Identification

Roman

Big daddy, Chahdortt Djavann

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 13 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Big daddy, février 2015, 288 pages, 18 € . Ecrivain(s): Chahdortt Djavann Edition: Grasset

 

« Lorsque Big daddy m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie, avec mon air le plus déterminé, je lui ai répondu : “Je veux entrer dans l’histoire”. Il a éclaté de rire et a posé la main sur ma tête : “C’est bien mon petit, c’est bien. Tu es digne d’être mon fils”. Je n’en croyais pas mes oreilles. “Ça te dit d’être mon fils, hein, ça te dit ?” – Oui, monsieur ai-je osé articuler ».

Ainsi débute Big daddy, le dernier roman de l’écrivain d’origine iranienne Chahdortt Djavann qui alterne romans, par exemple La Muette (Flammarion, 2008), pamphlets comme Bas les voiles ! (Gallimard, 2003), et essais, Ne négociez pas avec le régime iranien (Flammarion, 2009).

L’action se déroule aux États-Unis, dans l’Amérique profonde. Rody, un gamin latino-américain de treize ans, est condamné à perpétuité sans possibilité de liberté conditionnelle pour un triple assassinat. Son avocate commise d’office, Nikki Hamilton, va nouer avec lui une relation privilégiée qui va durer une dizaine d’années.

Les Variations Sebastian, Emily St. John Mandell

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Canada anglophone, Rivages/Thriller

Les Variations Sebastian (The Lola Quartet), Traduit de l’anglais (Canada) par Gérard de Chergé, février 2015. 309 p. 20 € . Ecrivain(s): Emily St. John Mandell Edition: Rivages/Thriller

 

La Floride, son soleil, ses plages, ses résidences pour retraités milliardaires ? Les publicités d’agences de voyages ou immobilières en prennent un coup mortel dans cet opus de Emily Saint John  Mandell. Air suffocant, quartiers pauvres et sales, bicoques immondes, canaux infestés d’une faune inquiétante, dans et hors de l’eau. En effet, que dire des humains ? Venimeux, rancuniers, impitoyables. Ce roman est une plongée au fond d’une Floride létale et de pensées humaines qui ne le sont pas moins.

« Le quartier avait été conçu, à la fin des années 50, pour être la Venise de la Floride, un paradis tropical où on pourrait se rendre en bateau chez son voisin pour un barbecue, mais les canaux qui passaient derrière les maisons avaient fini par rejoindre les marécages, en conséquence de quoi ils abritaient aujourd’hui une population de serpents et de lézards géants aux yeux scintillants. Les résidents voyaient parfois des pythons nager dans les canaux, ondoyants rubans dotés de crocs. A la lisière des jardins, lézards et varans observaient le monde des humains. Une habitante du coin jurait avoir vu un anaconda (…) »

Bleu éperdument, Kate Braverman

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 11 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Quidam Editeur

Bleu éperdument, janvier 2015, traduit de l’anglais (USA) par Morgane Saysana, 245 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kate Braverman Edition: Quidam Editeur

 

 

Elles sont plusieurs, et parfois elles semblent n’être qu’une, quelle que soit leur condition sociale, toutes ces femmes que l’on découvre au fil des pages de Bleu éperdument. Ces fragments de vie rassemblés comme autant de nouvelles nous plongent dans un état fiévreux, à grand renfort d’alcool, de drogues dures ou douces et d’échappées plus tropicales : Hawaï comme un appel, refuge autant que lieu de perdition au sens premier du terme. Des femmes, célibataires, divorcées, mariées, mères ou pas, et des hommes, absents, ombres fantômes ou tortionnaires, qui les retiennent, les plombent, les manipulent, les tyrannisent, souvent des ratés, des épaves qui les tirent vers le bas, ces mères souvent seules avec leur fille… D’ailleurs l’amour, s’il y en a, est principalement maternel. De cet amour béton qui fait tenir debout envers et contre tout.

Chemins, Michèle Lesbre

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 11 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Sabine Wespieser

Chemins, février 2015, 142 pages, 16 € . Ecrivain(s): Michèle Lesbre Edition: Sabine Wespieser

 

Un voyage dans le temps, un retour vers le passé, non pas un aller simple, tournant le dos à l’avenir, mais un aller-retour, une plongée au sens propre dans un passé lointain puisque ce billet de voyage s’écrit au fil de l’eau pour la narratrice – au fil d’un canal pour sa plus grande part –, sur une péniche.

Conviée à ouvrir la nouvelle maison de ses amis de toujours, et sur un signe : un passant lisant sous un réverbère le livre fétiche de son père – qu’elle a peu connu – la narratrice – l’auteur – décide de se mettre en quête de cet « intime étranger ». Ouverte à tout ce qui dans le paysage fait écho à son paysage intérieur, le fil du temps se confond avec le fil du voyage, au fil des rencontres, des haltes. Elle y croise des personnes imprévues et « enlève » même un chien qui vient spontanément à elle.

Sa première rencontre est une gardienne de vaches : « Nous sommes restées quelques instants silencieuses, puis elle m’a demandé si j’étais perdue et cela m’a fait rire, ce n’était pas complètement faux, j’étais un peu perdue, mais pas comme elle l’entendait, je l’étais dans les jours à venir, que j’avais du mal à mettre en perspective » (p.27).

La vie de jardin, Alexis Brocas

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 10 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La vie de jardin, décembre 2014, 369 pages, 20 € . Ecrivain(s): Alexis Brocas Edition: Gallimard

« Ils viennent pour les trottoirs rouges, les créneaux en marche avant, les jardins, les maisons en meulière et les résidences avec tennis, pour la pension, l’église… l’absence quasi totale de population nord-africaine ». Bourgeois de « Saint-Clone », en leur aquarium de haut standing, habillés de « motifs et sigles de l’héraldique bourgeoise »… Clone… c’est bien ça, tous, parfaits clones les uns des autres, des Aymeric aux Anne-Perrine, ou Solenne (pas la moins intéressante). On est en pays des Dessaint-Tracou, ou autres, « tourbillon de familles Lacoste – en blanc, bleu ciel et rose pâle pour les plus audacieux », hantant de page en page les tournois – souvent juniors – de tennis entre gens d’ici.

Décor posé tel que sous microscope, avec s’il vous plaît, l’ensemble des détails pour vous faire, au bout, une idée juste. Les « Bourges » de Droite assise, en bordure Ouest de Paris, vous pensiez connaître ; vous vous trompiez. Jusqu’à ce livre-là, éminemment politique, au sens premier du mot. Pas un bouton de veston ne manque, pas un reflet de coiffure de dame à serre-tête, rien de ce chemin complet et souvent éprouvant pour les nerfs, qui nous mène sur pas loin de trente ans dans ce zoo étrange, cruel, parfois pitoyable. Et, pour cause ! Alexis Brocas est – sûr – de ce pays, de ces rues, de cette pension religieuse ! Et ces mères et ces sœurs, il les connaît mieux encore que le fond des poches de ses sapes d’un luxe-class et un rien austère.