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Ecriture

Tout autre chose que la nuit (3), par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Lundi, 25 Septembre 2017. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Troisième-premier

Une rentrée de Pâques, un avril frais, un prof absent et donc le cadeau d’une journée moins longue. Mais Louis est absent aussi, ce qui ne lui ressemble guère. Emmanuel passe chez lui en milieu d’après-midi. Il trouve la maison plongée dans un silence de moniale : Louis hospitalisé pour un début de péritonite, ses parents se trouvent à son chevet. Sa sœur lit un magazine dans la cuisine. Emmanuel se demande pourquoi elle-même n’est pas là-bas, mais ne pose pas de question.

Il remarque qu’elle n’est plus coiffée pareil ; ses cheveux raccourcis lui donnent des traits d’enfant. Elle sourit quand il lui en fait la remarque et il voit qu’elle rougit. Elle ne semble pas timide, d’ordinaire, mais au fond qu’en sait-il ? La pitié qu’il ressentait pour lui-même dévorait son regard sur les autres. Soudain, Métisse s’efface de sa tête et il regarde mieux la sœur de Louis.

Son nom ?

Confidentielle, par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Mardi, 19 Septembre 2017. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Tata Lily, notre grand-tante, avait beau se montrer la plus affectueusement enveloppante des Ancêtres de la famille, ses bras nous bercer dans sa voluptueuse corpulence, ses lèvres pourtant aussi poilues que celles des autres tantes ne jamais picoter nos joues lorsqu’elle nous embrassait, la douceur de son visage rendre irrésistible le moindre de ses désirs ; Camille et moi finîmes par nous accorder à la trouver insupportable sur le chapitre des courses dans la ville haute.

Chaque matin, éveillés de bonne heure dans la chambre-dortoir où les croisillons de la fenêtre sans persiennes tamisaient mal la première entrée du jour, nous nous levions en silence parmi nos cadets endormis et filions sur la terrasse puis jusqu’à la cuisine. Tata Lily, comme le rapportait sa légende confirmée discrètement par nos parents, devait avoir eu le temps dès avant l’aurore de prendre son bain de mer dissimulée nue derrière les rochers non loin de la Marine puis de nous préparer le petit-déjeuner. Après le rite copieux des baisers tendres ponctués de mèches encore mouillées, nous pouvions tremper à loisir ses tartines à l’huile d’olive dans un succulent chocolat de son secret. La table débarrassée, nous nous glissions tant bien que mal entre de nouvelles salves de baisers pour nous adonner à la contemplation de la mer depuis le muret de la terrasse tout en esquissant les possibles de notre journée enfantine.

Sentier escarpé, par Alix Lerman Enriquez

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 18 Septembre 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

J’arpente le jour comme j’arpente

le sentier escarpé de mon passé

qui brûle sous le soleil

et le silence de l’été.

 

J’y croise quelques coquilles d’escargot

effritées par l’érosion du vent,

encore accrochées à la pierre friable

comme le sable rose

de mes plages d’enfance.

A mon père (2) - Jour de pierre, par Emmanuel Levine

, le Mardi, 12 Septembre 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

Au petit matin, nous sommes avec toi.

Le rabbin appelle : Raphaël, Raphaël –

le nom d’un dieu qui guérit.

 

Découpant ton linceul,

il donnait à mon frère, à ma mère, à mes sœurs,

un brin de ton habit de ciel.

 

Au cœur de vies en train de déchanter,

nous avons affronté les rues grises.

Au manège, par Alix Lerman Enriquez

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 04 Septembre 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Au manège du jardin de Luxembourg,

j’enfourche un cheval de bois à bascule :

cheval de bois bleu aussi lisse que la mer,

aussi bleu que le ciel ce jour-là.

 

Ce jour-là, j’ai cinq ans et encore

plein d’étoiles dans les yeux.

J’ai cinq ans et encore

des espoirs plein la tête.