Petits portraits de chats, Collectif, Grasset-Jeunesse (par Yasmina Mahdi)
Petits portraits de chats, Collectif, Grasset-Jeunesse, novembre 2021, 32 pages, 19,90 €
Edition: GrassetLe plus petit des félins est un chef-d’œuvre (Léonard de Vinci)
Une anthologie de patte-pelu
Le chat, animal relativement indépendant, a été chargé de connotations diverses, le plus souvent négatives, voire maléfiques, spécifiquement en Occident chrétien, ce qui lui a valu de subir bien des persécutions. Par contre, en ancienne Égypte, le petit félin fut adoré et les grands prêtres consacraient un culte important à Bastet, la déesse bienveillante du foyer et du chat domestique (bien qu’elle prenne parfois l’aspect guerrier et dangereux d’une lionne). Également, au Japon, le mistigri est divinisé, et l’on trouve une série de maneki neko, de chats porte-bonheur aux pattes articulées, devant et à l’intérieur des magasins. Dans la tradition musulmane, le chat est doué de chance, doté de sept vies et possède des qualités magiques. En Afrique, notre patte-pelu est porteur d’un don de clairvoyance. L’animal, fascinant, énigmatique, a été thématisé depuis des siècles, un sujet d’études en littérature et aux beaux-arts, de la Renaissance jusqu’au 19ème siècle.
Ce bel album de collection, protégé d’une jaquette, au format de 20 x 37 cm, propose une sélection de portraits de chats. Les postures, les mimiques, les feintes des matous sont tour à tour évoquées à travers poèmes et prose d’auteurs célèbres. Dans cette galerie de portraits, notre animal de compagnie favori est tout d’abord apothéosé par l’un des plus grands poètes français, Charles Baudelaire. Notons l’admirable plaidoyer de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), « après La Fontaine, le seul fabuliste qui ait surnagé ». Le félin miniature est tour à tour « séraphique », « effronté », « heureux », « sage », rêveur, etc.
Les félidés ont été conçus par une dizaine d’illustrateurs-graphistes. Nombre d’entre eux ont suivi des cursus académiques dans des écoles d’art. Le cahier des charges qui leur a été imposé consistait à limiter leur palette chromatique à quatre couleurs ainsi qu’à une rapidité d’exécution des images. La restriction des couleurs n’a empêché ni la fraîcheur ni l’inventivité des compositions. Les jeunes lectrices et lecteurs admireront ici un pelage orange vif, là un gris-souris ou un gris de Payne, ailleurs une fourrure noire bleutée, des déclinaisons de blanc et des complémentaires. L’ensemble est appétant, les œuvres sont signées. Les techniques usitées diffèrent selon les plasticiens, se référant tantôt à l’art naïf, à l’art brut, à la bande dessinée ou au Pop art. Ainsi, les poètes regardent les chats lesquels, peints par les artistes, nous regardent, puis s’en vont vaquer à leurs occupations favorites.
Peut se lire dès l’âge de 6 ans.
Yasmina Mahdi
Illustratrices et illustrateurs : Sandrine Bonini (née en 1979), Nathalie Choux (née en 1967), Rébecca Dautremer (née en 1971), Maxime Derouen (philosophe de formation), Gérard Dubois (né en 1968), Ilya Green (née en 1976), Heng Swee Lim (né en Malaisie), Jean-François Martin (né en 1967), Christophe Merlin (né en 1966), Alain Pilon (franco-canadien) et Clémence Pollet (née en 1985).
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