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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Les druzes de Belgrade, Rabee Jaber

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Février 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Pays arabes, Moyen Orient

Les druzes de Belgrade, janvier 2015, traduit de l’Arabe (Liban) par Simon Corthay et Charlotte Woillez, 340 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Rabee Jaber Edition: Gallimard

 

Le temps de l’exil

Pour comprendre ce magnifique roman, il faut se replonger dans l’Histoire du Liban du 19e siècle lors des affrontements entre les Chrétiens Maronites et les Druzes. Ces derniers sont des Arabes dont la population vit aussi bien en Syrie, en Galilée, en Jordanie qu’au Liban. Les Druzes sont des musulmans qui appartiennent à une branche dérivée de l’Islam : l’Ismaélisme.

Le roman prend naissance dans les conflits préexistants avant le massacre des chrétiens par les Druzes en 1860, année à laquelle Hannan Jaacoub, le protagoniste de l’histoire, sera déporté vers les Balkans. En effet, les révoltes successives des paysans druzes du Mont-Liban contre les abus du gouverneur maronite entraînent les tueries des chrétiens à Damas où on comptait presque 5000 victimes dans la seule journée du 9 juillet 1860. Le roman s’y intéresse et l’auteur évoque effectivement cette tragédie dans les premières pages de son roman :

L’Ecole du Mystère, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Février 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Ecole du Mystère, janvier 2015, 160 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

« Le Saint-Esprit souffle où il veut, à travers tous les instruments et toutes les syllabes. C’est une Pentecôte immédiate, avec langues de feu et improvisations sans effort. Mystère de la foi, mystère de la musique, mystère du silence. “Vous entendez mon silence ?” dit la voix ».

L’art du roman est souvent une question de souffle, de vent céleste qui fait flamber les phrases et les pages, comme dans le Dào qui irrigue depuis longtemps les romans de Philippe Sollers. L’écrivain souffle où il veut, sans se soucier des vents contraires, de la morale sociale crispée et des jalousies françaises. Pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir L’Ecole du Mystère, et constater une fois de plus qu’il s’agit là d’une langue de feu – la langue française est une Pentecôte – qui embrase et embrasse le Temps – Le mot « temps » prend ici une majuscule, le Temps, retrouvé, avant d’être définitivement perdu – et ce n’est pas un hasard si Philippe Sollers invite à sa table d’écriture Zhuangzi, Proust, et Heidegger, trois langues et trois pensées de feu. La littérature est toujours une question de souffle, de rythme et de phantasiaque la lumière soit et lumière fut –, le mystère du roman est là, et les preuves ne manquent pas chez l’Européen des bords de Garonne et des jardins de Bordeaux : d’Une curieuse solitude, à Drame, en passant par Paradis I et II, Les folies françaises, ou encore Picasso le héros, L’étoile des amants et Médium.

Un an après, Anne Wiazemsky

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 02 Février 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Un an après, décembre 2014, 201 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Anne Wiazemsky Edition: Gallimard

 

On la reconnaît en photo noir et blanc sur le bandeau du livre ; Anne, comédienne de ces années-là, le regard fixé sur… son compagnon d’alors, Jean-Luc Godard, ou la manif du jour puisqu’en Mai 68 est situé ce récit, mi-autobiographie, mi-documentaire, qu’elle a voulu nommer – bel élan d’honnêteté – roman. Comme si – elle a raison – tout retour sur sa mémoire quand il y a dedans un Godard en Mai, ne pouvait complètement se revendiquer de l’Histoire.

Voyage baignant dans la fumée acre des lacrymo, des cigarettes aussi – ce qu’on fumait, alors ! De Paris à la Méditerranée des bobos de ce temps, en passant par le tournage des films, et en particulier des films italiens… c’est bien d’un voyage, dont il s’agit, dans le Paris intello, étudiant, politique, de ces extrêmes qui ont façonné l’époque, mais aussi – tout le précieux du livre – à l’intérieur, chez les Godard ou leurs amis, dans le secret également des cœurs interrogés et d’un couple qui se fendille. Beau voyage, sans pathos, ni déco inutile, qui se laisse peu à peu apprivoiser, livrant « leur 68 » de détail en atmosphère juste, ce 68 qui fatalement est un peu le nôtre à nous, leurs contemporains, et ne demande que peu d’efforts aux jeunes d’aujourd’hui, pour devenir le leur, puisqu’il s’agit de Godard.

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Henri Michaux

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 23 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Poésie/ Gallimard, 2014 . Ecrivain(s): Henri Michaux Edition: Gallimard

 

« Un moment qui traverse la route. Un moment qui n’insiste pas.

Un moment plutôt errant.

Un moment lendemain de grands moments »

(Lieux, moments, traversées du temps)

« Le chemin enchanté des regards

refait le corps admirable, et l’être semblable.

Mais l’automne, mon ami, est mon souci

l’automne, si tu comprends

Douce est l’origine de ailes… »

(Annonciation)

Peau de femme, Philippe Comar

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Peau de femme, janvier 2015, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Philippe Comar Edition: Gallimard

 

Une jeune femme dissèque minutieusement tout son corps, sous tous ses angles, plis, recoins et orifices, à travers ses humeurs et ses hormones, ses hivers et ses printemps. Anatomie du corps perçu jusqu’aux tréfonds du corps vécu, le livre nous offre une décomposition de l’intérieur par l’extérieur, conduisant jusqu’au bout l’ambivalence délicate d’avoir un corps tout en étant son corps. Comme un animal en pleine mue, une femme se vit selon sa chair, se raconte selon ses histoires de peau, et expulse ses amours par tous les pores. Il lui faut par là se retrouver et se perdre selon ses plus vives sensations qui sont autant de points nébuleux de ses souvenirs charnels.

S’ouvrant par ce qu’il serait convenu d’appeler une phénoménologie du corps, le livre séduit donc d’abord par une écriture venue d’ailleurs que de l’esprit. Affirmant la pluralité des corps selon une division ultime entre l’extérieur et l’intérieur, la multiplicité des corps se déploie selon le rythme et les impressions d’une femme encore assez jeune pour se découvrir et assez mûre pour se connaître un peu. Le corps-objet ou le corps-machine, le corps malade, le corps des orifices, le corps amoureux, le corps des souvenirs, le corps du quotidien, le corps imaginé, le corps d’une cantatrice, le corps-professeur, bref