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La rentrée littéraire

Palladium, Boris Razon

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 19 Août 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Stock

Palladium, 21 août 2013, 496 pages, 22 € . Ecrivain(s): Boris Razon Edition: Stock

 

Le corps malade


La vie du personnage principal de ce roman, Boris, est ordinaire. Il coule des jours heureux auprès de sa compagne, Caroline. Il est entouré d’amis et de parents aimants. Sur le plan professionnel, il est journaliste et respecté de ses pairs.

Cependant, depuis plusieurs jours, il se sent terrassé par une extrême fatigue et n’a plus goût à la bonne chaire. De plus, il éprouve une extrême douleur au dos. Son entourage ne semble pas faire grand cas. Sa sœur, médecin, ne trouve rien d’anormal. Et pourtant, il va sans dire que Boris sombrera dans quelques jours dans le coma profond.

La fiancée libanaise, Richard Millet

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 26 Juillet 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallimard

La fiancée libanaise, 20 €, août 2011 . Ecrivain(s): Richard Millet Edition: Gallimard


Comme on dit en sciences humaines, on peut lire ou regarder avec le regard du structuraliste ; c’est le cas ici ; ce livre est un Millet/structural ; un somptueux spécimen, qu’on ouvre, émerveillé d’y trouver un refrain réussi de tous ses autres livres.

Tout y est : l’écriture exceptionnellement aboutie – chef-d’œuvre d’un compagnon du tour de France – mieux, classiquement parfaite : « l’ombre gagnait les jardins de Siom où l’on ne distinguait que le dos luisant des toits d’ardoise et les masses plus sombres des sapins, de l’autre côté du lac qui ressemblait à une pièce de soie grise légèrement froissée » ; l’architecture si particulière à la respiration littéraire de Millet : pas moins de 38 lignes pour une phrase à la hauteur de la page 149 ! Balzac, quelque part.

Le cadre ; Millevaches et le haut plateau limousin ; l’écoute de R. Millet, son approche à nulle autre pareille, sa capacité à donner le sentir, le voir, bien sûr, le toucher aussi : « vous n’avez pas l’habitude du silence, de l’obscurité, des bêtes qui détalent dans les fourrés… vous ne savez rien de la terre, ni des ombres… vous êtes… une urbaine effrayée par l’obscurité ».

La tristesse des anges, Jon Kalman Stefansson

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 22 Juillet 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Gallimard

La tristesse des anges, (Harmur Englanna) trad de l'islandais par Eric Boury, 382 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Jon Kalman Stefansson Edition: Gallimard

Après Entre ciel et terre, Jón Kalman Stefánsson nous embarque avec La tristesse des anges, dans un nouveau périple dans les rudes terres islandaises de la fin du XIXe siècle.

Ce deuxième roman commence quelques semaines après la mort de Bárður, le héros de son premier livre. Certains personnages sont de nouveau conviés, comme le gamin. Alors que le premier opus se passait surtout en mer, celui-ci se déroule principalement sur terre, mais surtout dans la neige.

Jens est postier et sillonne l’Islande à pied ou à cheval pour distribuer le courrier, pour un salaire qui lui permet à peine à couvrir ses frais, dans des conditions souvent extrêmes lors des interminables hivers. Au début du roman, il arrive ainsi dans une auberge, complètement collé à la selle de son cheval. Il a gelé.

Cette auberge a beau être loin de tout, un trou perdu où il ne se passe jamais rien, il est possible d’aller encore plus loin, jusqu’à « l’extrémité du monde ». C’est là que l’on envoie Jens pour une nouvelle tournée. Cependant, il ne peut mener seul cette expédition à travers les fjords, car il lui faudra traverser une mer et elle l’effraie au plus haut point, le paralyse.

Richard W., Vincent Borel

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Richard W., 308 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vincent Borel Edition: Sabine Wespieser

 

Richard W, et non R. Wagner… le « parti pris », l’allure du roman sont posés : c’est autour de l’homme, par le côté familier de son prénom, de son « petit nom », que tout tourne. C’est l’intimité, presque la familiarité du personnage qui va donner le ton à ce roman, la petite histoire, la petite musique qui interagit avec le nom, connu, re-connu, qui met l’accent sur le côté méconnu du personnage Wagner. Comme si le nom n’était qu’un avatar, comme si le prénom lui donnait toute sa force, l’éclairant, le déviant, le montrant sous un jour différent, souvent sans doute l’exagérant.

Bon nombre des anecdotes de la vie de Richard Wagner émaillant le livre sont sinon imaginées, du moins étirées à l’extrême, mais servent de révélateur, de soubassement à l’exploration de la naissance de l’œuvre. Nées de l’interprétation de l’auteur, mélomane, musicien, prompt à faire réagir comme une composition chimique vie et œuvre, l’œuvre comme prolongement de l’homme ou, plus exactement, projection : « ici l’espace et le temps se confondent », ainsi que le dit Gurnemanz à Parsifal. Tout attend, se condense pour mieux éclater, se résoudre dans une envolée.

Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales), Pascal Morin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 15 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Comment trouver l’amour à cinquante ans quand on est Parisienne (et autres questions capitales), janvier 2013, 192 p. 18 € . Ecrivain(s): Pascal Morin Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Derrière un titre à rallonge (serait-ce un effet de mode ?), Pascal Morin offre aux lecteurs, dans ce cinquième ouvrage, un conte contemporain résolument optimiste. Inutile de chercher parmi les protagonistes, dont les vies vont s’entrecroiser au fil du récit, un véritable méchant. Tel n’est pas son propos.

Personnage pivot du roman, Catherine Tournant, professeur de français dans le neuf trois, exilée de sa province natale, Parisienne d’adoption, de cœur et de culture, est, sans le vouloir ni le préméditer, au centre d’un petit maelström qui va transformer radicalement la destinée d’une poignée de personnes, sans épargner la sienne.

Choisissant de bâtir son roman autour de clichés de société, Pascal Morin prenait des risques calculés. La façon dont il campe ses principaux personnages est, à ce titre, édifiant :

Natacha Jackowska, 18 ans, jeune lycéenne rebelle et paumée, anorexique parce que orpheline d’une mère émigrée polonaise morte « étouffée par son propre corps devenu difforme », est obsédée par son look.