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Arts

Phrases de la rue, Photographies, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 05 Février 2021. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Phrases de la rue, Photographies, Jean de Breyne, éditions de L’Ollave, décembre 2020, 128 pages, 19 €

Phrases de la rue est le titre parfait pour ce livre, consistant en un reportage photographique de divers tags (insolents, émouvants, ironiques, profonds…) glanés par l’auteur, en quelques années, dans quelques villes européennes et nord-américaines. Cette visuelle littérature de bitumes (parisien, marseillais, barcelonais, zagrebois, montréalais, lisboète…) imprime en effet – sans commentaire autre que la préface vive et nette de Michèle Aquien – de petits discours muraux, des graffiti choisis et fidèlement enregistrés, et le sens est, là, pour le lecteur, comme il est ou a été, dans la rue !

Nous savons que la plupart des graffiti réels sont bêtes (comme des confidences à tue-tête, des morceaux choisis d’un néant que ne corse pas sa dispersion), sales (à peine propres sur eux, et maculant leurs marges) et méchants (redoublant le mal qu’ils auscultent ou dénoncent), mais leur principe reste attachant, et leur initiative méritoire :

Extension de la lumière, Jean-Louis Rambour, Pierre Tréfois (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 04 Novembre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Extension de la lumière, Jean-Louis Rambour, Pierre Tréfois, La Salamandre, 2019, 107 pages . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

Le titre et quelques lignes en épilogue tournent d’emblée le lecteur vers cette lumière entrevue au sortir du tunnel lorsque l’existence qui nous enfonce dans l’obscur de ses douleurs – pertes proches, deuil, « cendres » – nous offre tel « le phénix renaît de ses cendres » une issue « to the happy few ». Dédié au fils disparu pour le poète Jean-Louis Rambour (« Tout est écrit en pensant à François »), cet opus poétique trace par ses mots et ses créations picturales une « extension de la lumière » via les textes de J.-L. Rambour et les dessins de P. Tréfois qui signent ensemble une troisième publication après La Vie crue (éd. Corps Puce) et L’Éphémère capture (éd. Eranthis). Les arabesques dessinées, les courbes, l’élan vertical figurent comme une flamme, au cœur du texte poétique qui en diffusent les mouvements écrits par le poète en scènes narratives précises et imagées. Jean-Louis Rambour possède cette puissance de faire sourdre la poésie au cœur même du récit de la vie concrète et symbolique. Avec des sauts d’images étonnants, surprenants, qui secouent la passivité de l’esprit du lecteur ou dont les raccourcis fulgurants pulvérisent le cadre de nos regards formatés :

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, Ernest Pignon-Ernest (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Espagne, Actes Sud

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, septembre 2020, trad. espagnol, Yves Lebas, 78 pages, 26 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Son art du toreo, miracle d’harmonie azurée, accomplit ce que les poètes, d’Arthur Rimbaud à Federico García Lorca, ont voulu ardemment convoquer : l’éternité ici et maintenant, fût-elle d’une précarité de cristal, comme l’avènement même du duende ».

Sur un nuage de terre ferme est un livre écrit et dessiné pour se souvenir, se souvenir sans nostalgie aucune de cette corrida du 22 juin, comme l’on se souvient d’une musique, d’un roman, que notre mémoire avive. Sur un nuage de terre ferme est un petit livre d’admiration, admiration partagée entre un poète et un peintre-dessinateur pour un torero unique, un matador éternel. Ses apparitions sont rares, Valence, Nîmes, Grenade, il devait revenir dans la cité gardoise en ce mois de septembre, mais le virus en a décidé autrement. A Nîmes le 16 septembre 2012, une éternité, il écrit son Temps retrouvé en solitaire. Nombreux furent les spectateurs présents ce dimanche midi à se dire qu’il ne servait à rien désormais de se rendre aux arènes, tout venait d’être dit, dans l’excellence du geste.

Le lièvre invisible, Olivier Born, Michel Bouche (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 15 Octobre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le lièvre invisible, Olivier Born, Michel Bouche, éd. La Salamandre, septembre 2020, 160 pages, 34 €

 

Croyez-vous aux voyages dans le temps ? Selon Maxime Chattam : « La machine à voyager dans le temps existe. C’est la magie. Et la magie existe bien. Dans les mots ».

Et c’est justement un voyage dans le temps que nous effectuons en suivant les auteurs, Olivier Born, photographe animalier, et Michel Bouche, naturaliste, sur les traces du « lièvre invisible », ce fantôme des neiges très difficile à observer en raison de ses capacités de camouflage (de livrée blanche en hiver et brune en été), cet animal légendaire du temps des mammouths également surnommé lièvre variable ou blanchon.

En effet, ce petit animal nocturne, silencieux, est un véritable « lièvre à remonter le temps » puisqu’il existait déjà quelques dizaines de milliers d’années en arrière au temps des glaciers du Quaternaire. Il est fascinant de se dire qu’il côtoyait des aurochs, des ours des cavernes, des tigres aux dents de sabre, mais aussi d’autres espèces existant encore de nos jours comme le tétras-lyre, le renard polaire, le lagopède.

La solitude Caravage, Yannick Haenel (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 12 Octobre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard)

La solitude Caravage, 336 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Yannick Haenel Edition: Folio (Gallimard)

 

Le Caravage ou la dernière des solitudes

Evoquer la figure du peintre Le Caravage revient à se heurter à beaucoup d’inconnues. Cet artiste fut d’ailleurs quasiment oublié pendant de longs siècles. C’est au milieu du XX° que l’historien de l’art Roberto Longhi a exhumé son œuvre et sa mémoire des tombeaux de l’histoire. Et c’est un cadavre auréolé de toute une légende qui va alors resurgir. Déjà, à son époque, on le considérait comme un « extravagant » ainsi que le jugeait l’un de ses mécènes le cardinal Del Monte. Et on ne cesse de le qualifier aujourd’hui comme un artiste maudit à l’instar de Villon, Sade ou Rimbaud, peut-être à tort. Il est vrai que c’est un peintre passionné, c’est le moins que l’on puisse dire, un être fiévreux, ombrageux, à la vie incandescente et au tempérament de flamme. Un esprit transgressif encore, frondeur, bagarreur et qui fut poursuivi dans les dernières années de sa courte vie pour un crime commis au cours d’une rixe. Une sorte de « bad boy » dans le XVI° siècle italien.