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Les Livres

Le temps des sauvages, Sébastien Goethals (BD)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 07 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bandes Dessinées, Futuropolis

Le temps des sauvages, octobre 2016, 272 pages, 26 € . Ecrivain(s): Sébastien Goethals Edition: Futuropolis

Cœur d’homme, dent de bête

 

Homo, sacra res homini. L’homme est une chose sacrée pour l’homme (…) l’homme est un dieu pour l’homme.

Sénèque, Lettres à Lucillius

Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit. Quand on ne le connaît pas, l’homme est un loup pour l’homme.

PLaute, Asinaria, La Comédie des Ânes

 

L’ombre brisée d’un caddie sur un parking désert, une envolée de mouettes au-dessus d’un rocher échoué tel un cétacé et un couple énigmatique ouvrent la bande dessinée de Sébastien Goethals. La dominante chromatique de gris coloré accentue le côté film noir ou d’anticipation.

La Vengeance des mères, Jim Fergus

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 05 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

La Vengeance des mères, septembre 2016, trad. anglais (USA) Jean-Luc Piningre, 464 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jim Fergus Edition: Le Cherche-Midi

 

Seize ans après la sortie en France de Mille femmes blanches, devenu rapidement un best-seller avec plus de 400.000 exemplaires vendus dans l’hexagone, Jim Fergus offre à ses lecteurs un second volet – il s’agira à terme d’une trilogie – avec La Vengeance des mères, poursuivant ainsi son plaidoyer à trois facettes : rendre justice aux peuples amérindiens exterminés, prôner le respect de la nature, mettre les femmes sur le devant de la scène.

Pour mémoire ou pour ceux et celles qui seraient passés à côté de Mille femmes blanches, rappelons le postulat de départ. Un accord secret aurait été passé entre le chef cheyenne Little Wolf et le président Grant pour échanger mille chevaux contre mille femmes blanches dans le but de favoriser l’intégration et la paix entre la nation américaine et les « Native ». Le second volet reprend le récit en 1875 après le massacre par l’armée américaine de la tribu de Little Wolf et le décès de l’héroïne principale May Dodd. Parmi les rescapés, des sœurs jumelles d’origine irlandaise, Meggie et Susie Kelly qui, dans leur fuite pour trouver refuge dans la tribu lakota de Crazy Horse, perdront leurs bébés victimes du froid glacial des montagnes du Dakota.

Les muselés, Aro Saínz de la Maza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 05 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Espagne, La rentrée littéraire, Actes Noirs (Actes Sud)

Les muselés (El àngulo muerto), septembre 2016, trad. espagnol Serge Mestre, 368 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Aro Sáinz de la Maza Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

C’est avec une impatience mal dissimulée – mais pourquoi faudrait-il la dissimuler ? – que nous découvrons cette deuxième enquête de l’inspecteur Milo Malart dans une Barcelone toujours aussi inquiétante et fascinante. Le Bourreau de Gaudí, conte noir et baroque, nous avait fait découvrir la démesure de la métropole catalane sacrifiant dévotement ses enfants aux folies architecturales, au tourisme et au profit. Roman de démesure où un véritable art du crime, une esthétique de la mort impitoyablement cruelle et vengeresse, spectaculairement mise en scène, composait des tableaux aussi magiques que cauchemardesques. Accablés de chaleur nous l’avions suivi dans l’atmosphère étouffante de l’été barcelonais. Nous voilà aujourd’hui confronté au froid et à l’humidité qui peut aussi envahir la capitale catalane, celle que les cartes postales et les touristes oublient ou préfèrent ignorer. Une ville qui est aussi une métropole portuaire où plus qu’en d’autres temps la misère, les misères, ont leur place, même si elles se dérobent aux prestigieux monuments, aux débauches architecturales et mercantiles. Misère économique qui depuis quelques années, depuis 2008 au moins, ne cesse de mettre des familles à la rue, misère des politiques plus contaminés par la corruption que par la solidarité la plus élémentaire…

Du sable dans la bouche, Hervé Le Corre

Ecrit par Zoe Tisset , le Vendredi, 04 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Rivages/noir

Du sable dans la bouche, septembre 2016, 173 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre Edition: Rivages/noir

 

Livre policier et historique à la fois, où tous les protagonistes sont empalés dans des évènements liés à L’ETA. Une femme sort de prison, revient à Bordeaux. Le lecteur comprend peu à peu qu’elle a été mêlée à des évènements graves.

« Des femmes courent, suivies d’enfants, les bras étirés par des valises bourrées jusqu’aux serrures, rebondies à crever, là, au milieu des gens, vomissant de l’intimité, mise en pli pendant des heures, encore parfumée d’assouplissant ou de lavande ».

Elle paraît esseulée, mais aussi profondément déterminée.

« Alors peu à peu, l’idée de revenir et de faire ce que quelque chose de béant en elle réclamait chaque jour plus fort a creusé sa fissure imperceptible. Cette évidence a couru comme une vibration mortelle ».

Gestuaire, Sylvie Kandé

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 04 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard, La rentrée littéraire

Gestuaire, octobre 2016, 112 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Sylvie Kandé Edition: Gallimard

 

A l’inverse de son long poème en prose Lagon, Lagunes (Gallimard, 2000), très marqué par le lyrisme à la Césaire, Gestuaire se dégage de toute pesanteur culturelle. Une charge d’inconnu est exposée à l’arrachement – qui se dessine à travers l’incantation, le soliloque poétique qui affirme et nie à la fois. On en retient le souffle coupé qui pourtant garde la force d’expirer l’énigme là où la nuit tente de tout recouvrir.

L’écriture illustre d’ailleurs cette lutte, comme s’il s’agissait là d’un geste désespéré accolé à sa résistance dans ce qui tient du mouvement qui déplace insensiblement des terres vierges vers le paradoxal désert occidental du présent. Sylvie Kandé fait éclater les masques du « je » pour qu’il s’affirme à l’aune d’un passé et de ses peaux dont elle arrache la fixité, l’opacité de leur règne énigmatique.

Le dedans se fraye une issue – sans propension autobiographique si ce n’est de manière allusive – à travers les fissures d’une litanie qui de reprises en reprises s’incruste dans la chair et rebondit sur la peau en de longues vibrations de lumière, comme si le dedans laissait monter la trace et l’ajour d’une existence prisonnière et l’éclat diffracté de son immense évasion qui d’une certaine façon n’a jamais pu se faire.