Pavane pour une infante défunte, Park Min-Kyu
Pavane pour une infante défunte, traduit du coréen par Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo, mars 2014, 325 p. 20 €
Ecrivain(s): Park Min-Kyu Edition: Decrescenzo Editeurs
Voici le premier roman traduit d’un auteur coréen (né en 1968) qui a déjà publié plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont certains ont été primés dans son pays depuis 2003. Cette Pavane pour une infante défunte est un récit qui réussit à mêler histoire d’amour, humour taquinant l’absurde et critique sociale, le tout dans une construction de récit à tiroirs qui parvient à surprendre le lecteur en brouillant les pistes de la réalité et de la fiction.
Le narrateur âgé de 20 ans au début du récit est un peu mystérieusement tombé amoureux d’une jeune femme, dont la principale caractéristique est une laideur qui fait l’unanimité auprès de tous ceux qui la rencontrent. Etudiant désœuvré, il l’a croisée alors qu’il a trouvé un emploi dans un grand magasin où tous deux occupent des emplois des plus modestes. Timidement, une reconnaissance mutuelle, très platonique, va les rapprocher, laissant toujours une distance qui semble ne jamais vouloir se réduire totalement. Le lien qui s’installe entre eux semble si improbable, si irrationnel, si menacé par les désillusions déjà vécues, qu’il en devient presque impossible, comme un défi à la réalité du monde environnant où compétition et anonymat sont les façons d’avoir une place, même médiocre, mais une place tout de même.
A certains moments on rit face à la rigidité ritualisée et caricaturale des rapports sociaux. Puis à d’autres moments on est touché, pour ne pas dire plus, par le récit de l’exclusion, du mépris, de la souffrance tacite qu’impose la différence dans une société où elle n’a guère de place.
Un roman qui finit par nous toucher et pour lequel on regrette d’autant plus les maladresses de traduction et les coquilles qui gâchent un peu le plaisir du lecteur. Malgré cela, cette Pavane pour une infante défunte, parsemée de musique, de Ravel aux Beatles et à Bob Dylan, reste une belle découverte et nous donne envie de découvrir d’autres œuvres de Park Min-Kyu.
Merci à un éditeur, Decrescenzo, qui s’est lancé dans cette aventure de faire découvrir aux lecteurs français la littérature coréenne.
Marc Ossorguine
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