A mon père (2) - Jour de pierre, par Emmanuel Levine
Au petit matin, nous sommes avec toi.
Le rabbin appelle : Raphaël, Raphaël –
le nom d’un dieu qui guérit.
Découpant ton linceul,
il donnait à mon frère, à ma mère, à mes sœurs,
un brin de ton habit de ciel.
Au cœur de vies en train de déchanter,
nous avons affronté les rues grises.
Vers le jardin de pierre
où tu dois être envouté,
Nous vivons l’urgence indécise,
étrangère à ce monde étranger.
Nous ne pouvions que manquer ce jour de pierre.
Nous regardions la porte
dans le silence de mort.
Nous n’avions pas vu cette porte
depuis que tu es mort.
Ici, ton nom impraticable.
Je te donnais une gerbe de terre,
elle est magique je l’espère,
pour te tenir compagnie.
Nous t’avons porté jusqu’ici
sans que tu ne te sois réveillé.
Je reçois ce soir ta montre brisée
que j’écoute dans mon lit.
Emmanuel Levine
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