Mère (3), par Didier Ayres
Que disais-tu tout à l’heure ?
Je parlais de la maison.
C’est au milieu du thorax.
C’est une question de pression artérielle.
Une altération de l’unité corporelle.
Qui se transforme en affection chronique, tout le monde le sait.
Je connais le milieu hospitalier.
Les affections psychiques ?
Le milieu psychiatrique.
Et puis, le monastère a été inquiété à Annecy à cause des hospitalisations successives des moines.
Elle s’est autodétruite, si tu veux.
La Bardot brune.
Tu te rappelles la photographie ?
Le chignon. Cette mode 60.
Quelque chose de relatif à Roland Barthes ?
C’est elle qui ne savait pas.
Le dernier livre sur la photographie, et qui met en colère notre ami de Nîmes.
Tu connaissais les effets secondaires des benzodiazépines ? Moi, je les ai ressentis. Par exemple, un jour, je conduisais sur une route secondaire en direction de Limoges, et d’un coup je ne savais plus où j’allais. La voiture roulait et j’étais comme pris par le silence, le blanc, plus de mémoire. Et parfois c’est la même chose avec un nom, surtout celui de mes proches, qu’il est impossible d’oublier.
Elle a quitté Roissy !
Tu lui donnes le bonjour.
Tu vois, j’étais hanté par cette image, cette chambre que je ne connais pas, mais qui garde pour moi une sensation de mort affreuse ; elle, étendue sur le lit, le chat affolé et tétanisé sous le lit, l’odeur, et cette ampoule qui, seule, donnait l’impression que quelqu’un avait vécu. Avait été en vie à un moment donné.
Un mouvement intérieur si tu préfères.
C’est triste ce morceau.
Schubert. Le Schubert de Kathleen Ferrier.
C’est la vérité.
Pas de musique triste. On a dit, rien de triste. La tristesse, c’est pour un autre jour.
Mais, c’est Romantique. La nature. La profondeur. Le ciel.
Ce n’est que l’embryon de ce que va devenir Debussy. Le Clair de lune.
Didier Ayres
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