Ouverture, par Alix Lerman Enriquez
C’est le matin : bleu de cobalt devant moi.
J’ouvre mes paupières sur le monde.
Je vois la mer presque rouge qui me regarde
et le soleil rouge qui l’éclabousse,
comme une orange sanguine
écrasée sur le ciel
sur cette surface d’huile si lisse, si lourde.
M’éblouit alors l’horizon
comme m’éblouit l’espoir des jours clairs,
comme tintinnabule ma vieille boîte à musique.
Une petite danseuse de fausse porcelaine
y fait des tours et des tours,
s’enivre et s’étourdit, s’étourdit et s’enivre.
Comme résonne dans ma mémoire
le bruit des berlingots qui s’entrechoquent
dans ma bonbonnière de laine vierge détricotée.
Dans le ciel, un oiseau passe.
J’entends son froissement d’ailes,
leur déploiement dans le silence du monde,
comme un arc de candeur tracé
au compas de ma folle incandescence.
Alix Lerman Enriquez
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