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Monsieur Léon, juif russe, Daniel Chambon

Ecrit par Gilles Brancati 05.05.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Monsieur Léon, juif russe, Les Éditions de Paris, avril 2014, 185 pages, 16 €

Ecrivain(s): Daniel Chambon

Monsieur Léon, juif russe, Daniel Chambon

Les Russes ont cette coutume : ils vont pique-niquer sur la tombe de leurs défunts pour entamer avec eux un dialogue. C’est ainsi que commence ce récit. L’auteur vient chercher auprès de son grand-père décédé, l’histoire de sa famille. Et Evsei-Leib Doubrovsky ne se fait pas prier pour raconter sa vie et celle de ceux qui l’ont entouré, parents, enfants, oncles, tantes, cousins…

Les juifs, en Russie, sont cantonnés dans une zone dite « zone de résidence », leurs droits sont restreints et ils sont victimes de pogroms. Comme toujours ils sont les victimes expiatoires d’une humanité sans repères dès que quelque chose va mal. Evsei-Leib, jeune homme, s’enfuit pour la France, pays d’accueil, où il sait qu’il sera accueilli par ceux qui l’ont précédé. Pour affirmer sa volonté de s’intégrer, il prend le prénom de Léon et s’engage dès le début de la Grande Guerre. Elle ne voudra pas de lui à cause de sa santé précaire et le réformera.

Il travaille comme tailleur, comme tous les autres parce que le métier s’apprend de père en fils et que tant d’autres voies leur sont interdites. C’est l’époque du sur-mesure et la naissance du prêt-à-porter. Après le décès de Rachel, sa première épouse dont il a eu un fils, Jean-Charles, la Belle Jardinière, en avance sur son époque, lui confie du travail et l’envoie à Stamboul où il rencontre Anna qu’il épouse et donnera naissance à un garçon et deux filles.

Léon meurt à 46 ans, après son fils Jean-Charles, tous deux victimes de la tuberculose.

L’intérêt de ce récit est double. Je dis récit parce qu’on peut être certain que Daniel Chambon est allé chercher l’authenticité et qu’il n’est pas entré dans la fiction. Le premier intérêt est l’histoire des juifs ashkénazes, rejetés, massacrés. Découvrir et comprendre les motivations de l’exil, la naissance du sionisme, puis après 1917, la fuite des Russes blancs face au péril rouge qui les pourchassait comme avant lui le tsarisme. Le second intérêt est plus romantique. Ils sont nombreux les personnages à force d’immigration, de mariages et de naissances, au point qu’on a parfois du mal à s’y retrouver. Au fil de la lecture, on est invité dans cette famille et on s’attache à eux.

C’est un livre à lire parce qu’il est « sans tambour ni trompette » l’histoire d’un peuple par la narration de l’histoire d’une famille. Ce n’est jamais plaintif, revendicatif ou haineux, c’est même souvent écrit avec une pointe d’ironie. Je pense même que c’est un livre que je relirai. Le seul reproche que je peux formuler c’est le choix d’une couverture qui n’est pas séduisante.

 

Gilles Brancati

 


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A propos de l'écrivain

Daniel Chambon

 

Daniel Chambon est le petit-fils de Evsei-Leib Doubrovsky, né en 1882 à Tchernigov. En 1941 ses parents fuient les lois anti-juives en se réfugiant dans la Sarthe. A 12 ans il prend conscience de ses origines juives.

 

A propos du rédacteur

Gilles Brancati

 

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Rédacteur

 

Un peu égaré dans le conseil en développement d’entreprises par nécessité, aujourd’hui retraité (et donc disponible) depuis deux ans, je reviens vers ce que je n’ai jamais totalement quitté, la littérature.  Avec, en plus de lire, la joie d’écrire moi-même.

Un premier recueil de 4 longues nouvelles sortira en librairie au premier trimestre 2013: « Le passé immédiat » aux Editions Kirographaires. Il s’agit dans ce livre de récits dans lesquels une fiction du  présent se mêle aux réels évènements du passé.

Auteur de Vent Violent et de Frères Humains chez Chum Editions. A paraître : Le mas des Augustins