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Oublier mon père, Manu Causse (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx 29.11.19 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Denoël

Oublier mon père, Manu Causse, Denoël, 2018, 304 pages, 20 €

Ecrivain(s): Manu Causse Edition: Denoël

Oublier mon père, Manu Causse (par Philippe Leuckx)

 

Ce roman de Manu Causse, astucieusement axé sur un père tôt disparu et une mère folle, brosse un tableau assez sombre d’Alexandre Trambert, que la maladie poursuit depuis son plus jeune âge. Des crises, des hallucinations, un état fragile : l’enfant, puis l’adolescent et le jeune adulte trouve dans la photographie sans doute l’exutoire à la maladie. C’est la passion du père, amateur éclairé qui répare les appareils photos.

La mère, documentaliste dans une école, trouve un appartement là-même où elle travaille. Le père est décédé dans un accident de voiture, alors qu’Alexandre a neuf ans.

Alexandre n’a pas suivi le parcours scolaire classique, sa mère lui a fait école longtemps. Bref, Alex est décalé. Peu à peu, le romancier dessine son évolution, sa difficulté de se lier avec des filles. Tristane, Quitterie, Anne, Cécile sont les jalons dans ses rencontres. Mais la maladie est souvent là pour rendre très difficiles ses relations.

La sexualité est le thème qui innerve nombre de scènes : si Quitterie pinçait son gland avec violence, Alex trouve avec Anne davantage de candeur et d’émotion, alors que Cécile, connue dans un centre psychiatrique, joue sa relation avec lui avec force violence. Elle fait l’amour comme elle peint, fougueusement.

Bien sûr, Alex sait qu’il lui faudra quitter tout cela, connaître enfin la vérité à propos de son père et rejoindre ainsi la Suède pour connaître le fin fond de son histoire. Sa mère lui avait toujours menti à propos de ce père.

Le roman, enlevé, en vingt et un chapitres, est plein de tendresse et de réalisme. On suit avec intérêt le travail psychologique, les caractères peints avec délicatesse et une belle plume de romancier, à l’aise tout autant dans la narration que dans l’usage des dialogues. La mère dévoreuse et le père faible sont saisissants dans cette écriture : que n’ont-ils fait pour ralentir l’envol d’un personnage, ce fils longtemps traîné par les hallucinations. Il faudra longtemps avant que les traces familiales ne soient tout à fait gommées. Une renaissance dès lors pourra se faire.

Un beau livre.

 

VL3

 

Philippe Leuckx

 

Manu Causse est un romancier français, auteur de plusieurs romans remarqués : La 2CV verte.

 

NB :

Vous verrez souvent apparaître une cotation de Valeur Littéraire des livres critiqués. Il ne s’agit en aucun cas d’une notation de qualité ou d’intérêt du livre mais de l’évaluation de sa position au regard de l’histoire de la littérature.

Cette cotation est attribuée par le rédacteur / la rédactrice de la critique ou par le comité de rédaction.

 

Notre cotation :

VL1 : faible Valeur Littéraire

VL2 : modeste VL

VL3 : assez haute VL

VL4 : haute VL

VL5 : très haute VL

VL6 : Classiques éternels (anciens ou actuels)

  • Vu : 1920

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A propos de l'écrivain

Manu Causse

 

Manu Causse est écrivain, peintre et musicien. Il est l’auteur de recueils de nouvelles, de pièces de théâtre mais aussi de romans français et bilingues.

 

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...