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Parlando, Dominique Preschez (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) 08.10.20 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Z4 éditions

Parlando, mai 2020, 139 pages, 12 €

Ecrivain(s): Dominique Preschez Edition: Z4 éditions

Parlando, Dominique Preschez (par Murielle Compère-Demarcy)

Quand écrire acte une renaissance à la parole (Parlando s’intitule ce numéro 10 de la Collection La diagonale de l’écrivain, dirigée par Philippe Thireau, aux éditions Z4 alias Daniel Ziv, là où Louis-René des Forêts titrait l’un de ses récits liés également au silence retenu du langage, Ostinato…), l’écrivain retranscrit son propre cheminement dans le miroir brisé d’un quotidien qui réajuste ses lignes mot à mot, au cœur d’un chant polyphonique plus proche d’un concerto que d’une symphonie.

« À force d’être toujours vivant », à la suite d’un AVC et d’une mort clinique intervenus en 1992 et 1993, Dominique Preschez nous livre, après la somme mémorielle Le Trille du diable parue chez Tinbad en 2018, un retour aux surfaces ondulatoires du monde extérieur et à ses siphons vertigineux, un retour tenté au pays des hommes, ces « autres » semblables

Retour ? sur le seuil, où accueillir l’étranger

&, ne rompre la chaîne vitale, à ne pas trahir

son prochain…

Nous sommes bien là dans le champ d’investigation de la Collection de Z4 Editions, La diagonale de l’écrivain, qui propose aux lecteurs de découvrir la trajectoire en diagonale d’un auteur. Parlando, livre d’heures au chevet de la vie, rejoint, à la force de l’endurance et du désir de survivre à soi-même et à la temporalité pointée, « la jouissance d’existence » évoquée par Guillaume Basquin dans son (L)Ivre de papier cité en exergue du livre de Dominique Preschez. Et de même que, pour citer encore Guillaume Basquin, « (…) pour apprendre les yeux sont inutiles on n’a besoin que d’oreilles ainsi vous avez éternellement autour de vous tous les grands hommes en morts et vivants qui vous entretiennent de vive voix (…) », Parlando en appelle à notre oreille pour interpréter l’une des partitions baroques du monde – oreille que nous aurons, au mieux, affûtée, à défaut de la posséder absolue. L’espace ici entrouvert est celui du tempo du point d’orgue musical : « D’inégales façons, sommes-nous ces points de suspension… dans la cosmogonie ? ».

« Peut-on écrire après mort ? », interroge Philippe Thireau dans la Préface. Ressuscité après un AVC et une mort clinique, Dominique Preschez en quête du Je perdu se cherche partout ailleurs où piètent tous ses possibles, ces « autres » conviés à sa table comme Jacques Cauda convie à la table de sa créativité surfigurative du « peindrécrire » ses hôtes et ses modèles à la manière d’un crucifié rassemblant ses convives (du latin conviva, de convivere formé de cum qui signifie « avec », et vivere, « vivre »), autour d’une parole (croix de Parlando) quasi eucharistique.

Feuilletant les heures du Livre au chevet de la vie, Dominique Preschez « rôde » au milieu de « l’inexistant », « à travers les allées de (s)a jeunesse »… «  », au jardin du Luxembourg ; «  », parmi « la santé des arbres » où circule « à l’entre-deux jambes des buissons ardents » et des amoureux « l’incroyable sève de l’air » ; «  », dans « la démesure de l’instant » ; «  », dans la fabrique du rêve et des fantasmes d’Éros « …pour s’évader du champ des faits… ».

L’Écrire ici déchiffre/délivre la partition d’un monde perçu dans les ponctuations provisoires de ses interprétations, dans ses notes-qui-demeurent-en-suspens et se poursuivent et s’accordent, au cœur du clair-obscur d’une temporalité éperdument tendue vers le désir de se sentir vivre. La verticalité s’extrait d’arrache-corps du soi emprisonné malgré lui pour que sonne à volée l’angélus du Vivre, depuis une paroi, au pied d’une altitude, dans « le silence actif du volcan » ou encore dans les remous d’un ressassement brassant les eaux troubles du monde afin de mieux en entendre le bourdon puissant, « le trille du diable », le « çà » du soi tentant opiniâtrement l’expulsion du noir sans fin avec l’espoir d’approcher ce « trop-plein d’oiseaux » qui, en tant qu’écrivain, musicien, compositeur de notre propre existence, « en contrepoint fleuri », nous tient obstinément tête.

 

Murielle Compère-Demarcy

 

Dominique Preschez, né en 1954 à Sainte-Adresse, en Normandie, est un écrivain et musicien français, à la fois poète, essayiste, organiste et compositeur.

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A propos de l'écrivain

Dominique Preschez

 

Dominique Preschez est écrivain, compositeur et organiste, il a notamment publié A Nouveau, les Oiseaux (Seghers), Poème de Samuel(Prix Pierre Jean Jouve, Seghers), Carnets d’Amérique(avec Edouard Boubat, Ed. Complexes), Collection d’Hiver (aphorismes) (Tirage(s) Limité(s).

Beaucoup de choses à découvrir sur son site :

http://dominiquepreschez.com/

 

A propos du rédacteur

MCDEM (Murielle Compère-Demarcy)


Lire toutes les publications de Murielle Compère-Demarcy dans la Cause Littéraire


Murielle Compère-Demarcy (pseudo MCDem.) après des études à Paris-IV Sorbonne en Philosophie et Lettres et au lycée Fénelon (Paris, 5e) en École préparatoire Littéraire, vit aujourd'hui à proximité de Chantilly et de Senlis dans l’Oise où elle se consacre à l'écriture.

Elle dirige la collection "Présences d'écriture" des éditions Douro.

 

Bibliographie

Poésie

  • Atout-cœur, éditions Flammes vives, 2009
  • Eau-vive des falaises éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Je marche..., poème marché/compté à lire à voix haute, dédié à Jacques Darras, éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Coupure d'électricité, éditions du Port d'Attache, 2015
  • La Falaise effritée du Dire, éditions du Petit Véhicule, Cahier d'art et de littérature Chiendents, no 78, 2015
  • Trash fragilité, éditions Le Citron gare, 2015
  • Un cri dans le ciel, éditions La Porte, 2015
  • Je tu mon AlterÈgoïste, préface d'Alain Marc, 2016
  • Signaux d'existence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éditions du Petit Véhicule, 2016
  • Le Poème en marche, suivi de Le Poème en résistance, éditions du Port d'Attache, 2016
  • Dans la course, hors circuit, éd. du Tarmac, 2017
  • Poème-Passeport pour l'Exil, co-écrit avec le photographe-poète Khaled Youssef, éd. Corps Puce, coll. « Parole en liberté », 2017
  • Réédition Dans la course, hors circuit, éd. Tarmac, 2018
  • ... dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent..., éd. Encres Vives, collection "Encres blanches" , n°718, 2018
  • L'Oiseau invisible du Temps, éd. Henry, coll. « La Main aux poètes », 2018
  • Alchimiste du soleil pulvérisé, Z4 Éditions, 2019
  • Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, coll. « L'Or du Temps », 2019
  • Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 Éditions, 2019
  • L'écorce rouge suivi de Prière pour Notre-Dame de Paris & Hurlement, préface de Jacques Darras, Z4 Editions, coll. « Les 4 saisons », 2020
  • Voyage Grand-Tournesol, avec Khaled Youssef et la participation de Basia Miller, Z4 Éditions, Préface de Chiara de Luca, 2020
  • Werner Lambersy, Editions les Vanneaux ; 2020
  • Confinés dans le noir, Éditions du Port d'Attache, illustr. de couverture Jacques Cauda; 2021
  • Le soleil n'est pas terminé, Editions Douro, 2021 avec photographies de Laurent Boisselier. Préface de Jean-Louis Rambour. Notes sur la poésie de MCDem. de Jean-Yves Guigot. Illustr. de couverture Laurent Boisselier.
  • l'ange du mascaret, Editions Henry, Coll. Les Ecrits du Nord ; 2022. Prélude et Avant-Propos Laurent Boisselier.
  • La deuxième bouche, avec le psychanalyste-écrivain Philippe Bouret, Sinope Editions ; 2022. Préface de Sylvestre Clancier (Président de l'Académie Mallarmé).
  • L'appel de la louve, Editions du Cygne, Collection Le chant du cygne ; 2023.
  • Louve, y es-tu ? , Editions Douro, Coll. Poésies au Présent ; 2023.