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Les Dossiers

L'étranger dans l'art (2)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 24 Avril 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

« … le père travaille péniblement ce sucre que le Négrillon boit dans la même tasse avec sa riante maîtresse… ces négrillons et négrillonnes, empanachés et parfumés, on les achète… les reçoit en cadeau… Gouverneurs, intendants, grands colons, armateurs en offrent à tous ceux à qui ils veulent témoigner leur gratitude… Ainsi, les épouses des princes, des ministres, bref des grands de ce monde accueillent-elles dans leurs hôtels ces offrandes tropicales, comme de simples particuliers rangent dans leurs placards des citrons confits, quelques formes de sucre et une barrique de grains de café… On aime à les peindre auprès de grandes dames dont ils font ressortir l’éclat et la blancheur… »

 

L.-S. Mercier

 

Pendant des siècles, l’on fut persuadé que le beau en art était synonyme de blancheur immaculée. Au nom d’un idéal de noblesse et de pureté, – mouvement instauré à la fin du 18ème siècle –, on refusa la polychromie, jugée triviale. La sensibilité romantique et la naissance du courant orientaliste marquèrent, certes, un pas nouveau vers une reconsidération de différents types humains, mais accompagné d’un pittoresque colonialiste.

Putain d'indépendance. Entretien avec Khaddour Riad

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 18 Avril 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

Putain d’Indépendance, Khaddour Riad, Editions La Contre Allée, février 2012, 182 p., 17,50 €

 

« Ô bateau, emmène-moi loin de l’Afrique.

Dans mon pays je suis opprimé.

Ô bateau, emmène-moi au pays des lumières,

Plutôt Rome que vous autres ».

 

C’est par cet hymne scandé par les foules dans les stades d’Alger que Khaddour Riad, l’auteur de Putain d’Indépendance, nous propose de nous immerger dans son livre récemment publié aux Editions La Contre Allée.

Ecrit sous forme d’un récit autobiographique, cet ouvrage met en scène, sur un ton humoristique, des parcelles de vie de l’auteur en lien avec l’histoire coloniale et post-indépendance de l’Algérie.

Si l’indépendance a permis une promotion sociale pour les Algérien-ne-s qui, sous domination coloniale, ont fait l’objet d’injustices et ont vécu dans des conditions précaires et misérables, l’auteur s’évertue à souligner l’échec des tenants successifs du pouvoir algérien à tenir les promesses de l’indépendance.

L'étranger dans l'art (1)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 10 Avril 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

Dans la salle à manger tendue de noir, ouverte sur le jardin de sa maison subitement transformée, montrant ses allées poudrées de charbon, son petit bassin maintenant bordé d’une margelle de basalte et rempli d’encre et ses massifs tout disposés de cyprès et de pins, le dîner avait été apporté sur une nappe noire, garnie de corbeilles de violettes et de scabieuses, éclairée par des candélabres où brûlaient des flammes vertes et par des chandeliers où flambaient des cierges.

Tandis qu’un orchestre dissimulé jouait des marches funèbres, les convives avaient été servis par des négresses nues, avec des mules et des bas en toile d’argent, semée de larmes.

Huysmans, A rebours

 

 

Dès le 16ème siècle, les artistes européens ont souvent représenté des figures d’africains selon une forme et des attitudes spécifiques, dans certaines œuvres à caractère religieux, voire les admirables Adoration des Mages où les peintres Dürer et Altdorfer reprennent des scènes conformes aux grands textes de l’Evangile.

L'art de la biographie. Entretien avec Ariane Charton

, le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

« Une biographie, c’est avant tout laisser parler la personnalité et la replacer dans son temps de façon ordonnée et chronologique ».


Entretien avec Ariane Charton, biographe d’Alfred de Musset, de Debussy (Gallimard, collection Folio bio, 2010 & 2012), et de Marie d’Agoult (Editions Kirographaires 2011)

Spécialiste de l’époque romantique, Ariane Charton a par ailleurs établi l’édition de la correspondance amoureuse entre Marie Dorval et Vigny (Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé). Elle est également l’auteur du Roman d’Hortense (Albin Michel, prix littéraire de la ville de Mennecy 2010) consacré à Hortense Allart, la dernière maîtresse de Chateaubriand, et d’une anthologie Cher papa, les écrivains parlent du père (J.-C. Lattès).


Son blog : Les âmes sensibles http://actualitte.com/blog/arianecharton/

Cthulhu à Helsinki (2)

, le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

Etude de quelques constantes des récits post-lovecraftiens

Comparaison avec d’autres nouvelles récentes


Nous avons jugé utile de mettre cette nouvelle en perspective avec deux autres nouvelles post-lovecraftiennes ayant une tendance au second degré, dont les auteurs aiment à se servir des allusions au maître de Providence, non pas pour instiller la peur en s’inscrivant dans une tradition littéraire qui a fait ses preuves, mais plutôt pour adresser des clins d’œil ludiques au lecteur : H.P.L. (1890-1991), de Roland C. Wagner (Wagner 2000 : 261-277), et Shoggoth’s old peculiar (en français La spéciale des Shoggoths à l’ancienne), de Neil Gaiman (Gaiman 2005 : 147-159).

La nouvelle de Neil Gaiman n’aurait strictement aucun intérêt pour des lecteurs ne connaissant pas Lovecraft, car elle repose entièrement sur des allusions à celui-ci, sur des détournements, tout part de l’œuvre de l’écrivain américain et ne semble pas chercher à parler d’autre chose qu’elle. L’intrigue est la suivante : un jeune touriste américain, Ben Lassiter, erre sur la côte anglaise, trompé par un guide de voyage bourré d’approximations et de mensonges ; il arrive par hasard dans un village appelé Innsmouth, où par bonheur il trouve enfin un pub ouvert et parvient à assouvir sa faim.