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Seul le bleu reste, Samaël Steiner, estampes de Judith Bordas

Ecrit par Cathy Garcia 20.08.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Poésie

Seul le bleu reste, éd. Le Citron Gare, juin 2016, 87 pages, 10 €

Ecrivain(s): Samaël Steiner et Judith Bordas

Seul le bleu reste, Samaël Steiner, estampes de Judith Bordas

 

Une traversée, voici ce qu’évoque ce recueil de Samaël Steiner. Ombre et lumière tissées par une langue dense et sensuelle. Traverser et être traversé et Seul le bleu reste. Des villes, des lieux, traversés par des corps, des corps qui marchent, des corps qui glissent,

« Nous allons ensemble,

la rue n’est plus bordée de portes

mais de larges entailles, par lesquelles

on peut se glisser

et apparaître ailleurs et autrement »

des corps qui se touchent, des corps et des êtres que seul un voile de peau sépare, des corps qui se désirent, des êtres qui s’aiment, des corps ouverts souvent comme des fruits ou des poissons, des corps qui tombent, des corps comme des morceaux de pays traversés de guerre, « les corps sont là / la tête traversée » comme celle du danseur de la place Maïdan :

« Il danse,

il a un trou rouge à l’arrière de la tête ».

Ces corps « dont ne reste plus que cet amas de nerfs, noués

et cette peau qui sans ton être n’est même

pas le début d’un tambour »

car voilà, le corps ne se suffit pas, il doit être habité, comme est habité ce recueil, habité d’âme et d’un cœur qui bat pas seulement pour lui-même, mais aussi et surtout pour l’autre.

« Ton bras est ouvert tout le long de la rue,

les passants longent tes veines pour rejoindre le fleuve ».

Et la parole elle-même est traversée, transpercée, poésie vêtue de jour et de nuit, de vie et de mort, qui puise à même les peaux et les os, en elle toutes frontières, limites, se dissolvent et le cœur de ce recueil tissé de routes et de passerelles, c’est bien ça, un chemin allant de l’unicité à l’union, l’universel « simplement un homme pour traverser la nuit » et qui dit union, dit aussi perte et séparation, le corps de l’autre et la maladie et la mort dans le corps de l’autre, et toujours l’amour, l’amour qui éblouit et bouleverse le lecteur, tout particulièrement dans les derniers poèmes du recueil.

« Je t’aime avec tendresse,

je t’aime à retourner une ville »

Et seul le bleu reste, magnifique, sombre et lumineux à la fois, comme le sont les estampes de Judith Bordas qui l’accompagnent.

 

Cathy Garcia

 


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A propos de l'écrivain

Samaël Steiner et Judith Bordas

 

Samaël Steiner est auteur à la fois pour le théâtre, la poésie et des enregistrements radiophoniques et éclairagiste (formé à l’ENSATT de Lyon pour le théâtre également, la danse et le cirque), deux pratiques qui se nourrissent l’une l’autre. Sa rencontre avec l’auteur, acteur et metteur en scène André Benedetto à qui est dédié ce recueil, fut décisive, autant pour le théâtre que pour la poésie. Ses précédents recueils ont été publiés dans de nombreuses revues, en France et à l’étranger. Vie imaginaire de Maria Moline de Fuente Vaqueros, récit poétique, est paru aux éditions de l’Aigrette en mars dernier. Seul le bleu reste est son deuxième livre.

Judith Bordas est plasticienne ainsi qu’auteure pour le théâtre et la radio. Auteure d’images imprimées (linogravures, eau-forte, monotypes), auteure de partitions pour corps et voix sur une scène ou à la radio, son travail de plasticienne est multiple.

 

A propos du rédacteur

Cathy Garcia

 

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Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature française et étrangère (surtout latino-américaine & asiatique)

Genres : romans, poésie, romans noirs, nouvelles, jeunesse

Maisons d’édition les plus fréquentes : Métailié,  Actes Sud

 

Née en 1970 dans le Var.

Premier Prix de poésie à 18 ans. Premiers recueils publiés en 2001.

A Créé en 2003 la revue de poésie vive NOUVEAUX DÉLITS. http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

Fin 2009, elle fonde l’association NOUVEAUX DÉLITS :

http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes,  mélange de diverses techniques et de collages. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Travail présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net :

http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com

Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo : http://imagesducausse.hautetfort.com/ Ce qui  a donné lieu à trois Livr’art visibles sur internet dans la collection Evazine :

http://evazine.com/livre_art.htm