Les rêveuses, Frédéric Verger
Les rêveuses, août 2017, 448 pages, 21,50 €
Ecrivain(s): Frédéric Verger Edition: Gallimard
En mai 1940, les armées de Hitler écrasent la France. Et le lecteur se demande comment va pouvoir s’en tirer le héros du livre. Ayant déserté son pays, il a emprunté l’identité d’un mort et est devenu soldat dans l’armée française. Fait prisonnier, il est néanmoins libéré et reconduit dans sa famille supposée… Dès lors la vérité du récit va devoir composer avec une suite de recommencements et de ruptures là où les rêveuses vont prendre tout leur sens ?
Sortant le lecteur de ses pressentiments, Verger crée une imagerie où le psychologisme devient secondaire. Le roman s’anime entre conscience attentive et forte vigilance mobile à une firme de roman d’éducation pour celui qui pensait être protégé par sa personnalité d’emprunt. L’existence qu’il a prise lui est restituée selon des lignes qui n’ont rien de directrices. Preuve que l’identité première reprend place parfois face à celle qui a sauvé le héros. Deux mouvements s’inscrivent dans l’espace livresque dans un jeu de double disparition qui aurait fasciné Blanchot.
En effet à sa manière, Siderman devient un nouvel avatar de Thomas l’obscur. Tout ce que le héros pouvait supposer par son goût de l’espoir trouve dans les rues et sur les routes non une odeur de cendre mais des parfums qu’il ne soupçonnait pas. Entre contrainte et enchantement, le livre, porté par un grand mouvement, séduit autant par sa langue que par l’imaginaire. Il est aussi exaltant par une absence de centre puisque rien ne permet au héros de conjurer, entre tragique et merveilleux, ce qui lui promettait son nouveau nom et sa nouvelle figuration.
Jean-Paul Gavard-Perret
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