terreur à portée de nous tous.

Le livre de Caroline Vié – son roman ? – son récit probablement, pose là devant nos yeux, des destins de femmes – trois générations, et la moitié d’une autre. « Sous le marronnier du jardin, trois générations réunies… » chantait Francesca Solleville, d’une dure, mais, ensoleillée vie de femmes.

De mère en fille, ici, toutes, à un moment, voient se poindre l’hydre des cauchemars ; celle de la mémoire à trous, puis en lambeaux infimes. Une vie, des apprentissages, des manières, des usages, des savoirs, bien sûr – ce poème, cette chanson ; ces visages et ces lieux, qui se défont, goutte après goutte, et détricotent la charpente jusqu’au quasi rien final. Pernicieux mal, qui tue autrement que la mort franche.