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Sur les rails De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Anne Reverseau (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland 10.12.18 dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Poésie

Sur les rails De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Les Impressions nouvelles, août 2018, 128 pages, 13 €

Ecrivain(s): Anne Reverseau

Sur les rails De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Anne Reverseau (par Ivanne Rialland)

 

 

C’est un joli petit volume que nous propose Anne Reverseau avec cette anthologie illustrée consacrée aux trains. L’iconographie est abondante. Tout en noir et blanc, elle est composée de gravures et de photographies anciennes. Ce choix, qui a sans doute des raisons économiques, crée l’atmosphère propice pour retrouver l’émerveillement – ou l’effroi – des débuts du chemin de fer, comme nous y invite Anne Reverseau à travers sa sélection de textes.

Ceux-ci, nombreux – 72 extraits – ne sont toutefois pas concentrés sur ces seuls débuts héroïques. Ils s’échelonnent du milieu du XIXeau XXIesiècle, montrant la persistance de cette fascination pour les trains et les gares, en dépit de ce que pouvait augurer Apollinaire dans « La victoire » (Calligrammes) :

Nous n’aimons pas assez la joie

De voir les belles choses neuves

Ô mon amie hâte-toi

Crains qu’un jour un train ne t’émeuve

Plus

Regarde-le plus vite pour toi

Ces chemins de fer qui circulent

Sortiront bientôt de la vie

Ils seront beaux et ridicules

 

Les trains restent d’extraordinaires vecteurs d’émotions, comme le prouvent avec éclat les poèmes tout à fait contemporains de Valérie Rouzeau (Va où, 2015), Christine Jeanney (Ligne 1044, 2015) ou Miriam Van Hee (Gare le soir, 2002). Les surprises viennent aussi des textes les plus anciens : un amusant extrait d’une « physiologie » – genre à la mode au XIXe siècle – signée Maurice Alhoy, un passage de La maison du berger (1844) de Vigny, qui déplore la vitesse des chemins de fer. D’autres auteurs sont plus attendus sur ce thème – Verhaeren, Cendrars, Marinetti – mais on les retrouve avec plaisir. Majoritairement francophone, la sélection s’ouvre cependant à des espaces littéraires variés, avec des textes d’Italo Svevo, Walt Whitman, Harry Blomberg…

Plutôt qu’un classement chronologique, l’auteure a adopté une organisation thématique, les sept parties de l’anthologie correspondant à autant de facettes de l’imaginaire ferroviaire : Trains express Trains d’enfer Trains de nuit Trains et paysages Trains du bonheur Trains de la mémoire Trains et fantasmagories. Le livre invite ainsi à des promenades variées au gré de son humeur, cette fréquentation vagabonde étant encore favorisée par la brièveté des extraits – pas plus de deux pages. Dans le cas des romans –La Bête humainede Zola, La Madone des sleepingsde Maurice Dekobra – ces modestes dimensions nous laissent parfois sur notre faim – mais les extraits romanesques sont peu nombreux et c’est la poésie qui domine largement le recueil.

La brève préface, aussi élégante qu’informée, montre le tact avec lequel l’auteure, par ailleurs chercheuse reconnue dans l’étude des liens entre photographie et poésie, sait user de son savoir académique. La fin du volume indique avec précision la source des textes et des images et offre aux plus curieux une bibliographie rassemblant œuvres de création, anthologies et études universitaires.

 

Ivanne Rialland

 


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A propos de l'écrivain

Anne Reverseau

 

Anne Reverseau, enseignante et chercheuse, est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la photographie. Elle a publié, en 2013, Paris, petite anthologie du désamour (Parigramme).

A propos du rédacteur

Ivanne Rialland

 

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Rédactrice


Ivanne Rialland est écrivaine et chercheuse. Elle travaille à l'heure actuelle à l'université de Versailles-St Quentin en Yvelines.