Warum, Pierre Bourgeade (par Jean-Paul Gavard-Perret)
Warum, Pierre Bourgeade, janvier 2020, 242 pages, 19,90 €
Edition: Tristram
Fin d’été
Il fut un temps où Pierre, le héros de Warum, semblable et frère de son auteur, ne se contentait pas de rêver les femmes. Il se les calait douces, les enfilait comme se passe un pull en hiver pour se réchauffer. Il avait les épaules larges, elles y cherchaient un creux et certaines pensent encore à lui. Car ils ont fait des fêtes et ont dû swinguer du valseur avec lui sur le She loves you des Beatles.
Mais néanmoins lentement cœur se fendille, corps se fume. Reste à savoir où commence l’indifférence ou si l’on préfère comment meurent les amours. « Qui s’exprime lorsque le corps ne répond plus ? » avoua Bourgeade à une de ses dernières égéries. Et c’est à cette réponse que Warum fait écho dans son aspect road-movie en hommage à La Femme au nom d’une voire de plusieurs d’entre elles.
Ce roman se veut celui de l’impuissance. Néanmoins il existe encore à défaut d’absolu romantique des passes. Il suffit parfois de prendre une bretelle d’autoroute pour que celle d’une robe ne résiste pas longtemps. Ce n’est pas beaucoup mais Pierre se serait contenté de moins. Il se rend en voiture dans le nord de l’Europe pour retrouver une femme qu’il n’a pas revue depuis des années. Aux moments où rencontres fortuites se mêlent aux souvenirs, rêveries et fantasmes, le road-movie littéraire prend des dimensions que le simple déplacement objectif ne suffit pas à embrasser.
Les récits, les personnages s’empilent dans ce qu’ils ont de plus intime. L’écriture fluctue en de tels appendices. Le texte devient le testament prémonitoire de celui, qui, éternel enfant perdu, resta à la recherche terrestre de l’envol, de l’appel d’air au sein même de ce que la matière possède de plus dense et de plus organique mais tout autant d’« impossible ».
Restent ces effluves de femme puis de maman – ou l’inverse. Pour récurer les pensées. Dans divers lits. Et le héros faisant corps avec ça. A présent, au présent. Sans état d’arme. S’applique, s’épuise. Abandonne. Déserte. Ne bouge plus. Comme elle dans sa robe. De ville en ville, de port en port. Et vogue le navire
VL 3
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Cette cotation est attribuée par le rédacteur / la rédactrice de la critique ou par le comité de rédaction.
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VL1 : faible Valeur Littéraire
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VL3 : assez haute VL
VL4 : haute VL
VL5 : très haute VL
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Jean-Paul Gavard-Perret
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