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L’Orient mystérieux et autres fadaises, François Reynaert

, le Mardi, 12 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Fayard, Histoire

L’Orient mystérieux et autres fadaises, octobre 2013, 430 pages, 23 € . Ecrivain(s): François Reynaert Edition: Fayard

 

Ottoman en emporte le vent

(ou Asie mineure et fa dièse)

 

François Reynaert doit aimer les fadaises. Il nous avait déjà enchantés avec Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises, le voilà qui réitère avec ce nouvel opus.

Résumer 2500 ans d’histoire en 400 pages n’est pas une mince affaire mais il possède l’art de simplifier ce qui paraît complexe. Il montre comment l’empire arabe connut son apogée et comment il déclina parce que l’islam, après avoir montré une grande ouverture d’esprit à l’égard des autres cultures, se sclérosa et se replia sur lui-même, notamment sous l’action néfaste de religieux tatillons qui, par exemple, mirent 200 ans pour accepter l’invention de l’imprimerie.

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Bruno Tackels

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 11 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Ecrivains de plateau VI, 2013, 190 p. 15 € . Ecrivain(s): Bruno Tackels Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Le terrain vague sublime »

 

Bruno Tackels revient pour la sixième fois à son travail consacré « aux écrivains de plateau », ceux pour qui le texte n’est pas le point central du théâtre, mais ce qui le parachève. Tous ont marqué l’histoire du théâtre contemporain et avec Ariane Mnouchkine et le théâtre du Soleil, il parcourt près de cinquante ans de créations d’une troupe pas comme les autres.

Nous entrons dans le livre de B. Tackels par une magnifique « porte », la première de couverture, invitation à la découverte, au retour sur des souvenirs flamboyants de théâtre. La photographie de plateau, prise lors du tournage du film, né de la pièce Les Naufragés du Fol espoir en 2013 est un « portrait » de la troupe en costumes, prise dans son mouvement et celui d’Ariane Mnouchkine, devant elle, parmi elle. Ils sont ENSEMBLE.

Lettres à Poséidon, Cees Nooteboom

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 09 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Récits, Actes Sud, Correspondance

Lettres à Poséidon, traduit du néerlandais par Philippe Noble, octobre 2013, 266 pages, 22 € . Ecrivain(s): Cees Nooteboom Edition: Actes Sud

 

Certains écrivent à leur femme ou à leur maîtresse. D’autres à leur père ou leur mère ou bien à des amis. Certains à un frère, à une sœur, d’autres à un mort ou à un descendant. Beaucoup de combinaisons sont possibles. Cees Nooteboom, lui, a décidé d’écrire des lettres à un dieu, et pas n’importe lequel, Poséidon, le dieu de la mer, que d’autres appellent Neptune.

L’idée lui vient alors qu’il est installé à la terrasse d’un restaurant appelé, justement, le « Poséidon », sur son lieu de vacances. Sur la serviette qu’un serveur lui apporte, il voit le nom du dieu au trident inscrit en bleu, bleu comme la mer au bord de laquelle il vit l’été. Pour lui, c’est un signe (« quelqu’un veut me dire quelque chose, et j’ai appris à obéir à ce genre de signes ») et il décide, une fois qu’il aura achevé le roman sur lequel il planche, de lui destiner des lettres. Ou plutôt, il lui dédie des « petites collections de mots » où il l’informera de sa vie. Il lui relate les petites choses qu’il lit ou qu’il voit, des événements de sa vie. Il lui fait part de ses pensées, d’images qu’il a vues à la télévision. Il s’interroge sur la vie et la mort, ou médite sur les philosophes.

Concerto à la mémoire d’un ange, Alain Galliari

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 09 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Fayard

Concerto à la mémoire d’un ange, Alban Berg 1935, 183 pages, septembre 2013, 15 € . Ecrivain(s): Alain Galliari Edition: Fayard

 

Le Concerto à la mémoire d’un ange du compositeur autrichien Alban Berg (né le 9 février 1885 à Vienne et mort dans la même ville le 24 décembre 1935) est stupéfiant de beauté – il déroule sa musique dans l’air, cet air qui constitue notre intériorité, bruissant de nuages doux comme des éclairs.

Mais s’il y a la douceur, s’il y a les éclairs, et s’ils sont là ensemble, c’est justement grâce à la musique, et ce depuis le commencement de tout. Cet air qu’est notre intériorité était vierge de chaque chose, avant que notre intériorité ait été en contact avec la musique, avant qu’elle ait été mise au monde.

Quel est, quel fut cet ange auquel est dédiée, jusque dans son titre, la musique de Berg ? Chuchotons ses prénoms et nom : Manon Alma Anna Justine Caroline Gropius.

Elle est née à Vienne le 5 octobre 1916.

C’est la fille de l’architecte Walter Gropius et d’Alma Schindler, la célèbre veuve de Gustav Mahler.

Polaroïds, Marie Richeux

Ecrit par Grégoire Meschia , le Samedi, 09 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Récits, Sabine Wespieser

Polaroïds, octobre 2013, 158 pages, 17 € . Ecrivain(s): Marie Richeux Edition: Sabine Wespieser

 

Les Polaroïds, ce sont d’abord des chroniques radiophoniques de Marie Richeux. Des morceaux de vie qu’elle raconte de sa douce voix dans Pas la peine de crier, l’émission qu’elle présente et produit sur France Culture dans le creux de l’après-midi. L’exercice est déjà poétique. Il s’agit en fait de raconter une image, de voir ce qu’une photographie peut dire. Comme des ekphraseis, des descriptions qui bougent autour d’un foyer lumineux.

Pourquoi des polaroïds ? En bon préfacier, Georges Didi-Huberman tente une théorisation de la pratique en revenant sur la racine du mot « polaroïd » qu’il rattache au verbe « polariser » :

« Polaroïds, donc : “se polariser” sur la texture des choses. S’approcher, se pencher, donner sa place au minuscule. Mais aussi, “polariser” les rapports que chaque chose entretient avec ses voisines : se déplacer, faire changer l’incidence de la lumière, donner sa place à l’intervalle ».