Identification

Arts

La main sur le cœur, Yves Harté (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 13 Avril 2023. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Le Cherche-Midi

La main sur le cœur, Yves Harté, Le Cherche-Midi, Coll. Les Passe-Murailles, août 2022, 160 pages, 18,90 € Edition: Le Cherche-Midi

 

« À mesure que se croisent le souvenir de Veilletet et le portrait de Juan de Silva, comme deux images au-dessus de ces plaines où nous avions si souvent roulé, je vois naître leur tristesse soigneusement masquée. Trop d’exubérance chez l’un. Trop de solennité chez l’autre ».

« Ici je me sens sudiste, et j’ai mes zones humides jusqu’au fond de l’Andalousie, dans La Marisma. La vache flamande ou médocaine y est remplacée par le taureau de combat, mais c’est le même territoire imbibé, que le soir enveloppe de vapeurs et de silence, le même horizon bas qui s’affale pour laisser toute la place au ciel dans le tableau » (Pierre Veilletet) (1).

La main sur le cœur est un livre, où un tableau, un portrait unique et admirable, déclenche chez l’auteur une effervescence de mémoire. Il retrouve, par le miracle d’une toile du Greco et de son modèle, un temps qu’il croyait perdu. Ce temps qu’il partagea avec Pierre Veilletet (2), sur les routes d’Espagne, entre les musées et les arènes, dans des années déjà anciennes où un toro noir d’Osborne, perché sur une colline, veillait sur les voyageurs.

Stéphane Spach Photographe (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 09 Janvier 2023. , dans Arts, Les Livres, Recensions, La Une Livres, L'Atelier Contemporain, Albums

Stéphane Spach Photographe / Editions l’Atelier Contemporain / Novembre 2022 / 334 pages / 35 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Fixer des vertiges

 

Parcourir les photographies de Stéphane Spach, c'est découvrir un monde fait d'étrangetés, de surprises et d'éblouissements. Notre curiosité se voit piquée en allant d’une photographie à l’autre comme autant de révélations ou d’interrogations. Tout d'abord, il y a ce que nous ne voyons pas. Aucune représentation humaine, pas de portraits ni de scènes où l'être humain serait central. En revanche, les sujets saisis par le photographe sont des plus divers. Il y est question de scènes forestières (souvent hivernales), de clichés de plantes isolées, de cadavres d'oiseaux ou bien des intérieurs abandonnés, ou encore des objets usagés sous forme de séries (vieilles lampes-torches, couteaux rouillés…). Ces choses sont représentées comme autant de natures mortes ou de vanités dans la grande tradition picturale.

Version originale, Jean-Claude Götting (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 09 Novembre 2022. , dans Arts, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Version originale, Jean-Claude Götting, Payot & Rivages, Coll. Virages graphiques, septembre 2022, 96 pages, 22 €

Nous découvrons dans le dernier album graphique de Jean-Claude Götting, Version originale, 40 travaux au format paysage de 26,5 x 20 cm, conçus en une sorte de ciné-roman (cher à Chris Marker), en noir et blanc. Jean-Claude Götting invente le synopsis d’un film intimiste avec des éléments de réminiscences d’histoires d’amour, heureuses ou malheureuses. De mini-événements se télescopent, une phrase courte se lit en sous-titre français sur chaque planche. L’on pense à des morceaux de Son nom de Venise dans Calcutta désert, par le côté décousu du scénario, ou bien de L’Année dernière à Marienbad au vu de l’anonymat des personnages et de la dominante de « l’écriture blanche ».

Des FRAGMENTS sont insérés, dont deux dialogues de Diastème (né en 1966, écrivain, dramaturge et réalisateur), un texte expérimental de Pauline Peyrade (co-responsable du département Écrivain.e.s-Dramaturges de l’ENSATT), un monologue de Charlotte Lagrange (metteuse en scène et dramaturge, formée au TNS), ainsi qu’un dernier dialogue de Vincent Farasse (né en 1979, metteur en scène et comédien).

Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Mercredi, 05 Octobre 2022. , dans Arts, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel, Editions Le Mot Et Le reste, Coll. Attitudes, août 2012, 456 pages, 26 € Edition: Le Mot et le Reste

 


Le livre que signent Yves Delmas et Charles Gancel aux Éditions Le Mot Et Le reste, Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, se définit d’emblée non comme un livre d’Histoire mais d’histoires, non comme un documentaire, mais un concert. Il s’agit, au fil des morceaux de l’époque, depuis l’arrivée de Bob Dylan à New York en 1961 jusqu’au concert de Joan Baez en 1972, chantant sous les bombes américaines à Hanoï, de retracer à travers le prisme de la chanson contestataire américaine la révolution musicale et sociale des années soixante.

Un peigne pour Rembrandt, et autres fables pour l’œil, Daniel Kay (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans Arts, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Gallimard

Un peigne pour Rembrandt, et autres fables pour l’œil, Daniel Kay, mai 2022, 107 pages 12,50 € Edition: Gallimard

 

Voici la poésie « peinte » à l’instar des natures mortes. Voyage entre « consonnes épiphanes » et « Souvenir du Quattrocento » quand la nature, primordiale, sert de vecteur à une poésie qui macère l’idée, imprègne l’instant tel un vif trait de peinture tandis que les cinq sens font le reste : « Ce serait seulement quelques objets regardés avant même de recevoir le nom des couleurs, la forme des figures, quelques présences… ».

Tout serait Art à allumer les étoiles, à parfaire le langage qui devient résultante des ressentis. On ne se lasse pas de cette fabrication d’images en continu tandis que l’auteur semble faire grand cas d’une sorte de liaison esthétique entre nymphes et statues.

Les interprétations picturales sont détournées en autant de fables qu’il y a de sources d’inspiration.

Le tragique transparaît parfois entre corps vautrés « dans cette grande housse de plastique où coule la chair comme le fleuve dans sa gangue de ténèbres » tandis que les ombres, cependant, peuvent faire rayonner les objets puisque, « éternelles amies de la chandelle, elles donnent à être ».