L'Homme-Alphabet, Richard Grossman (par Yann Suty)
L’homme alphabet – Le Cherche midi Lot 49 – 488 p. 21 €
Ecrivain(s): Richard Grossman Edition: Le Cherche-Midi
C’est un étrange objet que cet Homme-alphabet. Il suffit de le feuilleter et de voir toutes ces pages remplies pleines de jeux typographiques qui pourraient rappeler La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski. Plutôt que d’en parler, mieux vaut quelques photos :
Quant au fond. L’Homme-alphabet est raconté à la première personne. Du moins dans un premier temps.
Le narrateur, Clyde Wayne Franklin, est accusé d’un crime et il dispose de juste assez de temps devant lui pour raconter sa version de l’histoire et prouver qu’il est innocent. Même s’il reconnaît qu’il n’est pas aussi blanc que neige. « Avec un fusil, un pistolet, un couteau et une hache. Je l’ai fait. Les morts que j’ai causées, toutefois, je ne m’en souviens pas exactement. »
Clyde Wayne Franklin est bel et bien un meurtrier. Le premier meurtre qu’il a commis était celui de son père. Il l’a décapité. Mais il n’y a eu que deux meurtres : le père et les autres.
Pour le meurtre de ses parents, Clyde Wayne Franklin a été condamné à vingt ans en prison. A sa sortie, il a publié un recueil de poèmes, puis une épopée. Il a notamment remporté le Pescod Literary Award. Il est le premier criminel à obtenir cette distinction.
Son corps est entièrement recouvert de lettres. D’où son surnom d’Homme-alphabet. Ses tatouages sont « un alphabet cutané » qui contient toutes les lettres de l’alphabet. Sauf une.
Un jour, il fait la rencontre de Barbie, une ex-prostitué. Le coup de foudre est immédiat. Après plusieurs nuits torrides, ils se fiancent. Peu après elle disparaît. Elle disparaît parce qu’elle aurait voulu faire chanter un sénateur dont elle détenait des photos compromettantes. Clyde se lance à sa recherche. C’est le début d’une enquête ? Avec en fonds les lieux de pouvoir ? Oui, mais pas tout à fait.
Car Clyde a un autre problème : il souffre de troubles de la personnalité multiples.
Il y a une autre voix qui parle dans ce livre. Ou plutôt qui parle à Clyde et qui peu à peu va prendre le pas sur lui. Cette voix, c’est celle du « clown », elle qui aime tant multiplier les jeux typographiques. Un peu trop d’ailleurs. Remplir deux pages de « X » et seulement de « X », pourquoi pas, mais 8 à la suite n’est-ce pas un brin exagéré ?
Mais de cette manière, Grossman parvient à rendre compte de la folie, d’une folie rampante qui peu à peu contamine le héros jusqu’à finir par l’écraser. Clyde se rend compte qu’il ne va plus pouvoir la maîtriser. Il ne va plus pouvoir se maîtriser. Mais d’abord, il doit retrouver Barbie, son amour… En aura-t-il le temps avant de sombrer ?
Yann Suty
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