Le jardin
Modeste carré entouré de haies de buis, il végétait tranquillement sous le règne de propriétaires insoucieux qui laissaient pousser l’herbe haute, quelques ronces, et ne haïssaient pas les orties. Le liseron s’entortillait dans le buis ; la menthe crépue, jamais coupée, méditait l’invasion du coin nord. À l’ouest, vaillamment, les hortensias résistaient à toutes les incuries.
Au sommet d’un vieux pin ombrageant les poubelles une corneille avait bâti un nid désordonné. Les fourmis s’affairaient dans les graviers de l’allée, les punaises s’accouplaient sous les feuilles d’une rhubarbe à l’abandon. Des gendarmes noirs et rouges et des coccinelles pâles formaient l’aristocratie d’une faune qui n’avait jamais vu de papillons.
Quelques abeilles rousses d’une ruche voisine dérangeaient tenacement les petits déjeuners d’été sur la table qui neuf mois sur douze rouillait là gentiment.