Nuruddin Farah… le miroir brisé de la Somalie
Nous n’avons souvent de la Somalie que la vision effarée et indifférente de sécheresses et de famines inévitables, de corps efflanqués vêtus de regards désemparés ou suppliants et de la mort qui en recueille les derniers râles silencieux tandis que la communauté internationale, une fois de plus, s’en émeut et se mobilise. Nous n’en connaissons que la rumeur violente, celle de Mogadiscio où les enfants jouent à la guerre et broutent du qat, tout comme ces adultes qui la font ailleurs encore et toujours, tirent sur un joint avant de tirer un coup assassin avec leur fusil d’assaut et leur sexe. Nous n’en avons souvent qu’une approximation géographique, quelque part là-bas en Afrique, terre d’ethnies, de clans et de tribus vindicatives et vengeresses, terre de razzias et de kidnappings islamisés, terre aussi de camps de réfugiés, devenus à force de longue patience blasée villes artificielles de baraques, de tôles, de carton, de corruption, de débrouille et de tous les maux, où agonisent lentement et durablement des milliers d’êtres humains sans identité. La Corne de l’Afrique est corne d’abondance de malheur et surtout d’oubli. Comment pourrait-il alors nous venir à l’idée qu’un Somalien puisse être écrivain ?
Né il y a soixante-sept ans en Ogaden, région du sud de la Somalie que l’Ethiopie fit sienne officiellement en 1961, Nuruddin Farah est la figure emblématique la plus connue de ces écrivains que leurs maîtres coloniaux d’hier qualifient aujourd’hui de remuants, leur collant une appartenance à une supposée littérature d’émergence qui regrouperait à leur grand dam tous ces écrivains faisant surgir de leur mémoire libérée des flots tumultueux du colonialisme hégémonique et triomphant et de ses ruines honteuses, leurs maux actuels et passés. Condescendance quelque peu paternaliste, d’autant plus que les thèmes abordés par cet écrivain sont empreints d’universalité, même s’ils s’inscrivent dans le cadre précis de la Somalie, sans aucun doute plurielle pour Nuruddin Farah.
Il y a d’abord celle de l’enfance, celle de sa mère grande poétesse de l’oralité et de son père interprète auprès du gouverneur anglais, une Somalie cosmopolite soumise aux influences arabe, éthiopienne, italienne et anglaise, autant de langues que Nuruddin Farah maîtrise parfaitement, terre de pasteurs et de nomades modelée par l’inflexibilité de traditions patriarcales dont l’absurdité hystérique qu’elle s’origine dans les croyances populaires ou dans l’Islam, religion dominante en Somalie, fait le lit de toutes les tyrannies, africaines ou non.
Il y a ensuite celle de l’exil. Ce nomadisme – d’abord volontaire – le conduisit en Inde où il étudia à l’université de Chandigarh (1966-1970) et y écrivit son premier roman, Née de la côte d’Adam. Il partit ensuite en exil, imposé par la dictature assassine sous égide soviétique de Mohamed Siyad Barre qui apparaît, présence omnipotente et invisible, sous les traits du Général dans la trilogie Variations sur le thème d’une dictature africaine (1979-1983), pour laquelle il fut condamné à mort par contumace.
Une aiguille nue, son second roman (1975), esquisse un bilan satirique de ce pouvoir autocratique exerçant son terrorisme d’état – à qui nombre de gouvernements et d’institutions internationales prêtent souvent et encore une légitimité silencieuse, voire collaborationniste – sur les individus par le mensonge et la peur, conforté en cela par la servilité d’une clique de partisans : Ils déifient le Vieil Homme, portent son nom aux nues. Ils en font un dieu…, explique le peu sympathique Koshin dont l’idéologie critique ne va pas jusqu’à remettre en question son opinion sur les femmes qui demeurent à ses yeux des servantes procréatrices, que l’on peut violer et battre comme plâtre, et pour qui il y va de son honneur de Somalien qui a étudié à l’étranger, de se pavaner avec une Blanche à son bras au même titre qu’il est classe de rouler dans une belle bagnole étrangère. Bref, cette critique acerbe vaudra à son auteur la haine du Vieil Homme et son passeport d’infortune qui lui interdira de retourner en Somalie jusqu’en 1991, date à laquelle le Général génocidaire retournera vivre tranquillement sur ses terres, protégé par son clan. Mais cette mise à l’index géographique permettra également à Nuruddin Farah de séjourner dans plusieurs pays africains et d’être écrivain résident sur différents campus, de l’Europe jusqu’aux Etats-Unis, avant de s’installer durablement en Afrique du Sud, bref d’ouvrir et d’ensemencer ses territoires intimes d’homme et d’écrivain.
A la Somalie de l’enfance et de l’exil, s’ajoutent celle de l’imaginaire quelque peu teintée intello exilé, mais aussi et surtout celle de l’intérieur, de tous ces exilés d’eux-mêmes qui n’ont pas d’autre choix que celui d’y vivre et de la subir, voire d’y survivre à coups de petits arrangements, de compromis plus ou moins justifiables ou de trahisons et de folies au machiavélisme assassin, bien que, et c’est dommage, la plupart de ses personnages appartiennent à ce qu’il appelle la priviligentsia. C’est dans ce décorticage minutieux de ce qui nous pousse à choisir et faire une chose plutôt qu’une autre, que Nuruddin Farah est, à mes yeux, intéressant. Non pour être comme le dit Salman Rushdie l’un des plus grands romanciers africains de tous les temps, sinon pour l’universalité de la thématique qu’il aborde, celle de l’Homme face à la liberté, du choix qu’elle implique entre l’obscurité et la lumière dont la dualité hante tous les êtres humains. Comment accepter l’inacceptable sans se perdre ?
Que l’on soit homme ou femme, et la femme qui a le pouvoir de perpétuer la vie est importante dans l’œuvre de Nuruddin Farah, chacun accepte de ses dirigeants politiques, qu’ils soient ou non despotes, ce que lui-même accepte, voire reproduit, au sein de sa propre famille. Les traditions patriarcales, la religion quels que soient ses ismes, les systèmes claniques, qu’ils soient de sang ou corporatistes, n’ont jamais favorisé l’épanouissement de la tolérance, ne parlons même pas de démocratie, sinon tout au contraire la mise en coupe réglée des individus et dans leur particularisme et au collectif, dans les chaînes d’une masculinité triomphante, mais ô combien pathétique et peu à peu stérilisante… La féminité est excisée non seulement physiquement dans le corps des fillettes pubères, mais aussi spirituellement dans le cœur des hommes et des femmes. Pour les premiers, c’est l’assurance pérenne du pouvoir à l’échelle de la nation ou de la famille, et pour les secondes, la sécurité que leur procure cet asservissement.
Dans Née d’une côte d’Adam, la jeune Ebla, vendue par son grand-père à un vieillard qu’elle n’a jamais vu, a le choix : assumer ce mariage et ce qu’il suppose de chemin tracé ou vivre son refus. Elle choisit de se donner une opportunité, celle de grandir pour et par elle-même et part pour Mogadiscio, afin de donner le sens qu’elle veut à sa vie. Sans se départir du bon sens paysan que lui a procuré l’observation constante de la Nature, elle fera l’expérience de l’équilibre précaire qui sépare la soumission de la liberté et découvrira en elle non seulement sa masculinité en se conduisant comme le font la plupart des hommes – elle devient, par exemple, polygame – en se glissant d’une certaine façon de l’autre côté du miroir, mais aussi ce que signifie la féminité et être femme.
Ce livre reste l’un des meilleurs de Nuruddin Farah, l’un des plus imprégnés de fraîcheur, peut-être parce qu’il n’est pas encombré de toutes ces métaphores et références culturelles, qu’elles proviennent de la culture orale somalienne ou de la littérature occidentale dont Farah a une connaissance foisonnante, qui finissent par étouffer la plume de cet écrivain, rendant son style parfois indigeste, ses descriptions empreintes d’une poésie si lourde qu’il n’en surgit aucune vision et la lecture de ses ouvrages, pesante par leur hermétisme apprêté, voire de mauvais goût. Exemples : La nuit s’ouvrait comme les lèvres titillées d’un vagin (1) / Sagal était nerveuse comme un poisson dans une eau agitée, malléable comme un fragment de métal soumis à une chaleur prolongée (2). Ajoutons à cela des dialogues parfois d’une teneur invraisemblable dans la quotidienneté des protagonistes, comme ceux entre Médina et sa fille Ubax, âgée de huit ans, dans Sardines, roman dont le thème principal sous-jacent, le statut de la femme en Somalie et les relations complexes entre elles, est absorbé dans une narration confuse.
Dans sa trilogie Variations sur le thème d’une dictature africaine, celle de Siyad Barre, composé Du lait aigre-doux (1979), de Sardines (1981) et de Sésame, ferme-toi (1983, le plus achevé et le mieux écrit des trois, Nuruddin Farah met en scène aussi bien les êtres humains que les animaux ou les arbres, ceux-ci ayant sans aucun doute des choses à nous apprendre. Le premier volet est consacré à tous les processus dictatoriaux qui conduisent autant les peuples que les individus à se renier. Soyaan, proche collaborateur du Général mais également en pleine ambigüité, puisque impliqué dans un mouvement clandestin contre-révolutionnaire, meurt dans des circonstances confuses, avant d’être proclamé propriété d’Etat et héros national. Son jumeau, Loyaan, qui n’a aucune conviction politique, ni pour ni contre, soupçonne un empoisonnement et tente de démêler l’écheveau de l’imbroglio politico-familial que provoque ce décès. Son père, Keynaan, patriarche violent à l’esprit aussi étroit que revanchard, ancien flic éjecté pour avoir torturé à mort un type dont le clan, par réaction, menaçait de provoquer une mutinerie tribale dangereuse pour le dictateur, sa mère Qumman qui ne jure que par le Coran et ce qui se dit et se fait, sa sœur Ladan qui sait et se tait, jusqu’à la maîtresse du défunt, Margaritta, unemistione (métis) mi-somalienne mi-italienne intime d’un ministre, ou l’étrange médecin Ahmed Wellie chargé de ressusciter les torturés, se chargeront de brouiller chacun à sa façon et selon ses opinions les pistes qui ne conduiront à aucun éclatement de la vérité. En échange, Loyaan prendra conscience de ce qu’est une dictature, de sa désarmante capacité à faire disparaître les corps autant que les âmes, à tordre l’Histoire par la désinformation et le maniement subtil de la peur, meilleure arme de son pouvoir. Il découvrira également que les opposants eux-mêmes ne sont pas crédibles puisque toute contestation est assujettie à l’appartenance au clan, aux intérêts personnels et à l’obéissance aveugle mais ô combien pratique à la tradition : Tu ne survis que brisé et délateur. Tu l’acceptes afin de faire subsister dans une pauvreté indécente les membres les plus faibles… Si tu ne l’acceptes pas, tu finis en prison… […] On ne peut pas dissimuler le fait que les gens de notre peuple ont été rendus suspects les uns aux autres, que ce régime a donné à chacun d’entre nous une épée à double tranchant… Rien n’échappe à la minutieuse surveillance rapprochée du système de sécurité dont les plantations d’oreilles ont germé dans chaque foyer… Ainsi les gens tétanisés par la peur préfèrent ne pas parler. J’ai une femme et des enfants dont je dois m’occuper, te dira l’un. J’ai une mère et une famille à entretenir, te dira l’autre. Mon cou n’est pas plus long que le tien. Tends le tien. Mais pas moi. J’ai des bouches ouvertes à nourrir. Pour nourrir ces bouches ouvertes, je dois fermer la mienne. Quand elle n’est pas fermée, ma bouche m’aide à mastiquer, pas à formuler des pensées.
Cette trame de fond qui pose le problème universel du choix entre l’insoumission ou la collaboration, dépassant largement le cadre belliqueux circonscrit à la Somalie, transpire dans les deux autres romans de cette trilogie où les mêmes personnages se croisent. La voix de femmes somaliennes, de tout âge et de toutes conditions, s’oppose et se répond dans Sardines : tradition patriarcale et lois coraniques contre modernité, approbation ou rejet de l’excision et de l’infibulation, opération qui peut se répéter plusieurs fois dans la vie d’une femme et rend les accouchements extrêmement douloureux, voire mortels… et ambigüité des unes et des autres, entre celles qui la perpétuent d’une main de fer, mères et belles-mères pour ne pas perdre leur pouvoir et celles qui plus éduquées, telle la journaliste Médina, se servent parfois de son rejet justifié pour couvrir des décisions personnelles qu’elles ont du mal à assumer, celle-ci face à son mari, Samater, homme moderne, Ministre des Constructions du pouvoir en place, mais lâche et sans envergure et complètement fourvoyé face à sa mère Idil, trempée dans l’esprit pur et dur des rites ancestraux somaliens et l’Islam. Dans Sésame ferme-toi, un vieillard, Deeriye, musulman pieux arrivé au terme de sa vie en dresse le bilan tourmenté et en cherche le sens en rembobinant tous les évènements qui ont façonné la Somalie actuelle, depuis son emprisonnement dans les geôles colonialistes italiennes et anglaises, puis dans celles d’après l’Indépendance.
Exils nous ramène dans la Mogadiscio actuelle, extirpée de son oubli en 2010 par les médias suite aux attentats de Kampala, attribués à la milice islamiste somalienne Shebab, et devenue le centre le plus actif de ventes d’armes de toute l’Afrique subsaharienne. Jeebleh, qui vit douillettement depuis vingt ans à New York, a perdu le mode d’emploi de cette Somalie déchirée par les seigneurs de la guerre, les chefs de clan maffieux, qui profitent du chaos politique provoqué par la chute de Siyad Barre, puis par les interventions américaine (1992-1993) et éthiopienne (2006-2009) pour capitaliser, par la terreur, la misère. Pour n’importe quoi, un geste esquissé, un regard mal interprété, un mot mal compris et même par jeu du tir au pigeon, vous pouvez être descendu. Tout se vend, tout s’achète, tout se négocie, tout a son prix, même l’air que vous respirez. Se recueillir sur la tombe de sa mère, renouer avec son ami d’enfance Bile qui a été emprisonné et torturé durant de longues années dans les geôles du Tyran, comme il l’appelle, retrouver la petite Raasta, kidnappée pour des raisons mal élucidées et qui restent plus que confuses pour le lecteur, n’est qu’un prétexte à une métaphore où la nostalgie d’une Somalie qui n’existe plus, le dispute à une autre, qui n’existe pas encore, celle dont rêve Nuruddin Farah, une Somalie réconciliée grâce aux femmes.
Territoires est un dialogue à deux voix entre Askar, l’enfant doublement marqué par la mort de sa mère morte en couches, et un jour avant sa naissance celle de son père, combattant du Mouvement de Libération de la Somalie Occidentale, décédé en prison, et le narrateur qui devient le conteur de cette vie, en usant du tutoiement épistolaire. L’un et l’autre raconte Misra, la servante éthiopienne parlant l’amharique, qui l’a recueilli et élevé, leur relation symbiotique de chair à cœur, l’étrange maturité de cet enfant au regard de voyant, qui sent plus qu’il n’observe, qui rêve et médite sur le monde qui l’entoure, cherchant à y lire, plutôt qu’à y tracer sa destinée. Les territoires psychiques, ceux de l’imaginaire et de la réminiscence, du mensonge et de la mémoire sélective, de la sensualité et du souvenir, heureux ou mélancolique, s’entremêlent avec les territoires physiques, celui du sang, des liens qu’il tisse ou non d’une part entre les êtres, d’autre part avec le monde, celui du giron maternel, prémices palpables d’un ancrage plus vaste et plus fuyant avec la terre qui a vu naître Askar, la Somalie. Chassé de l’Ogaden par l’armée éthiopienne, Askar qui a sept ans, l’âge de la circoncision, est recueilli par son oncle Hilal et sa femme, qui vivent à Mogadiscio. L’enfance se termine, une longue quête identitaire commence. Ouvrage autobiographique, souvent labyrinthique voire schizophrénique,Territoires met en scène tous les territoires de la douleur, le corps mutilé de Misra soupçonnée d’avoir trahi le peuple qui l’a recueillie, figurant la partition de la Somalie. Mais là encore, les réflexions réitératives et les multiples métaphores étouffent l’allégorie et rendent sa lecture quelque peu fastidieuse.
Malgré ces critiques de la forme plus que du fond, ce qui est remarquable chez Nuruddin Farah est son honnêteté. Il ne verse pas comme d’autres dans la condamnation obsessionnelle du colonialisme comme explication à tous les maux qui submergent actuellement la Somalie en particulier, l’Afrique ou bien des pays du tiers-monde en général. S’il faut reconnaître au colonialisme une part de responsabilité pour avoir saigné à blanc ces pays, leurs colonies, au bénéfice des intérêts de l’hégémonie occidentale, il n’explique pas ni ne justifie le chaos qui y est à l’œuvre aujourd’hui. L’inertie des peuples est aussi fruit de leurs entrailles. Ils sont aussi coupables de leur propre désastre et y collaborent par leur laxisme dans l’attente d’un assistanat, humanitaire ou non, venu d’ailleurs (thème de Dons).
Le constat que dresse Nuruddin Farah, qu’il concerne le statut cassé de la Femme considérée par l’homme comme un être inférieur, soi-disant par essence divine ou karmique convenue et confortable, sur lequel il a tout pouvoir dont il use et abuse, semant la mort à plein pot autour de lui comme autant de vies que la femme, elle, préserve douloureusement, ou qu’il concerne le joug de la tradition, des rites ancestraux et de la morale religieuse dont toute déviance porte en elle la menace d’être excommunié du groupe, voire d’y perdre la vie, n’est pas spécifique à la Somalie. On le voit, le sent, on le subit et le vit dans d’autres pays et continents traversés et d’une manière plus soft, tout cela plaque aussi son obscurité sur notre modernité. Il suffit de songer, sans remonter aux siècles passés où il était plus visible et triomphant, à cette parité tronquée qui place les mâles aux postes-clefs de pouvoir, à la morale judéo-chrétienne qui nous imprègne de façon quasi tissulaire, à notre conscience bien pensante à vingt cinq vitesses qui se bat les couilles de pratiquement tout ce qui n’entame pas son confort et n’opprime pas son pouvoir d’achat et laisse commettre en silence l’inacceptable. Au fond, tout dépend de quel côté du manche on se trouve…
Mélanie Talcott
(1) et (2) Sardines, p.55 et p.41 : ce roman regorge de métaphores, fort bien analysées par Laurence Jay-Rayon, mais dont le lecteur lambda ne possède pas les clefs et il est dommage que l’on doive saisir toutes les subtilités d’un texte, avec un mode d’emploi. Précisons, en outre, que Nuruddin Farah écrit en anglais.
Nuruddin Farah est né en 1945 à Baidoa, dans le Somaliland alors occupé par les Britanniques. Mais il a été élevé dans l’Ogaden, région frontalière qui appartient maintenant à l’Éthiopie. Sa mère, Fatuma Aleeli, était poète de tradition orale. Le somali n’étant pas codifié avant 1972, Farah a fait ses premières classes en arabe et en amharique, langue officielle de l’Éthiopie. À l’adolescence, il est inscrit dans une école chrétienne évangélique. Puis il part à l’université Panjab à Chandigarh, en Inde, se marie avec une Indienne dont il aura un fils, Koshin, qui a aujourd’hui une trentaine d’années et vit à Detroit (États-Unis). Le couple est divorcé. Après l’université, Farah devient instituteur puis lecteur à l’université nationale de Somalie. Interdit de séjour dans son pays, de 1976 jusqu’en 1991, Farah vit aujourd’hui en Afrique du Sud, avec sa femme, Amina Mama, nigériane, directrice d’un institut d’études sociologiques. Ils ont un fils, Kaahiye, et une fille, Abyan.
Bibliographie :
Née de la côte d’Adam, trad. G. Jackson. Hatier, 1987. J. Bardolph pour l’édition du Serpent à plumes, 2000 ; Du lait aigre-doux, trad. C. Surber. Genève, Zoé, 1995 ; Sardines, trad. C. Surber, Genève, Zoé, 1996 ; Sésame, ferme-toi, trad. C. Surber, Genève, Zoé, 1998 ; Territoires, trad. J. Bardolph, Le Serpent à plumes, 1994 ; Dons, trad. J. Bardolph, Le Serpent à plumes, 1998 ; Secrets, trad. J. Bardolph, Le Serpent à plumes, 1999 ; Hier, demain. Voix et témoignages de la diaspora somalienne, trad. G. Cingal, Le Serpent à plumes, 2001 ; Exils, Le Serpent à plumes, 2010 ; Une aiguille nue, 20 avril 2007, L’Or des fous éditeur, France
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