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Arts

Le Désir de voir, Laurent Jenny (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 29 Septembre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Le Désir de voir, Laurent Jenny, août 2020, 168 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Des mots aux images – et retour

Laurent Jenny enseigne à l’université de Genève. Il a publié de nombreux travaux sur l’esthétique et l’idéologie littéraires. Dans Le Désir de voir, il glisse vers une forme d’autobiographie (ciblée) en remontant l’histoire de son initiation progressive au regard pictural et photographique. Surgissent les étapes de cette métamorphose. Voir dans le noir, L’instant de voir, Voir en rêve, et Manières de voir, segmentent l’exploration de plusieurs modes de vision, au croisement d’expériences personnelles, d’expérimentations artistiques, de lectures et de « regards ».

Les mots mettent progressivement le feu aux poudres des images. Et tout commence à l’ombre de Michaux et ses peintures-idéogrammes, puis avec et entre autres les œuvres d’Alexandre Hollan et ses dessins d’arbres, les encres de Joan Barbarà, les monotypes de Degas, l’Outrenoir de Pierre Soulages, et des « photographies » d’Oscar Muñoz.

Sanguinaires, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde, Albums

Sanguinaires, juillet 2020, 96 pages, 24 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d’exister, sur ces plages que nous nous sentons être, et où déferle l’émotion en marées hautes » (Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité) (1).

Sanguinaires est l’album d’un photographe de l’intranquillité et du tragique qui rôde. La lumière qui décline porte ce tragique. Le photographe la saisit, la nuit s’annonce, le ciel en témoigne, et la mer en porte les premières traces. Le photographe est là, face au large, c’est une Ode Maritime (2) qu’il offre, à ses pieds un reflet dans une flaque de mer, et le bleu noir profond de la Méditerranée, c’est la première photo de Sanguinaires.

L’histoire se poursuit, un palmier qui se dérobe, une terrasse face à la mer qui se lève, l’écume des vagues comme une lettre adressée au photographe attentif à son précieux regard. Des volets bleus qui s’ouvrent sur un jardin. Là, des pins parasols qui s’élancent telles des vigies. Ici, le regard d’un mouton, et toujours cette incroyable lumière sous tension, où le ciel bleu, gris, noir rejoint l’ocre de la terre, et le vert des arbres.

Erdgeist, Patrick Bogner (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 18 Août 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Erdgeist, Patrick Bogner, juillet 2020, 144 pages, 35 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

La beauté silencieuse des terres septentrionales

Ouvrir le livre du photographe Patrick Bogner, c’est découvrir des clichés de terres inhospitalières et austères, des photographies en noir et blanc de paysages âpres, durs et quasi désertiques. Ces photographies ont été prises près du cercle arctique, dans les Orcades, les Féroé, ou encore en Islande, Ecosse et Norvège, toutes présentées sans légende, sauf leurs coordonnées de latitude et de longitude. Les scènes y sont immanquablement hivernales. C’est un univers minéral et sévère que l’on découvre, invitant à une sorte d’ascèse du regard.

L’ouvrage est intitulé Erdgeist, l’esprit de la terre, en référence au premier Faust de Goethe. Patrick Bogner s’inscrit d’ailleurs dans la plus pure tradition romantique, notamment celle du « Sturm und Drang » ou encore des tableaux de Caspar David Friedrich, à la recherche d’une proximité avec une nature sauvage et primitive, celle où le « sublime » transparaît. Le sublime, ce sentiment esthétique bien codé, né avec le romantisme et qui relève de la contemplation de la laideur, du terrible ou encore de l’horreur.

Sollers en peinture, Une contre-histoire de l’art, Olivier Rachet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 02 Juillet 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Sollers en peinture, Une contre-histoire de l’art, Olivier Rachet, 214 pages, 21 € Edition: Tinbad

 

« Manet, Picasso ne sont ni modernes ni contemporains. Ce sont des dieux grecs, panthéistes et athées à la fois. Ils ne commandent rien mais font signe vers toute une palette de possibles, à faire vibrer ici et maintenant. Il n’est sans doute pas anodin que L’Éclaircie soit placée sous l’égide du Parménide de Martin Heidegger auquel Sollers emprunte les citations suivantes, autant de clefs pour comprendre la portée musicale de son écriture de la peinture :

« Un dieu grec n’est jamais un dieu qui commande, mais un dieu qui montre, qui indique.

Les dieux sont ceux qui regardent vers l’intérieur, dans l’éclaircie de ce qui vient en présence ».

Sollers, Rachet, ne sont ni classiques, ni modernes, ni contemporains. L’un écrit depuis toujours, sous la haute protection de déesses attentives, l’autre sait tellement bien lire et écouter les peintres, qu’il en devient écrivain. Sollers est en peinture depuis toujours, comme il est en musique, en littérature, et au cœur de la vie libre. Il faut simplement, lecteur agile, ne pas perdre de vue ce qui se découvre sous nos yeux lorsque l’on ouvre l’un de ses romans ou l’un de ses essais.

Le « Portrait d’un jeune homme » de Rembrandt, Jan Six (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 15 Juin 2020. , dans Arts, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Payot

Le « Portrait d’un jeune homme » de Rembrandt, Jan Six, 160 pages, 20 € Edition: Payot

 

 

Si différentes soient-elles (l’une s’inscrit dans l’espace, l’autre se déploie dans le temps), la peinture et la littérature ont en commun de susciter des querelles d’attribution. Mais les conséquences ne sont pas les mêmes : qu’un texte soit ou ne soit pas de Corneille, de Montesquieu ou de Zola n’a qu’un impact marginal. Tout au plus rend-il caducs les volumes d’Œuvres complètes publiés en Pléiade ou par d’autres grands éditeurs. En 1996, un chercheur américain avait proposé d’attribuer à Shakespeare un texte mineur connu de longue date, A Funeral Elegy (1612). Le débat s’était conclu par le rejet de cette hypothèse, mais avait permis (aurait-ce été le but ?) à Donald W. Foster de voir sa photographie dans les grands médias, posant en Hamlet, crâne en main et mortier sur la tête, obtenant ainsi un peu plus que le quart d’heure de célébrité promis à chacun, selon Warhol.