Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette
Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 €
Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard
La vie, pour le poète, file comme le cycliste sur la pente. Nombre d’images de vélo ou de course signent ce constat mélancolique. Elle grappille et sauve des « riens », « l’œuf bleu de toutes les promesses » pour l’enfant, « la main pour traverser la nuit ». En hommage à Rimbaud, à Max Jacob « ce pauvre sous l’escalier », à Follain, à ce célèbre Guillaume, les poèmes sont éloges, récritures, blasons.
De brefs poèmes incisent le réel comme l’eau « si bleue dans les poèmes », restituent « le chemin des maraudes ». Il faut se gorger de soleil car les larmes proches risquent toujours de venir border le visage.
Le poète, lui, prend le temps de « rebrousser le chemin de tes larmes ».
L’attente, la lucidité laissent trace, et un air funèbre de cimetières « aux tombes abandonnées, défoncées » parsème les textes.
La guerre, la sous-condition des sans abri font naître des poèmes élégiaques, rubans de modernité sur ces textes au fond très classiques de facture, entre Verlaine et Jacob, dans la pure tradition française de vers maîtrisés voire corsetés d’émotion vive et de sensualité.
La petite musique de Goffette enchante et livre des plages de pur bonheur, celui que le poète en quête d’absolu trouve parfois, jusque dans les fleurs d’un bouquet d’une vieille dame croisée.
Philippe Leuckx
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