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Temps couvert… Pas de vent, Odile Gapillout

Ecrit par Arnaud Genon 02.11.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Temps couvert… Pas de vent, Ed. de la Rémanence, coll. Traces, décembre 2014, 170 pages, 16 €

Ecrivain(s): Odile Gapillout

Temps couvert… Pas de vent, Odile Gapillout

 

Comment rendre-compte d’une vie ? Que dire d’une enfance, d’un passé enfoui ? Odile Gapillout, dans Temps couvert… Pas de vent, fait le choix de ne rapporter que des bribes, des souvenirs épars, des fragments. Pas de continuum, de récit totalisant qui nous restituerait – ou prétendrait le faire – dans l’entièreté de notre être.

Son livre, c’est un album photo sans images, ce sont des images devenues mots, revenues à la surface. Ce sont des moments de vie, des épiphanies, mais aussi des moments plus graves et douloureux. La narratrice les saisit, les conserve, les embaume en autant de petits mausolées qu’il y a de chapitres.

La narratrice, c’est Lucile. Ce n’est pas Odile, pas tout à fait du moins. La quatrième de couverture nous signale pourtant qu’Odile Gapillout est la fille de Robert, qui est aussi le père de la narratrice. On apprend par ailleurs dans le texte que la grand-mère de Lucile s’appelle, tout comme l’auteur, Gapillout. Pourquoi ce jeu avec l’identité ? Pour garder une distance semble-t-il, la juste distance pour se raconter, pour rendre à ces instants leur authenticité. Pour dire que le temps a passé. Que nous ne sommes peut-être plus les mêmes.

L’histoire de la narratrice, de son enfance, c’est aussi celle de ses parents. Robert, son père, est un fonctionnaire de police. Ce qu’il aime, c’est jardiner, cultiver son potager, écouter la radio. Il construit de ses propres mains une maison mais s’efface toujours devant sa femme, Lucienne. Elle est aimante mais jalouse et rarement satisfaite. De ses crises, personne ne sort indemne. Elle sombre dans la dépression, puis la folie qui l’emporte. Tout dans sa vie était devenu un enfer. « Puis l’enfer ce sera elle ». « Dépressions à répétition… électrochocs… Mise en retraite anticipée… Episode de mélancolie. A la fin, toutes ces histoires eurent raison d’elle ».

Après Lucienne, Robert rencontrera une autre Lucienne. C’est avec elle qu’il vieillira, à ses côtés qu’il disparaîtra. A l’excès de sa vie d’avant, a succédé « la retenue, la mesure, l’équilibre ».

Retenue, mesure, équilibre c’est aussi ce qui caractérise l’écriture d’Odile Gapillout. Cette vie, qui est la sienne, elle la restitue avec autant de tendresse que de recul, dans un geste émouvant et lucide.

 

Arnaud Genon

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A propos de l'écrivain

Odile Gapillout

 

Longtemps enseignante puis documentaliste, Odile Gapillout vit près de Paris. Temps couvert… pas de vent est son deuxième ouvrage édité, après Le taureau par les cornes (Kirographaires, 2012).

 

A propos du rédacteur

Arnaud Genon

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Rédacteur

Domaines de prédilection : Littérature française et francophone

Genres : Littérature du "je" (autofiction, autobiographie, journaux intimes...), romans contemporains, critique littéraire, essais

Maisons d´édition : Gallimard, Stock, Flammarion, Grasset


Arnaud Genon est docteur en littérature française, professeur certifié en Lettres Modernes. Il enseigne actuellement les lettres et la philosophie en Allemagne, à l’Ecole Européenne de Karlsruhe. Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University), il est l´auteur de Hervé Guibert, vers une esthétique postmoderne (L’Harmattan, 2007), de L’Aventure singulière d’Hervé Guibert (Mon petit éditeur, 2012), Autofiction : pratiques et théories (Mon petit éditeur, 2013), Roman, journal, autofiction : Hervé Guibert en ses genres (Mon petit éditeur, 2013). Il vient de publier avec Jean-Pierre Boulé,  Hervé Guibert : L'écriture photographique ou le miroir de soi (Presses universitaires de Lyon, coll. Autofictions etc, 2015). Ses travaux portent sur l’écriture de soi dans la littérature contemporaine.

Il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org