Sommes-nous condamnés à perpétuité par la religion ?, par Amin Zaoui
Entre nous et l’Histoire, le chemin est brouillé. Les musulmans sont obsédés par leur passé. Un passé qui ne bouge point. Figé. Inerte. Un passé, poids, fardeau, qui, à son tour, ne fait pas bouger ces musulmans, ses acteurs. Pour les musulmans, l’Histoire est l’équivalent du passé. Religieusement, ils regardent leur passé, avec glorification, avec adoration, hallucination, fascination, avec obsession, sans réflexion aucune, sans critique. Aveuglément.
Le passé n’est pas l’Histoire. Les autres nations étudient leur Histoires afin de ne pas retomber dans leur passé. Afin d’éviter la stagnation, la décomposition, de putréfaction. Pour ne pas se baigner une nouvelle fois, une deuxième foi, dans la même eau usée, sale. Les Arabes et les musulmans en général reviennent à leur Histoire afin d’y rester, d’habiter leur passé. Habiter le passé pour toujours. Retourner au passer, chez les musulmans, c’est pour faire revenir ce passé dans leur présent. Pour faire de ce passé un projet de leur société future !
Pourquoi ce retour des musulmans vers leur passé afin d’y habiter ? Tout simplement parce que le musulman a peur pour sa religion. Il veut la garder vierge. Comme elle l’était aux premières années de la révélation ! Le musulman a peur pour son Dieu ! Ainsi, le musulman est habité par la peur du futur et la peur de l’autre, la peur du changement. Il se considère, il se voit, il s’imagine comme en état de guerre sainte continue ! Les musulmans, dans leur tête, sont en guerre sainte, déclarée ou muette, depuis quinze siècles ! Le passé musulman pour les musulmans est inoxydable ! Et dans cet état d’inoxydabilité réside la décadence de la société musulmane. Les musulmans avancent à pas sûrs et hâtives mais vers l’arrière ! Dans le sens inverse de l’Histoire. Les musulmans n’analysent pas leur Histoire, ils essayent de la reproduire, en vain ! “Lire” l’Histoire (je mets le mot lire entre guillemets), pour les musulmans, n’est pas un acte pour la prendre en leçon qui aide à l’avancement vers un futur meilleur, pour éviter les guerres, pour bannir les haines, pour semer la diversité, pour surmonter le sous-développement, mais au contraire cette “lecture” est une sorte de promenade continuelle dans un jardin imaginaire, fictif. Une randonnée perpétuelle pour se vanter des mérites qui sont dépassés, périmés. Les musulmans ont lu, et continuent à lire leur l’Histoire avec une mentalité chevaleresque : Sabre. Sable. Cheval. Honneur. Chasse. Vengeance. Expansion. Les musulmans “lisent” leur histoire politique, par exemple, la période d’el khoulafas arrachidine (les Califes guidés), en pensant que tout était blanc ! Propre. Juste. Positif. Paradis. Et ils veulent la transporter et la transplanter dans leur temps. Mais l’Histoire nous démontre que ce n’était pas le cas : pourquoi un tel Calife à été assassiné, pourquoi l’autre a été empoisonné, pourquoi cette guerre entre eux… Les musulmans “lisent” les hadiths en pensant que tout ce qui a été dit, écrit dans les livres est sacré !! et ils n’ont pas le courage intellectuel de faire le nettoyage dans ces textes religieux, oubliant que beaucoup de ceux qui se sont donnés à l’écriture des hadiths n’étaient que des pions, des nègres ou des serviteurs du Prince. Le texte religieux n’est pas innocent, politiquement parlant. Dans tous leurs actes historiques, culturels et même scientifiques, les musulmans étaient prisonniers, en proie à la vision totalitaire religieuse et le sont toujours. Le temporel a été éliminé, chassé. Le sens de la critique est absent. La colère prend le dessus sur la raison. Le fanatisme à la place de la spiritualité. La fainéantise et la paresse à la place du travail. En Algérie, on raconte l’anecdote suivante et qui symbolise cette religiosité maladive ancrée dans la société : dans les années quatre-vingt-dix, et à l’occasion du Salon international du livre d’Alger, les Algériens achetaient tout livre composé de plusieurs tomes et dont la reliure est hautement religieuse : Tarikh Al Tabari ou Sahih el Boukhari ou Sira d’Ibn Hicham… de ce fait ils ont acheté le “Capital” de Karl Marx dont la reliure ressemble à celle des livres religieux ! Cette situation qui perdure dans le monde musulman a fini par produire et reproduire une société condamnée à perpétuité par le poids de la religion. Enfanter un individu religieux dans ses actes, son imaginaire et dans sa langue. Une société hypocrite, recroquevillée sur elle-même et consommatrice, avec un individu vidé de tout sentiment de citoyenneté, un individu candidat à tous les genres de suicide religieux.
Amin Zaoui
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