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Japon

Sayonara Gangsters, Genichiro Takahashi

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 09 Avril 2013. , dans Japon, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Sayonara Gangsters, Books éditions, 20 mars 2013, traduit de l’anglais Jean-François Chaix, d’après la traduction du japonais de Michael Emmerich, 223 p., 18 € . Ecrivain(s): Genichiro Takahashi

 

 

Vieille dame, quintuplés, habitant de Jupiter, « chose incompréhensible », et même Virgile transformé en frigo, tout le monde défile dans la classe de poésie du narrateur, dans un monde où les gangsters font la loi, où l’on apprend sa mort par un faire-part envoyé par la mairie et où les rivières peuvent couler au 6ème étage des immeubles.

On pourrait placer ce roman sous l’égide des Métamorphoses d’Ovide, un Ovide en exil, aussi saoul qu’il l’est dans le roman, où il fait une apparition dans le récit du réfrigérateur Virgile. La fantaisie débridée du roman invite à l’énumération d’éléments incongrus plutôt qu’au résumé, mais il y a bien là cependant une histoire, discrète, celle des amours de Sayonara Gangsters, le narrateur, qui encadrent de leur tendresse et de leur mélancolie le défilé cocasse des aspirants poètes.

Hideyoshi seigneur singe, Shiba Ryôtarô

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 08 Mars 2013. , dans Japon, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Philippe Picquier

Hideyoshi seigneur singe, traduit du japonais par Yoko Kawada, Sim et Sylvain Chupin, Collection Picquier Poche, 814 p. 12,20 € . Ecrivain(s): Shiba Ryôtarô Edition: Philippe Picquier

 

C’était de la comédie

 

Il est indéniable que Shiba Ryôtarô livre ici une œuvre littéraire de très haute facture. L’épaisseur du roman ne doit pas dérouter le lecteur car l’auteur conjugue à merveille l’érudition et le roman d’aventures. En effet, Hideyoshi seigneur singe n’est pas seulement un roman biographique retraçant la vie et l’œuvre politique de l’un des trois plus grands daimyôs que le Japon ait connu. Il est aussi un roman d’aventures car le lecteur suit Nobunaga, le maître de Hideyoshi et Hideyoshi lui-même dans nombre de batailles. La description est un des genres dominants dans ce roman. Elle est tour à tour épique et tragique lorsqu’elle décrit par exemple la mort de Nobunaga. L’alternance de ces deux tonalités donne de la vigueur et de la force au récit l’apparentant soit aux chansons de geste occidentales soit aux dits chers à la littérature japonaise. En effet, certains passages ramènent le lecteur vers des chapitres du Dit du Genji.

Cristallisation secrète, Yôkô Ogawa

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 22 Février 2013. , dans Japon, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Cristallisation secrète, traduit du japonais par Rose-Marie Makino, Babel mars 2013, 384 p. 8,70 € . Ecrivain(s): Yôko Ogawa Edition: Actes Sud

 

Effacement

 

Lorsqu’on lit Cristallisation secrète, on ne peut s’empêcher de penser à Je suis une légende, Le château de Kafka ou encore La métamorphose. On trouve aussi des convergences avec Rhinocéros de Ionesco. Ceci s’explique peut-être par les thématiques évoquées.

La narratrice, romancière elle aussi, vit sur une île dont on ne connaît pas le nom (sans doute parce qu’il s’est effacé des mémoires des insulaires depuis la nuit des temps…), assiste, impuissante, à la disparition des objets du quotidien qui surviennent sans crier gare. L’étrangeté de la chose réside dans l’indifférence générale lorsque se produit l’événement. Personne ne dit rien. Au contraire, tout le monde s’active à chasser l’objet disparu de sa mémoire de sorte qu’il devient inconsistant et innommable par la suite. En effet, il s’ensuit un effacement de l’objet : son nom, sa forme et sa fonction n’évoquent plus rien pour personne. Il n’a plus d’existence car on ne se souvient pas de lui.

L'aiguillon de la mort, Toshio Shimao

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 15 Mai 2012. , dans Japon, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Roman, Philippe Picquier

L’aiguillon de la mort, trad. japonais par Elisabeth Suetsugu, 2012, 641 p. . Ecrivain(s): Shimao Toshio Edition: Philippe Picquier

 

Toshio, écrivain, mène une double vie tranquille, organisée, avec d’une part Miho, son épouse depuis dix ans, et ses deux enfants Shinichi et Maya, avec d’autre part sa maîtresse, désignée tout au long du récit par le syntagme « la femme », depuis à peu près autant de temps.

Tout se passe bien jusqu’au jour où Miho lui annonce, brutalement, qu’elle sait tout.

Ce roman autobiographique commence à ce moment précis : Toshio, auteur-narrateur, est mis par Miho en face de soi au cours d’un interminable et virulent interrogatoire sur les détails les plus intimes de son adultère et sur les raisons pour lesquelles il a éprouvé pendant tant d’années le besoin de fréquenter « la femme ».

Pendant trois jours, sans répit, Miho questionne, veut savoir, tout savoir, le contraint à raconter, compter, expliquer, s’expliquer, s’accuser, s’excuser.

Toshio s’étant engagé à rompre et à ne plus jamais rien cacher, la tempête s’apaise et la vie de la famille semble reprendre son cours.

Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus, Bashô

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 29 Mars 2012. , dans Japon, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Poésie, La Table Ronde

Seigneur ermite, L’intégrale des haïkus, Edition bilingue par Makoto Kemmoku & Dominique Chipot. mars 2012, 480 p. 25 € . Ecrivain(s): Bashô Edition: La Table Ronde

 

Quel bel objet déjà ! Un écrin à la hauteur du contenu, la couverture est  d’un vert qui fait aussitôt penser au jade, ce même vert se retrouve à l’intérieur pour le texte en version japonaise. Ce livre, dédié aux victimes  et sinistrés du grand tremblement de terre du Tōhoku, région que Bashō a visité lors de ses voyages, s’ouvre sur une note concernant la traduction. Elle commence ainsi, ce qui résume bien le propos : Traduire c’est trahir, et expose les difficultés auxquelles ont été confrontés les traducteurs et donc leurs partis-pris.

Ensuite, une introduction aborde en un tour rapide mais instructif l’histoire de la poésie japonaise, suivie d’une biographie détaillée de Bashō, illustrée par quelques haïkus. Indispensable pour la compréhension de son œuvre. Nous entrons alors dans la chair même de l’ouvrage : l’intégrale des haïkus du maître en la matière, souvent précédés par des avant-propos de Bashō lui-même, classés par ordre chronologique.

Le premier est daté de 1663 :