Premières neiges sur Pondichéry, Hubert Haddad (2ème critique)
Premières neiges sur Pondichéry, janvier 2017, 192 pages, 17,50 €
Ecrivain(s): Hubert Haddad Edition: Zulma
Le récent livre de Hubert Haddad est un hymne à l’amour, dans chacune des formes qu’il peut prendre dans cette vie et sur cette terre.
C’est d’abord l’amour porté à une ville : Si je t’oublie Jérusalem est inscrit en lettres blanches sur le bandeau rouge de la couverture de l’ouvrage, comme un leitmotiv subliminal. Jérusalem considérée comme un paradis perdu, en quelque sorte retrouvé au cours d’un voyage en Inde, de Pondichéry à Chennai. L’Inde comme refuge, « destination privilégiée des jeunes refuzniks de Jaffa et de tel-Aviv ».
Hochéa Meintzel, violoniste virtuose maintenant âgé, a échappé par miracle, avec sa fille adoptive Samra, à un attentat à Jérusalem ; il s’agit d’un drame qui a eu lieu il y a vingt-sept ans et qui l’a marqué à vie.
« Chez nous, au Kerala – lui raconta Naudi-Naudi un jour de verve –, les juifs ont été accueillis à bras ouverts par les rajahs, voici des siècles. […] Les juifs se sont si bien intégrés à la société indienne qu’ils ont adopté ses festivités petit à petit, sa cuisine, ses modes vestimentaires, et même ses castes, Blancs et Noirs bien séparés, les Pardesi et les Malabari ! »
Les retrouvailles d’Hochéa avec la foi juive et une forme de paix sont célébrées au cours de ce voyage initiatique, dans ce pays profondément croyant et religieux, à sa manière.
C’est ensuite l’histoire d’une amitié indéfectible qui se noue entre Hochéa et Matuswami, jeune musicienne qui accompagne pas à pas le violoniste lors de son séjour indien. Les liens d’affection qui attachent Hochéa à Matuswami sont très forts et se révèlent à l’occasion d’un morceau privé que lui joue Hochéa : « C’était pour toi, Matuswami. Je ne jouerai sans doute plus jamais cet air. Enfant, j’ai dû l’entendre à Lodz, peut-être dans un rêve ».
On assiste ici également au désir érotique et violent d’un homme, Anandham, pour la jeune Matuswami : homme-taureau, sorte de prédateur-séducteur dont Matuswami se gausse mais dont elle a un peu peur, car elle ne l’aime pas d’un amour charnel : « Elle s’était imaginée sous la protection d’Anandham, son éventreur. Un taureau ivre ne distingue plus les cris des mots ni la peau du vêtement. La violence des hommes est identique à leur désir ».
Enfin et surtout, ce qui se joue ici, c’est la rencontre entre deux pays, deux cultures, deux religions : l’Inde et Israël. Accompagnés par la musique, le temple hindouiste et la synagogue se côtoient dans un œcuménisme humaniste empreint de douceur.
Sylvie Ferrando
Lire la critique de Léon-Marc Levy sur la même oeuvre
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