Dimitri Diop, jeune black plombier carreleur aux muscles bodybuildés dans des salles de gymnastique, est perturbé par une récente rupture sentimentale qui le remet en cause. Robert Diop, père de Dimitri, d’origine sénégalaise, professeur d’histoire en collège, veuf, est raffiné, cultivé et magnifiquement beau. « Une véritable œuvre d’art », pense Catherine Tournant, à leur première rencontre.
Jérémie Lesdiguières, 38 ans, couturier de renom, créateur de costumes de théâtre, est homosexuel à tendance dépressive.
Eve-Marie Saada, la quarantaine, psychanalyste névrosée, est chroniquement perturbée par sa double origine catholique et juive.
Et bien entendu Catherine Tournant, cinquante ans, elle-même divorcée, mère d’une fille partie terminer ses études à l’étranger, représente le prototype du « bon prof », tolérant, ouvert, passionné par son travail, mais en proie à ses propres contradictions et ambivalences.
Tous ou presque, au vif de leurs problèmes, s’accrochent à une petite phrase leitmotiv ou à un tic de langage rassurant : « Je suis majeure et vaccinée » pour Natacha, « Une de perdue, dix de retrouvées » pour Dimitri, « Point ! » pour Eve-Marie, etc.
Tous, ou presque, voient en Paris l’endroit salvateur, symbole de la culture, de la mode, de l’élégance et lieu de protection de son identité. « Je suis une Parisienne, tête de chienne. Paris est ma peau, elle me protège comme une carapace. Je suis une Parisienne. Point », médite Eve-Marie, dans le jardin du Luxembourg.
On aura compris qu’en dehors de la recherche de l’âme sœur et de l’amour, comme le suggère le titre, beaucoup des thèmes qui agitent notre société sont abordés et traités, justifiant et éclairant ainsi le sous-titre : (et autres questions capitales).
Il s’agit bien d’une exploration des tourments psychologiques générés par l’exil, la mixité, la différence de couleur de peau, de religion, de race, de culture, que Pascal Morin narre d’une plume affûtée, sensible, souvent humoristique, sans jamais tomber dans la caricature ou le pathos. Bien au contraire. La tendresse qu’il voue à ses personnages, la profondeur et la justesse du regard qu’il porte sur eux, les rendent attachants et chacun peut se reconnaître dans l’une ou l’autre de leurs faiblesses, mais aussi dans leur part d’universelle humanité.
De toutes ces différences, de ce métissage textuel, jaillit peu à peu, non sans difficultés parfois pour ses héros, une synergie qui va gommer les obstacles et leur donner le désir, le pouvoir de se libérer de leurs préjugés, de se reconstruire et de prendre conscience que le bonheur est accessible, moyennant un effort d’ouverture aux autres et de lâcher prise.
Un roman qui donne envie d’y croire et procure une formidable pêche.
Catherine Dutigny/Elsa
Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales), Pascal Morin
Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa 15.01.13 dans La Brune (Le Rouergue), La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, Roman
Comment trouver l’amour à cinquante ans quand on est Parisienne (et autres questions capitales), janvier 2013, 192 p. 18 €
Ecrivain(s): Pascal Morin Edition: La Brune (Le Rouergue)Derrière un titre à rallonge (serait-ce un effet de mode ?), Pascal Morin offre aux lecteurs, dans ce cinquième ouvrage, un conte contemporain résolument optimiste. Inutile de chercher parmi les protagonistes, dont les vies vont s’entrecroiser au fil du récit, un véritable méchant. Tel n’est pas son propos.
Personnage pivot du roman, Catherine Tournant, professeur de français dans le neuf trois, exilée de sa province natale, Parisienne d’adoption, de cœur et de culture, est, sans le vouloir ni le préméditer, au centre d’un petit maelström qui va transformer radicalement la destinée d’une poignée de personnes, sans épargner la sienne.
Choisissant de bâtir son roman autour de clichés de société, Pascal Morin prenait des risques calculés. La façon dont il campe ses principaux personnages est, à ce titre, édifiant :
Natacha Jackowska, 18 ans, jeune lycéenne rebelle et paumée, anorexique parce que orpheline d’une mère émigrée polonaise morte « étouffée par son propre corps devenu difforme », est obsédée par son look.
Dimitri Diop, jeune black plombier carreleur aux muscles bodybuildés dans des salles de gymnastique, est perturbé par une récente rupture sentimentale qui le remet en cause. Robert Diop, père de Dimitri, d’origine sénégalaise, professeur d’histoire en collège, veuf, est raffiné, cultivé et magnifiquement beau. « Une véritable œuvre d’art », pense Catherine Tournant, à leur première rencontre.
Jérémie Lesdiguières, 38 ans, couturier de renom, créateur de costumes de théâtre, est homosexuel à tendance dépressive.
Eve-Marie Saada, la quarantaine, psychanalyste névrosée, est chroniquement perturbée par sa double origine catholique et juive.
Et bien entendu Catherine Tournant, cinquante ans, elle-même divorcée, mère d’une fille partie terminer ses études à l’étranger, représente le prototype du « bon prof », tolérant, ouvert, passionné par son travail, mais en proie à ses propres contradictions et ambivalences.
Tous ou presque, au vif de leurs problèmes, s’accrochent à une petite phrase leitmotiv ou à un tic de langage rassurant : « Je suis majeure et vaccinée » pour Natacha, « Une de perdue, dix de retrouvées » pour Dimitri, « Point ! » pour Eve-Marie, etc.
Tous, ou presque, voient en Paris l’endroit salvateur, symbole de la culture, de la mode, de l’élégance et lieu de protection de son identité. « Je suis une Parisienne, tête de chienne. Paris est ma peau, elle me protège comme une carapace. Je suis une Parisienne. Point », médite Eve-Marie, dans le jardin du Luxembourg.
On aura compris qu’en dehors de la recherche de l’âme sœur et de l’amour, comme le suggère le titre, beaucoup des thèmes qui agitent notre société sont abordés et traités, justifiant et éclairant ainsi le sous-titre : (et autres questions capitales).
Il s’agit bien d’une exploration des tourments psychologiques générés par l’exil, la mixité, la différence de couleur de peau, de religion, de race, de culture, que Pascal Morin narre d’une plume affûtée, sensible, souvent humoristique, sans jamais tomber dans la caricature ou le pathos. Bien au contraire. La tendresse qu’il voue à ses personnages, la profondeur et la justesse du regard qu’il porte sur eux, les rendent attachants et chacun peut se reconnaître dans l’une ou l’autre de leurs faiblesses, mais aussi dans leur part d’universelle humanité.
De toutes ces différences, de ce métissage textuel, jaillit peu à peu, non sans difficultés parfois pour ses héros, une synergie qui va gommer les obstacles et leur donner le désir, le pouvoir de se libérer de leurs préjugés, de se reconstruire et de prendre conscience que le bonheur est accessible, moyennant un effort d’ouverture aux autres et de lâcher prise.
Un roman qui donne envie d’y croire et procure une formidable pêche.
Catherine Dutigny/Elsa
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A propos de l'écrivain
Pascal Morin
Pascal Morin, né en 1969 dans la Drôme, est un écrivain français. Ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et agrégé de lettres, Pascal Morin enseigne le français et la philosophie en Classes préparatoires aux grandes écoles, à Paris. Il a reçu en 2005, le Prix Lettres Frontière pour son roman, L’Eau du bain.
Ses précédents ouvrages :
L’Eau du bain, Le Rouergue (2004), poche Babel (2005)
Les Amants américains, Le Rouergue (2005) poche Babel (2006)
Bon vent, Le Rouergue (2006), poche Babel (2008)
Biographie de Pavel Munch, Le Rouergue (2009)
A propos du rédacteur
Catherine Dutigny/Elsa
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Rédactrice
Membre du comité de lecture. Chargée des relations avec les maisons d'édition.
Domaines de prédilection : littérature anglo-saxonne, française, sud-américaine, africaine
Genres : romans, polars, romans noirs, nouvelles, historique, érotisme, humour
Maisons d’édition les plus fréquentes : Rivages, L’Olivier, Zulma, Gallimard, Jigal, Buschet/chastel, Du rocher, la Table ronde, Bourgois, Belfond, Wombat etc.