Pour Emma (première partie) - Madame Bovary, Gustave Flaubert (par Didier Smal)
Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €
Lorsque l’on effectue une recherche relative à Gustave Flaubert (1821-1880) sur le site de La Cause Littéraire, on trouve des articles dans lesquels cet auteur est mentionné en passant, référence obligée, deux listes de « livres à lire » dans lesquelles le roman Madame Bovary (1857) est plus qu’honorablement classé (c’est bien, ça a un petit côté trophée sportif, à ceci près qu’on a omis de mentionner dans quel club évoluait Flaubert, à moins que ce soit Emma Bovary qui pratique le patinage artistique ou ait pris des stéroïdes ?), et deux articles dédiés à cet auteur. L’un est la recension d’un ouvrage relatif à sa vie, ouvrage dont les extraits cités laissent à penser qu’il est aussi passionnant et réjouissant qu’un petit crachin occupant une journée de novembre (le mois, pas la nouvelle de Flaubert). L’autre est la recension des volumes II et III de ses Œuvres « en la Pléiade » et s’intéresse en long et en large à la phrase flaubertienne – en omettant de citer que le paragraphe dont Flaubert était le plus fier, dans Madame Bovary, était le suivant : « Six heures sonnèrent. Binet entra ». Bref, on indique qu’il faut lire Madame Bovary, n’en déplaise au procureur Pinard, on parle (mal) de la vie de l’auteur, et on glose sur son style – et comme d’habitude avec un classique « qu’il faut avoir lu », l’impression désolante que tout un discours périphérique semble interdire de voir l’œuvre autour duquel il gravite.
Et si on s’intéressait au propos de ce roman ? Si on s’intéressait à ce que dit Madame Bovary, aujourd’hui encore, à quel point ce roman est une incitation à l’introspection, au regard exact posé sur soi dans la société moderne ?
Commençons par le plus célèbre des chapitres de ce roman, celui qui va inciter Barbey d’Aurevilly à créer le mot « bovarisme » (depuis, en toute logique littéraire mais non linguistique, le « i » a été remplacé par un « y ») dans l’essai Les Œuvres et les hommes, dès 1865 – en moins de huit années, donc, c’est dire si Flaubert a marqué l’imaginaire de son époque, a répondu à une de ses questions implicites, non posées mais bien présentes à l’esprit. C’est du chapitre VI de la première partie de Madame Bovary qu’il est question, celui où Flaubert plonge dans le passé lisant d’Emma, elle qui, à la fin du chapitre précédent, se rendant compte que la vie avec Charles est d’un morne sidérant, en vient à se demander « ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres ». Elle se souvient, elle se remémore, et Flaubert avec elle, et tout le monde remarque que de sa lecture de Paul et Virginie, elle a retiré le désir de vivre comme dans le roman de Bernardin de Saint-Pierre puisqu’elle « avait rêvé la (je souligne) maisonnette de bambous », et non « une maisonnette de bambous ». Et Flaubert d’organiser les lectures d’Emma, des « Conférences de l’abbé Frayssinous » aux « méandres lamartiniens » en passant par ces romans où « ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes » (magnifique et ironique accumulation, qui démolit ce type de roman, mais pas la jeune lectrice) et Walter Scott. L’on s’aperçoit aussi qu’Emma semble ne retirer pas grand-chose de ses cours d’histoire que ce qui la nourrit, elle, et se plonge avec un rien trop de délectation dans des « keepsakes » à la poésie douteuse et aux gravures clichées. Et tout le monde de déduire qu’Emma a un problème, typiquement féminin bien sûr (on relève la même misogynie condescendante dans La Fille Élisa d’Edmond de Goncourt, publié en 1877), dans sa relation à la fiction et au monde en général, qu’elle semble réduire aux échos de ses propres affects. Emmalade de la littérature, en somme – et on omet régulièrement de remarquer que, parmi les lectures de cette jeune femme, la qualité (Bernardin de Saint-Pierre, Walter Scott, mais aussi le Hugo de Notre-Dame de Paris, puisqu’elle nomme sa chienne Djali) côtoie la médiocrité industrielle, et qu’elle lit seule, sans personne pour échanger, partager et donc évoluer dans ses goûts, ses affinités. Tout le monde est bien sûr de n’avoir jamais lu des ouvrages médiocres faute d’avoir acquis des critères, acquisition qui ne peut se faire qu’à force de confrontations, d’échanges, de partages ? Puis, tout le monde est-il bien sûr de ne lire que « ce qu’il faut » ? Enfin, tout le monde est bien sûr de mettre de côté ses affects en lisant ?
D’autant que ce n’est pas si simple que cela en a l’air, cette histoire d’une Emma perdue dans les livres, et que Flaubert, dans ce chapitre spécifique, évoque notre relation, complexe, à la fiction en particulier. Reprenons depuis le début. Emma n’a reçu aucune éducation culturelle, aucune aptitude au recul sur la fiction ou ce qu’elle comprend du monde (ce n’est pas son père, paysan enrichi débonnaire, qui aurait pu les lui procurer), et elle se retrouve dans un couvent où elle va juste recevoir une éducation à la romance – celle contenue dans les romans prêtés par la « vieille fille » (une femme bien au fait des réalités sentimentales, donc…) « aux grandes, en cachette », celle destinée aux jeunes femmes, et que blâme à juste titre Mona Chollet dans Sorcières (à ceci près qu’elle aurait gagné en crédibilité en mentionnant justement Madame Bovary, au lieu de citer des articles des magazines Elle et Marie-Claire, ou des publications sur Instagram – étrange conformité à ce qu’elle critique). Comment blâmer cette jeune femme seule, avec ses désirs informulés, d’y croire, elle à qui les sermons « soulevaient au fond de l’âme des douceurs inattendues » (Pinard attaquera Flaubert pour ces mots – heureusement qu’il n’avait pas lu les écrits de Sainte-Thérèse ni vu la sculpture faite de celle-ci par le Bernin…), et en qui résonnent donc des émotions auxquelles rien ne l’a préparée, sans nul rapport avec le réel qui l’environne (la ferme paternelle, un couvent de province) et qu’elle ne peut (se) communiquer ? Comment la blâmer de ne pas être en mesure d’adopter un point de vue ironique sur ces romans couverts de la « poussière des vieux cabinets de lecture » et autres « keepsakes » puisqu’ils représentent la norme éducative dans le milieu où elle a été projetée ? Comment lui reprocher d’être plus « sentimentale qu’artiste » alors que nous ne valons guère mieux, sauf à considérer une délirante arrogance intellectuelle façon Homais ? Par ailleurs, Flaubert interdit au lecteur d’adopter un point de vue supérieur par rapport à Emma : par deux fois dans ce chapitre, il use d’un « nous » qui l’inclut, lui, l’auteur-narrateur, mais surtout inclut le lecteur, quand bien même celui-ci serait un homme. Relisons le texte, rien que le texte : « elle se serait peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d’ordinaire, ne nous [je souligne] arrivent que par la traduction des écrivains ». Et d’une. On se sent déjà un peu moins faraud ? « [Dans les gravures des « keepsakes »] vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles, aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous [je souligne] montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l’horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ». Et de deux. Tout le monde a compris ? On peut se défendre du second « nous », en invoquant le fait qu’on n’a jamais ouvert un « keepsake » de sa vie – mais c’est de la malhonnêteté intellectuelle, car tout le monde s’est un jour laissé bercer par l’improbable, et y a cru, a désiré y croire, s’y perdre, et y a pris plaisir. Par contre, impossible de se défendre du premier « nous » : qui peut affirmer qu’aucun de ses ressentis n’est influencé par la fiction, littéraire, cinématographique ou même picturale ? Exemple simple : tout le monde est bien sûr que sa vision de l’amour lui appartient en propre ? Vraiment ? Ce désir d’une soirée devant un feu de bois avec l’être aimé, aussi sincère soit-il, c’est un atavisme du feu devant la grotte paléolithique ou une construction culturelle récente, ce qui n’enlève rien à la beauté vibratoire du partage de semblable moment ?
Flaubert montre un personnage féminin provincial du début du XIXe siècle français sous haute influence de textes idéologiquement orientés vers la romance, ou lus tels, sans nul contrepoids ou équilibre intellectuel, dans un vide culturel quasi-total ; l’on pourrait en déduire une charge contre une faiblesse supposément féminine, et nul doute que des petits malins ne s’en sont pas privés, et ne s’en privent pas. Mais ce « nous » est problématique, il indique à quel point ce n’est pas un trait féminin que pointe Flaubert mais un trait humain, partagé – et nous verrons dans la seconde partie de cette chronique à quel point Homais le partage, ce trait, mais en moins beau, voire en très moche. Ce trait est la relation complexe que nous établissons entre la fiction et le réel, à quel point notre fréquentation, surtout si elle est dépourvue d’esprit critique, c’est-à-dire de la possibilité offerte de partager et éventuellement relativiser, de la première peut influencer notre appréhension du second. La complexité de cette relation est toujours d’actualité, surtout si l’on considère à quel point le moindre fil d’actualité sur un réseau social, composé de publications de supposés « amis », est en fait composé de fictions, ou à tout le moins de visions idéalisées des vies de ces « amis » telles qu’ils choisissent de les montrer : dans le flux de leurs vies, ils sélectionnent des épisodes, généralement idéalisés donc, et les publient. Et plus simplement, afin de montrer que le problème est au moins aussi masculin, évoquons ces jeunes gens dont l’imaginaire est formaté par la série de films Fast & Furious, qui présente la vie comme un conglomérat de voitures et de femmes, aux moteurs et aux seins surgonflés. Sans parler de tout le champ fictionnel contemporain, tant cinématographique que télévisuel, qui présente la criminalité sous un jour héroïque et idéalisé, de Scarface à la série Casa del papel. Et faut-il vraiment indiquer à quel point la fiction pornographique, omniprésente, tend à formater l’imaginaire sexuel, désormais réduit à la performance et à la consommation de l’autre ? Le bovarysme est omniprésent car naturel, car consubstantiel à l’humain, ce pan narrans bien plus qu’homo sapiens, bien plus singe (se) racontant des histoires qu’humain savant, cet être constitué d’histoires racontées, entendues, lues, vécues, et lire Madame Bovary est une incitation à se demander où l’on en est par rapport à cette « faculté départie à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est en tant que l’homme est impuissant à réaliser cette conception différente qu’il se forme de lui-même » (Gaultier, Le Bovarysme, 1902).
Le parallèle entre les lectures d’Emma et la consultation frénétique de fils d’actualité sur les réseaux sociaux, piètre consolation nourrissant la frustration existentielle, semble excessif, voire tout à fait anachronique ? Très bien : réduisons ces deux activités à ce qu’elles sont, un refuge face à une vie médiocre, un déni du réel, de la banalité, un refus du quotidien dans ce qu’il a de machinal et donc de désolant, et retournons au chapitre IX de la première partie : « À table même, elle apportait son livre, et elle tournait les feuillets, pendant que Charles mangeait en lui parlant ». Remplaçons le livre par un smartphone, et à combien de repas en tête-à-tête, gangrenés par l’usure du quotidien, cette scène ressemble-t-elle ? Mais peut-on le reprocher à Emma, de fuir de la sorte son quotidien ? Non, définitivement non. Car Charles est un être dont la « conversation […] était plate comme un trottoir de rue ». C’est l’horreur, pour une personne telle qu’Emma, désireuse de partager ses goûts artistiques, aussi peu « éduqués » soient-ils (et alors ?), et probablement désireuse aussi d’évoluer en ceux-ci (qui sait si elle n’aurait pas goûté autre chose, si quelqu’un avait partagé ce désir du Beau avec elle, elle qui goûtait déjà, ainsi qu’indiqué ci-dessus, Hugo, Scott et Bernardin de Saint-Pierre ?), que de vivre au quotidien avec l’incarnation absolue de la platitude et de la médiocrité qu’est Charles. Pour rappel, Charles, c’est le médecin de campagne dont les « tomes du Dictionnaire des sciences médicale » sont « non coupés » : l’absence totale de curiosité, de désir d’évoluer, d’être autre, la satisfaction d’une vie quasi animale, faite d’une routine dont la monotonie lui procure un bien-être absolu, lui qui s’est toujours laissé vivre par sa mère plutôt qu’il n’a vécu lui-même – alors que cette routine génère chez Emma une inquiétude.
Cette inquiétude, Emma aimerait qu’elle soit rencontrée, elle qui rêve d’élévation – à nouveau avec ses lacunes, à nouveau avec son manque de recul existentiel et culturel, impossible à lui reprocher. Mais qui la rencontre, qui la comprend, qui la partage, cette inquiétude ? La mère de Charles recommande d’interdire les romans – guérissons le symptôme, pas la maladie ! Et la population d’Yonville-l’Abbaye, après l’inexistante Tostes, est constituée d’hommes et de femmes d’une platitude intellectuelle, spirituelle, morale totale. De toute façon, dès le quatrième paragraphe de la seconde partie de Madame Bovary, Flaubert avertit ironiquement le lecteur : à Yonville-l’Abbaye (« ainsi nommée à cause d’une abbaye de capucins dont les ruines n’existent même plus » – le paraître sans l’être, le souvenir sans la mémoire), les sens ne peuvent éprouver aucune satisfaction : « On est ici sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l’Île-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation, comme le paysage sans caractère. C’est là que l’on fait les pires fromages de Neufchâtel de tout l’arrondissement, et, d’autre part, la culture y est coûteuse, parce qu’il faut beaucoup de fumier pour engraisser ces terres friables pleines de sable et de cailloux ». Rien à entendre, rien à voir, rien à goûter, rien à sentir, rien à toucher. Pour une sensuelle telle qu’Emma, elle qui au couvent « s’assoupit doucement à la langueur mystique qui s’exhale des parfums de l’autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges » (odorat, toucher, vision), autant dire que c’est l’Enfer sur terre. Et les damnés s’appellent Madame Lefrançois et son goût des ragots, Binet le fonctionnaire et ses ronds de serviette, Tuvache le maire qui stocke des feux d’artifice dans une cave humide par crainte de l’accident – bref, des « gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes, faisant des ripailles en famille, dévots d’ailleurs, et d’une société tout à fait insupportable ». Pour Emma, à vrai dire, ce ne sont pas des damnés, ce sont des diablotins, qui la mettent à la torture, avec qui elle ne peut parler de rien d’exaltant, avec qui elle ne peut rien partager, et si elle se remet au piano, c’est pour entendre Charles la prier le lendemain « de lui jouer encore quelque chose » (l’italique est de Flaubert, et marque, comme dans l’ensemble du roman, la distance ironique par rapport à une expression clichée et dépourvue de toute profondeur, de toute sincérité, juste un automatisme discursif). Pauvre Emma, qui pour tenter d’échapper à cet Enfer, va jusqu’à s’adresser au curé Bournisien pour un dialogue de sourds – non, en fait, un dialogue entre quelqu’un qui désire exprimer son âme et un sourd total – d’anthologie au chapitre VI de la deuxième partie du roman ; elle rentre de cette entrevue tellement exaspérée, tellement désespérée, qu’elle en vient à involontairement brutaliser la petite Berthe.
Ceci amène à un jugement facile sur Emma Bovary : oh ! la mauvaise mère ! Non, toujours la malheureuse qui désire un inexprimé en elle, qui demande à ce qu’on lui en parle, qu’on l’aide à en venir à bout (d’où cette rencontre quasi burlesque, mais au fond tragique, avec Bournisien – aller chercher un secours moral, spirituel auprès d’un prêtre et s’entendre répondre qu’en gros la religion est un service social, c’est un peu léger), et qui a pu penser, puisque c’est ce que lui disait l’éducation reçue, qu’être mère pourrait la consoler de tout, remplir son vide existentiel. D’où ces occasionnels débordements affectifs envers Berthe et aussi cet agacement, ce jugement impitoyable quant à sa « laideur » : cette enfant aurait dû la combler, puisque c’est ce que la société lui disait, mais non, l’insatisfaction demeure. On lui avait dit qu’être femme mariée, qu’être mère était tout dans la vie ; elle aurait aimé être Emma avant tout, entendre ce qu’elle portait en elle et que quelqu’un entende ce qu’elle portait en elle.
En Emma ont résonné des mots, des images, des notes, et si résonance il y a eu, c’est qu’en elle, en la personne qu’elle était, il y avait la place pour ces mots, ces images, ces notes. Qui serait assez audacieux pour la blâmer d’avoir possédé en elle un désir de grandeur, un désir d’amour, tant à donner qu’à recevoir, exacerbé par certaines lectures certes, mais qui n’a pu être rencontré ? Emma pourrait sembler capricieuse, à refuser l’amour paisible (mais morne, mais convenu) de Charles – mais pourrait-elle l’aimer, lui, le médiocre, elle qui désire un amour qui soit comme un tourment, une tension, c’est-à-dire un amour qui soit la vie, et vice-versa ? Il est impossible de réduire Emma à une femme malheureuse parce qu’elle aurait trop lu (jugement d’imbéciles qui au fond n’ont jamais lu, lu avec les tripes, lu en recevant les mots comme autant de blessures que de caresses) ; Emma était une femme désirante, désireuse d’un inexprimable, de ce pour quoi les mots manquent ou ne doivent pas être dits, parce que demander ce qui semble évident, c’est en perdre le goût – qui aurait envie de demander ce qui semble naturel, d’une caresse à une discussion un rien plus élevée que les omniprésents ragots conventionnels ? Ce désir est beau et sain, à condition qu’il soit un jour rencontré (malheureusement pour Emma, nul ne la rencontrera, elle, et elle en mourra) – c’est ne pas éprouver ce désir, le pervertir en ersatz de grandeur, feindre d’y répondre pour en abuser, qui est laid et maladif. Ce sont Léon, Rodolphe, Lheureux et Homais qui sont malades, pas Emma. D’eux nous parlerons lors dans la seconde partie de la présente chronique.
Didier Smal
Gustave Flaubert est un écrivain français né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à Croisset, lieu-dit de la commune de Canteleu, le 8 mai 1880. Prosateur de premier plan de la seconde moitié du XIXe siècle, Gustave Flaubert a marqué la littérature française par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société, et par la force de son style dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L’Éducation sentimentale (1869), ou le recueil de nouvelles Trois contes (1877).
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