Le vrac contre l’humain. Un des arguments faciles de ceux qui contestent le droit de s’émouvoir des victimes dans le monde, dessinateurs tués, ou femmes enlevées, et celui du poids : pourquoi on s’émeut de 17 morts, à Paris, et pas de 2000 au Nigéria, de 30 à Gaza, de 45 en Syrie etc. ? L’argument sert à meubler les visions de rejets : l’Occident est traître et immoral, le monde est hypocrite, les solidarités sont sélectives et ainsi de suite, jusqu’à la dernière goutte de café ou de salive. Vrai ? Non, ou autrement, explique un ami.
Le fond du problème est simple : une vie n’est pas seulement une vie, c’est aussi une civilisation, un pays, un respect, une démocratie. Si les morts dans certains pays sont vus comme peu de choses et ne sont pas traités comme des victimes du 11 septembre 2001, ce n’est pas la faute à l’Occident. Un mort vaut ce que vaut le vivant. Si vous, vous ne respectez pas vos vivants, comment voulez-vous que les autres respectent vos morts ? Si le vivant est traité comme mort, comme ennemi, comme poids mort ou avec l’irrespect de nos nations envers les siens, comment s’étonner que les médias ne le traitent pas au détail mais au vrac ? Un mort est aussi son propre pays, sa nation, la civilisation laissée aux siens, la somme des vivants qu’il a côtoyés.