Identification

Babel (Actes Sud)

Survivants, Russell Banks

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 01 Juin 2015. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Survivants, traduit de l’américain par Pierre Furlan, 256 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Russel Banks Edition: Babel (Actes Sud)

 

En 1975, Russell Banks (1940) voit quelques-unes de ses nouvelles réunies sous un très beau titre : Searching for Survivors, Survivants en français (une nuance est perdue, mais elle n’est pas essentielle) ; il n’est pas encore l’auteur majeur de Continents à la Dérive, De Beaux Lendemains ou encore American Darling, mais la qualité de ces romans incite l’amateur à se pencher avec bienveillance sur ces œuvres de jeunesse. Cet amateur est récompensé de sa curiosité : Banks, alors trentenaire, affiche une claire maîtrise de l’art narratif, même lorsqu’il fait ses gammes.

Une caractéristique que possède déjà Banks au plus haut point, c’est l’empathie envers ses personnages : peu importent leurs faiblesses, leurs défauts, la façon dont ils ont mené leur existence, aucun jugement n’est posé sur eux. Banks décrit des agissements, des comportements, rapporte des paroles, mais ne s’institue pas en petit comptable de l’existence de ses personnages ; cet art, il le portera à la perfection avec le Bob Dubois de Continents à la Dérive, mais c’est littéralement une autre histoire.

Silo, Hugh Howey

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 26 Mars 2015. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Silo, novembre 2014, traduit de l’anglais (USA) par Yoann Gentric et Laure Manceau, 622 pages, 9,90 € Edition: Babel (Actes Sud)

Silo est un roman d’anticipation (le premier tome d’une trilogie déjà publiée par Actes Sud dans la collection Exofictions en 2013-2014 et qui passe donc là en version poche). C’est aussi au départ une autoédition via amazon qui a fait donc blockbuster comme on dit en jargon outre-Atlantique, mais il n’est pas difficile d’admettre que quand on est entré dans Silo, on ne peut plus en sortir. Les plus de 600 pages nous tiennent en haleine, si bien qu’on ne focalise pas sur quelques défauts qui pourraient venir se glisser dans la trame. A vrai dire, on peut chipoter, trouver quelques facilités, incongruités, mais l’ensemble est juste vraiment prenant et le principal moteur ici pour poursuivre la lecture et le plaisir quasi enfantin, au sens noble sens du terme, qu’on y prend.

Le silo semble être le dernier lieu habité de la Terre, dont l’atmosphère suite à on ne sait quelle apocalypse est devenue totalement irrespirable. Dans ce silo immense, des générations se sont succédé, en totale autonomie énergétique et très organisées. Chacun y a sa fonction mais ça ne semble pas contraignant au premier abord. La procréation y est sous contrôle, tout est sous contrôle, sous la supervision d’un maire, un shérif et son adjoint. 130 étages, un seul escalier central en acier et des mines encore plus bas, le tout enterré.

Mes bifurcations, André Brink

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Biographie, Récits

Mes bifurcations, septembre 2014, traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Bernard Turle, 617 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Babel (Actes Sud)

 

Lignes de vie

Mes bifurcations est un récit fleuve que l’on peut qualifier d’autobiographie. André Brink évoque ses années d’enfance en Afrique du Sud. Puis il relate les premiers éveils de sa conscience face à la question raciale durant sa période estudiantine. Mais son récit souligne surtout l’impact de son voyage à Paris à la fin des années 1960. C’est en terre étrangère qu’il prend réellement conscience de la gravité tant morale qu’éthique du concept de l’Apartheid. Poussé par ses amis, Paris a été une catharsis pour notre écrivain. Ainsi confesse-t-il :

« Ils me poussèrent à revenir sur des sujets avec lesquels mon séjour à Paris m’avait familiarisé mais que je n’avais pas approfondis. Mes nouvelles fréquentations me permirent, pour la première fois dans ma vie, de me lier d’amitié avec des Noirs ».

Cherchez la femme, Alice Ferney

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 30 Octobre 2014. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Cherchez la femme. Réédition 10/2014. 702 p. 11 € . Ecrivain(s): Alice Ferney Edition: Babel (Actes Sud)

 

A travers un récit transgénérationnel décliné selon deux grandes histoires d’amour, Alice Ferney entreprend un vaste roman et une analyse psychologique du couple, de ses débuts à son délitement. Racontant l’histoire de Serge Korol à partir de la seconde moitié du livre, l’auteur déploie d’abord patiemment celle de ses parents, de leur rencontre, des motivations secrètes, sous-tendu par un principe psychanalytique bien connu : le passé de nos aïeux, et de nos parents pèse de toute sa force sur notre éducation, notre enfance, nos projets, nos désirs, et nos choix.

Dès lors, Alice Ferney revient sur cette première intrigue amoureuse, celle des parents de Serge : Nina Javorsky, fille et petite-fille de mineurs polonais et Vladimir Korol ingénieur de la mine. A travers les lignes, l’auteur entend moins décrire le présent des protagonistes pour ce qu’il est que pour le résultat de facteurs conjugués dont il résulte : nulle vérité romanesque à l’œuvre, mais le décryptage du mensonge romantique à partir du passé des êtres et des désirs qu’il sécrète. La rencontre tend donc vers sa décomposition en éléments simples : désir de s’élever socialement pour Nina Javorsky, désir de transformer un simple désir charnel en un coup de foudre pour Vladimir Korol. L’amour et le couple naissent plus souvent qu’on ne veut bien le dire de ces ingrédients dont on souhaite se cacher la simplicité :

Seins et œufs, Mieko Kawakami

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 10 Juin 2014. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Japon

Seins et œufs, traduit du japonais par Patrick Honnoré, mars 2014, 108 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Mieko Kawakami Edition: Babel (Actes Sud)

 

Les touche-à-tout exaspèrent. Elle est japonaise. Diplômée de philo. Musicienne. Actrice. Romancière. Poète. Et d’autant plus exaspérante qu’elle a la beauté griffante des héroïnes futuristes d’un Enki Bilal. Seins et œufs (Chichi to Ran), son premier roman traduit en français, et qui lui avait valu le prestigieux prix Akutagawa à sa sortie, en 2007, vient de ressortir dans la collection de poche Babel. Mieko Kawakami nous ferait vraiment tout gober.

Les seins, ce sont ceux de Makiko, qui rêve, du haut de ses quarante ans, de se les faire refaire, dans cette clinique de la ville d’Osaka où elle se rend avec sa fille de douze ans, Midoriko. Installées dans le petit appartement de Natsu, la jeune sœur célibataire de Makiko, mère et fille vont partager avec elle leurs embrouilles successives, leurs disputes, leurs incompréhensions devant les questions que posent la féminité de leur corps mutant et les regards bridés de la société nippone contemporaine.