Sigila n°48, Revue (par Jean-Jacques Bretou)
Sigila n°48, Revue, éditeur Gris-France, février 2021, 211 pages, 17 €
Rappelons-le, Sigila est une revue biannuelle transdisciplinaire franco-portugaise sur le « secret ». Ce numéro 48, couvrant la période automne hiver 2021, a pour thème la « vengeance ».
La vengeance est un thème universel. De l’Antiquité à nos jours, on en trouve de nombreux exemples, que ce soit celui d’Achille tuant Hector pour venger la mort de Patrocle, celui d’Hamlet vengeant son père où bien encore ceux fameux de Monte-Cristo ou de Colomba. Hana Yanat et Abbas Torbey les évoque dans leur article servant d’introduction à la revue, dans lequel ils soulignent que, malgré les progrès de la civilisation humaine et le recours au droit positif, la notion de vengeance hante toujours nos inconscients.
Pour sa part, Michel Erman, professeur à l’université de Bourgogne, se penche sur le cas de Julie Kolher (la bien nommée ?), l’héroïne du film La Mariée était en noir, de Truffaut, qu’il nous présente comme une « moderne et mélancolique Médée » lorsqu’elle assassine les cinq hommes qu’elle prend pour responsables de sa douleur et de la mort de son mari. Le but d’Erman est de souligner le lien de parenté qui existe bien souvent dans les actes de vengeance.
Rivon Krygier, rabbin, nous invite à une réflexion sur la fameuse loi du Talion, « Œil pour œil, dent pour dent », et sur ce qu’en dit vraiment le judaïsme, savoir si la loi a évolué.
Ronald Raminelli, professeur à l’Université Fédérale Fluminence (Brésil) a choisi de nous parler de vengeance dans le cadre des relations difficiles au XVIe siècle entre les Portugais et la population Tupis connue pour son cannibalisme.
Delphine Bouit traite des rixes entre bandes de nos jours et des notions de vengeance et de justice.
Il faudrait souligner aussi, comme Myriam Benraad, la rumination de la vengeance, en traitant de la violence jihadiste, ou comme Zoé Schweitzer rapprocher la vengeance et sa publicité comme elles existent dans les tragédies de Médée et d’Atrée.
Comme on peut le constater, le sujet est loin d’être épuisé, la revue est très riche, illustrée d’une iconographie abondante et de poèmes originaux. Les signatures sont brillantes. Dans le présent numéro, en plus de poèmes de Luis de Camões, nous avons un très bel hommage adressé à Eduardo Lourenço (1925-2020) qui avait été l’auteur de la préface du numéro 21 de la revue (« Entrelacs-Entrelaços »). Cette revue est de conception classique avec des résumés en fin d’ouvrage, une liste de publications, de spectacles et l’actualité portant sur le secret. Et de plus, elle est abordable à toute personne un peu curieuse.
Jean-Jacques Bretou
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