Lundi propre, Guillaume Decourt (par Philippe Leuckx)
Lundi propre, Guillaume Decourt, La Table Ronde, mars 2023, 88 pages, 14 €
Edition: La Table Ronde
Un douzième recueil depuis 2011 pour ce jeune auteur, tout entier écrit en vers rimés, des dizains. Soit soixante-dix poèmes où les rimes, les enjambements, les rejets, le peu d’images se construisent avec une artificialité qui n’est pas toujours voulue :
L’heure est venue d’aller tuer un ours
Il est temps que je grandisse d’un coup
Je m’en vais je vous embrasse beaucoup
C’est accompagné d’une femme rousse
(…)
(p.39)
Les thèmes aussi convoquent des voyages improbables, des séjours en Grèce, le berceau de jumeaux, des visites à Disneyland, de l’exotisme des noms aux rencontres hasardeuses en plein Athènes.
Pour le reste, dans une compilation assez désarmante, l’auteur, sans jamais recourir aux images, se fiant à une prose simplement versifiée, note des banalités, des atmosphères, emprunte le parler d’aujourd’hui à force de mots anglais ou d’anglicismes, « baroudeur de carte postale » comme il se nomme, il baguenaude d’ici, de là, « lundi propre… jour du poisson » ou à d’autres occasions.
Sous l’influence massive d’un Cliff, par exemple, le poète taille dans le réel de lourdes phrases « qui se moquent de la littérature », sans doute.
Le lecteur patient ira jusqu’au bout de l’exercice de style – qui consiste ici à envelopper de mots des champs entiers de prospection un peu vaine.
Les rimes peuvent faire marrer les puristes (coco – Rocco/ privilèges – neige/ Elvire ? – pire), les rythmes les amateurs de prosodie.
Voilà exactement le genre de poésie, qui se donne de grands airs pour de pauvres radis semés sous les tropiques.
Les singularités voulues ne m’ont guère emballé et je suis sceptique pour ce retour à la rime et à la forme contrainte.
Hélas.
Philippe Leuckx
Guillaume Decourt, poète français, est l’auteur, entre autres, de : Un ciel soupape ; Un gratte-ciel, des gratte-ciel.
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