Œuvres Romanesques complètes. Volume II, Jane Austen en la Pléiade
Œuvres Romanesques complètes. Volume II, publiée sous la direction Pierre Goubert avec la collaboration Guy Laprevotte et Jean-Paul Pichardie annotation, présentation, trad. de l’Anglais, octobre 2013, lancement 49 € jusqu’au 31 janvier 2014, puis 56 €
Ecrivain(s): Jane Austen Edition: La Pléiade Gallimard
Jane Austen consacrée par la Pléiade
Treize ans après la publication du Tome I des œuvres romanesques complètes de Jane Austen, dans laquelle le lecteur a pu savourer la très grande qualité de traduction de Orgueil et Préjugés, la collection de la Pléiade récidive en nous offrant le deuxième tome avant les festivités de fin d’année.
Dans ce tome II, sont mis à l’honneur trois récits de la romancière. Il s’agit du très célèbre Mansfield Park, puis vient ensuite Emma, et enfin Persuasion, dernier roman de Jane Austen, publié en 1818 peu après sa mort.
Au travers de ces trois romans, Jane Austen, une fois de plus, excelle dans l’art de brosser les portraits de jeunes femmes tour à tour fragiles comme Fanny, antipathiques comme Emma, ou bien indécises et perdues comme Ann. Jane Austen s’intéresse surtout aux jeunes filles en âge de se marier, et qui se retrouvent alors confrontées à la question du choix et à une société aux valeurs morales étriquées. Plus que des romans sentimentaux, le lecteur, s’il veut bien pénétrer plus dans l’univers de Jane Austen, verra que celle-ci opte pour ses héroïnes non pour le chemin du cœur mais pour celui de la raison. L’amour peut être salvateur, comme c’est le cas pour Emma, mais s’il est tempéré et s’il ne se laisse pas déborder par les effusions sentimentales. Ainsi, Fanny se garde bien de prendre pour époux Henry, un séducteur patenté selon elle, et garde toujours dans son for intérieur une préférence pour son cousin, Edmund. On aura compris, les romans de Jane Austen insistent sur la nécessité pour des jeunes filles de prendre en compte les exigences de la société et des bienséances morales si elles veulent imposer leur volonté et le triomphe de l’amour sur les contingences extérieures. C’est le prix pour acquérir le bonheur individuel et Fanny l’accepte lors de son séjour à Mansfield Park chez sa tante car : « En ce monde, le prix à payer n’est pas aussi égal qu’on pourrait le souhaiter ». Cependant, en traitant la question des jeunes filles en fleur et leur entrée dans la société anglaise du début du 19è siècle, Jane Austen, par ricochet, brosse aussi un portrait sans concession de son époque. La lecture de son œuvre à l’endroit de la condition féminine renvoie le lecteur au romanCorinne ou l’Italie de sa consœur française, Madame de Staël, décédée la même année que l’auteure de Mansfield Park.
Mais l’envie de relire Jane Austen est liée aussi au puissant appareil critique mis en place ici par La Bibliothèque de la Pléiade, une collection de la maison Gallimard. En effet, les érudits tels que Pierre Goubert accompagné de Guy Laprevotte et de Paul Pichardie dotent l’œuvre des Appendices et desCorrespondances de Jane Austen qui permettent une approche plus aisée des écrits de cette auteure. Les « Notices et Notes » renforcent cette idée et offrent au public un accompagnement érudit le long de sa lecture.
C’est pourquoi cette collection est un joyau pour les puristes anglophiles et épris de la prose de Jane Austen. Son prix est à la hauteur de l’implication des savants, qui ont mobilisé leurs connaissances pour offrir aux lecteurs une version inestimable d’une écrivaine anglaise. C’est une édition de luxe, un présent à offrir aux convives de marques, aux fins connaisseurs pour les festivités de cette année.
Victoire Nguyen
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