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Japon

La Péninsule aux 24 saisons, Mayumi Inaba (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 26 Mai 2020. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Philippe Picquier

La Péninsule aux 24 saisons, Mayumi Inaba, trad. japonais, Elisabeth Suetsugu, 240 pages, 19 € Edition: Philippe Picquier

 

Ce roman fait la célébration de l’instant. Et en participant à cette célébration, l’héroïne est invitée à convoquer les grands événements de sa vie : son départ vers la capitale lorsqu’elle était en pleine jeunesse, la mort d’une amie chère, la fin d’une histoire d’amour… Pendant que ces souvenirs se chevauchent, cette héroïne, dont le nom ne nous est pas dévoilé, comme si elle représentait une entité plus qu’un personnage singulier, a décidé de passer un temps indéterminé dans la maison qu’elle a fait construire il y a plusieurs années, sur la presqu’île de Shima. En effet, en raison de l’admiration ressentie face aux falaises « blanches et sèches », l’achat d’un terrain s’était imposé contre l’avis des proches, qui trouvaient l’idée saugrenue. Outre son nom, nous ne savons rien non plus sur l’âge de l’héroïne, mais après quelques déductions, on suppose facilement qu’elle a une soixantaine d’années – tout comme Mayumi Inaba avait une soixantaine d’années lors de l’écriture de ce livre.

Ô pruniers en fleur, Ryôkan (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Octobre 2019. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Folio (Gallimard)

Ô pruniers en fleur, Ryôkan, Folio Sagesses, septembre 2019, trad. japonais Alain-Louis Colas, 112 pages, 3,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Quatre-vingt-dix-sept textes poétiques illustrent à l’envi le grand talent du moine poète Ryôkan, né en 1758 et décédé en 1831.

Le plus souvent développée en quintils saisissants de justesse et d’élégance, la poésie de Ryôkan trace de la nature traversée un portrait tout en nuances où les fragrances, les beautés, ainsi que les réalités les plus triviales, dessinent une relation inspirée à la beauté des paysages, entre les « pluies d’automne » et « les journées où les corbeaux/ du bois sont sans voix ».

Ici, la voix restitue « nuées », « neige », « beaux jours », dans un souci constant de description au plus juste de l’objet. Ici, se perçoit toujours la saison, puisque l’écriture s’arrime elle comme le sang au corps.

Les doigts rouges, Keigo Higashino

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 05 Juin 2018. , dans Japon, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Les doigts rouges, mars 2018, trad. Sophie Refle, 237 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Keigo Higashino Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

« Akio et Yaeko étaient mariés depuis dix-huit ans. Un supérieur d’Akio les avait présentés l’un à l’autre et ils s’étaient fréquentés un an avant leur mariage. Ils n’étaient pas passionnément amoureux mais n’avaient ni alternative ni raison de se séparer. Elle avait accepté sa demande de peur de ne trouver personne d’autre si elle attendait plus longtemps ».

Les faits sont simples, précis, et le texte est d’une extrême limpidité. C’est l’une des caractéristiques de ce roman et de l’écriture de Keigo. Tout paraît clair (nous reviendrons d’ailleurs sur ce qualificatif). Et puis survient quelque chose, un rien d’incongru. Dans Les doigts rouges, c’est un sac poubelle noir dans le jardin. Maehara Akio, le mari, soulève le sac et là, il aperçoit une paire de pieds menus. Une petite fille gît, morte, dans la verdure. L’auteur de ce crime, Maehara Naomi, est un préadolescent, le fils d’Akio. Yaeko, sa mère, ne craint qu’une chose : que son fils chéri soit confondu et que le déshonneur retombe sur sa famille si les faits sont révélés au grand jour.

Poèmes, Natsume Sôseki

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Novembre 2017. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Poèmes, éd. Le Bruit du Temps, 2016, trad. chinois Alain-Louis Colas, 400 pages, 28 € . Ecrivain(s): Natsume Sôseki

 

Sôseki, plus connu sans doute comme romancier (Je suis un chat ; La Porte ; etc.), se voit ici pour la première fois publié en français pour ses 207 poèmes, écrits sur une longue période, de l’adolescence à sa mort en 1916, à 49 ans.

L’édition trilingue, copieuse en poèmes, copieuse en commentaires (sous la plume de A. L. Colas), en chinois classique, japonais, français, révèle un talent sûr, qui maîtrise les formes brèves (quatrains, huitains, entre autres, parmi les plus nombreux) et donne à ce lent cheminement aux abords du monde, de la nature, à la quête du soi, une allure de journal, proche de celui d’un Bashô, par exemple.

Notations pures, effets de saisons, sensations d’être traversent ces textes empreints autant de justesse que de constats paysagers et intimes.

L’abeille, Hideki Noda

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 22 Mars 2017. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

L’abeille, 2016, trad. japonais Corinne Atlan, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Hideki Noda Edition: Espaces 34

 

La vengeance de monsieur Ido

En France, nous ignorons tout ou presque du théâtre japonais contemporain : nous en restons, par goût sans doute de l’exotisme, à l’héritage du Nô et du Kabuki alors même que nous nous passionnons pour les mangas ou le cinéma nippon actuels. Sans doute serait-il nécessaire de traduire à plus large échelle des pièces récentes que des compagnies monteraient pour qu’enfin le théâtre japonais contemporain rencontre un public nombreux. Hideki Noda est un des très rares auteurs à être présent sur nos plateaux mais encore de façon modeste au regard de la vingtaine de textes qu’il a écrits.

L’abeille est inspirée d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui, romancier de SF, acteur connu dans son pays. La pièce date de 2006 et a été traduite en 2013.