Première version du monde, Esther Tellermann
Première version du monde, Editions Unes, août 2018, 148 pages, 20 €
Ecrivain(s): Esther Tellermann
La recréation du monde selon Esther Tellermann
La poétesse reste la maîtresse en poésie d’un imaginaire particulier. Elle mêle les éléments de sa psyché personnelle à divers symboles en un long poème qui n’a plus rien à voir avec un brouet dispendieux qui ramènerait le texte à une autofiction.
Se pénètre un monde labyrinthique et gnomique fait d’un langage abrupt et sans concession. Ce long poème réunit le chant et ses fractions au sein d’une voix intérieure qui semble toujours sur le point de se casser. La poétesse évite tous les effets là où l’ésotérisme se transforme en fulgurance afin de donner à l’intimité une face nouvelle. A travers elle Esther Tellermann ouvre des interrogations là où elle feint de n’offrir que des états de constatation.
Sa première version du monde d’Esther Tellermann pourrait être la dernière ? Il est vrai que la poétesse sait ce qu’il en est de la vie et sa fable souvent tragique. A travers des silhouettes esquissées dans les « digressions de l’existence » des voix au sein des culs de sac que l’Histoire fomente en ses répétitions.
Les êtres sont ici victimes parfois agissantes de la paranoïa du temps dans un mixage de meurtres, d’oublis rédhibitoires, de sexe voire de tentative de refondation au sein d’une rêverie ou d’un cauchemar violent et désespéré.
Il s’agit pour Esther Tellermann de tenter d’arracher le monde à sa répétition et son « acharnement à disparaître ». Bref l’auteur tente de reprendre nos vieilles images afin d’inventer une autre fiction contre l’Histoire et son appétence à la destruction.
Jean-Paul Gavard-Perret
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