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Les Petites Personnes, Anna-Maria Ortese

Ecrit par Philippe Leuckx 09.05.17 dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais

Les Petites Personnes, janvier 2017, trad. italien Marguerite Pozzoli, 352 pages, 23 €

Ecrivain(s): Anna-Maria Ortese Edition: Actes Sud

Les Petites Personnes, Anna-Maria Ortese

 

Ce livre, constitué de nombreux articles, est un vrai chant d’amour à la « dignité animale » si souvent battue en brèche par l’homme.

La thèse, très argumentée de cet essai, est que l’homme eût dû davantage faire confiance à sa vraie nature d’homme au lieu de passer son temps à blesser, annihiler, torturer, détruire ces « petites âmes », ces « petites personnes », fruits comme lui de la création.

De la chasse à la vivisection, en passant par la cruauté imposée, l’auteur passe en revue les nombreuses atteintes à l’animal, au détriment de la nature et de son respect, au profit du seul être dominateur de la création.

Sensible à la « douleur des animaux », à la grâce qui les habite (quelles belles pages pour honorer le chien, ce compagnon de l’homme), au « visage » que possède tout animal, Ortese nous implique dans ce phénomène de société, où la bestialité de l’être humain le dispute à l’ignorance et à la domination sans bornes.

Condamnant les élevages intensifs, les expériences de la laboratoire, la chasse au profit, elle n’est pas loin de considérer le combat de Brigitte Bardot comme une rare volonté de protéger l’espèce animale, elle la surnomme « reine de France ».

Dotée d’une sensibilité morale, l’auteure italienne assiège l’homme vivant, du haut de sa domination, quand il s’agirait de plaider pour un échange heureux de toutes les espèces sur la planète.

Elle dénonce les pratiques – survivances de la superstition – qui sont devenues objets culturels, corridas et autres  destructions d’animaux lors de processions ou de fêtes.

Sa voix, magistrale, s’élève contre tous les abus dont la bête a fait les frais, depuis le début de l’humanité, au détriment de la sagesse, de l’unité harmonieuse, de la beauté.

L’homme, en effet, en reconnaissant que les animaux ont aussi un visage (deux yeux parfois suprêmement beaux et bons, un nez, une bouche et un front), admet implicitement que les animaux sont ses frères, voire de simples « ancêtres » qui cohabitent aujourd’hui avec son histoire… (p.145)

Je veux le dire une fois pour toutes : l’horreur de ce qui est infligé quotidiennement aux animaux… dépasse de loin toutes les horreurs que l’homme a expérimentées sur ses semblables (p.240).

Il manque à l’homme l’intelligence vraie de la vie, non pour lui seul, mais pour toute la création, toutes espèces confondues.

Le titre de l’ouvrage montre à quel degré de civilisation l’auteur entend placer ces « petites » créatures, au même rang que les êtres pensants, puisqu’ils souffrent comme eux.

L’ouvrage inquiète, bouleverse, remue, déconcerte et porte sa réflexion très loin : avons-nous le droit de porter ce titre d’humains si nous persistons à si mal défendre la cause animale ?

Ce livre, magnifique, d’une écriture si précise et si littéraire cependant, profite d’une traduction exemplaire de Madame Pozzoli.

Un livre qui marquera. Sans aucun doute. Et qui relancera des débats utiles sur la question animale.

 

Philippe Leuckx

 


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A propos de l'écrivain

Anna-Maria Ortese

 

Anna-Maria Ortese est née en 1914 et décédée en 1998. Grande écrivaine italienne, de la trempe de Morante. Elle est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, presque tous traduits en français. On peut citer L’iguane, La mer ne baigne pas Naples, La lune sur le mur, Le port de Tolède, etc.

 

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...