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Ville ou jouir, et autres textes navrants, Christophe Esnault (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret 24.04.20 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Louise Bottu

Ville ou jouir, et autres textes navrants, mars 2020, 164 pages, 14 €

Ecrivain(s): Christophe Esnault Edition: Editions Louise Bottu

Ville ou jouir, et autres textes navrants, Christophe Esnault (par Jean-Paul Gavard-Perret)

 

La ville et ses fantômes

Christophe Esnault s’élève entre autres et à sa manière contre les impostures de la poésie et de son édition dans un livre où sans s’engendrer les uns les autres, les textes se complètent.

Certains diront que les hallucinations sont innombrables là où l’auteur n’a rien d’un petit soldat. Ils peuvent même penser que son Cogito est percé de trous. Mais c’est qu’une illusion de ceux qui ne connaissent pas la nuit et préfèrent la poésie qui ne fait pas de plis.

Esnault dessine ici un cheminement, une dérive. Il ne croit pas à la solidarité ni que l’amour domine le monde. D’où son « besoin vital de se retrouver seul(e) ». D’autant qu’il a une certitude : il ne vaut pas mieux que les autres. Ce qui ajoute de la valeur à ce qu’il écrit.

Ses textes sont là pour dire ce qui est. Et qui nous sommes avec nos névroses comme diverses gaietés de l’escadron humain. D’où une écriture acerbe où par la bande se dit le possible et l’impossible de ceux qui fomentent la poésie. Mais pas seulement.

Sachant que très tôt la lumière se retire, Esnault parie ou a parié sur la caverne de la nuit se vantant de sa force comme de sa faiblesse. Une angoisse pèse sur lui mais l’ironie la biaise, et sans vraiment le mettre en exergue se lit dans ce texte un savoir d’amour.

Le tout dans les ruines de la ville la nuit, ses épiphanies, ses commotions soudaines. C’est pour Esnault à la fois une manière de prendre la fuite et de résister là où la réalité – et quelle que soit l’heure – est dure à étreindre.

Au moment où du dehors, le nocturne semble avoir gagné sa propre existence, le poète crée des changements de registre d’un texte à l’autre et jusqu’au « bonus track » final. D’où le souffle agissant d’un livre dont la ferveur dans la colère contre soi et le monde est incandescente. Elle ne cesse de remuer les nuits blanches comme les braises et les « baises » de l’existence.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Christophe Esnault, né en 1972, vit à Chartres. Lecteur boulimique de tous les auteurs écorchés de génie depuis Isidore Ducasse, il se dit resté traumatisé par les innombrables lectures du sublime 4.48 Psychose, de Sarah Kane.

  • Vu : 1812

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A propos de l'écrivain

Christophe Esnault

 

Christophe Esnault, né en 1972, réside en Neuroleptie. Écrit comme un insuffisant respiratoire cherche de l’air… Traumatisé par les innombrables lectures du sublime 4.48 Psychose de Sarah Kane. Co-parolier et filmeur du groupe Le Manque (source : ventscontraires.net, la revue collaborative du Rond-Point).

Bibliographie : Aorte adorée, La Porte, 2014 ; Neuroleptie, La Porte, 2014 ; Amor omnia, Les Penchants du roseau, 2014 ; L’hydrolyse affriolante, La Porte, 2013 ; Carnet retrouvé sur cadavre (sous le pseudo de K. Lewandowski), La Machine Folle, 2013 ; L’amour ne rend pas la monnaie, Storylab (collection Décalab), 2012 ; Isabelle, à m’en disloquer, Les doigts dans la prose, 2011.

 

Murielle Compère-Demarcy

http://www.poeviecriture.over-blog.com/

Publications en revue (Comme en poésie, Traction-Brabant, Mille et un poètes, rubrique Trouvaille de Toile… dans la revue Expression des Adex), Aéropage, Florilège, Libelle, Portique, Art & Poésie, Traversées, Poésie/Première, La Passe, Nouveaux Délits ; Décharge, Verso, Le Moulin des loups, Comme en poésie, Recours au poème, Traction-Brabant, Traversées : publications en cours 2015). Publications sites on line dédiés à la littérature en générale, à la poésie en particulier : chroniques, éditos, articles critiques/recensions sur sites en ligne (La Cause Littéraire, Traversées, Recours au Poème, Tas de mots, Ce qui reste, La Pierre et le Sel). Recueils de poésie Atout-Cœur (éd. Flammes Vives, 2009) ; L’Eau-Vive des falaises (Michel Cosem éd. Encres Vives, coll. Encres Blanches, Avril 2014). Recueil de nouvelles, La F—du Logis, septembre/octobre 2014. Recueil de poésie dédié à Jacques Darras : Je marche--- poème marché/compté à lire à voix haute (Michel Cosem éd. Encres Vives, coll. Encres Blanches), août 2014.

Publications en cours :

1 recueil de poésie aux éditions Le Citron Gare, Patrice Maltaverne éditeur (Metz), juin 2015. Didier Melique aux illustrations ; 1 recueil de poésie aux éditions La Porte, Yves Perrine éditeur (Laon), Printemps 2015 ; 1 tiré-à-part pour Coupure d’électricité aux éditions du Port d’Attache, Jacques Lucchesi (Marseille), mars 2015 (paru février 2015) ; 1 numéro pour la Revue Chiendents aux éditions du Petit Véhicule, Luc Vidal (Nantes) en cours d’écriture.

 

A propos du rédacteur

Jean-Paul Gavard-Perret

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Domaines de prédilection : littérature française, poésie

Genres : poésie

Maisons d’édition les plus fréquentes : Gallimard, Fata Morgana, Unes, Editions de Minuit, P.O.L


Jean-Paul Gavard-Perret, critique de littérature et art contemporains et écrivain. Professeur honoraire Université de Savoie. Né en 1947 à Chambéry.